Uber Eats devant la justice : “À force de pressions, on espère qu’ils vont enfin respecter la réglementation sur les données”

Un procès visant la société Uber Eats s’ouvre ce vendredi.

Seize travailleurs, avec l’aide de différents organismes, attaquent la multinationale américaine en justice. Ils la soupçonnent de ne pas respecter le Règlement général sur la protection des données européen (RGPD). Du jour au lendemain, certains d’entre eux se sont vus déconnectés de la plateforme et empêchés de continuer à travailler pour l’entreprise.  L’entreprise leur faisant part d’un “non-respect des conditions générales”, sans autre explication.

Concrètement, les plaignants reprochent à la plateforme de ne pas leur communiquer toutes les données en sa possession. Ils critiquent également des décisions automatisées, sans vérification humaine, pour la déconnexion de compte. Ces deux manquements potentiels au RGPD peuvent porter un grave préjudice aux personnes concernées, dans un secteur précaire et peu rémunéré.

Manque de lien humain

Si Uber Eats affirmait fin novembre dernier que l’accès d’un coursier à la plateforme fait “toujours l’objet d’un examen humain rigoureux“, les livreurs pointent toutefois l’impossibilité de communiquer quant à ces décisions. “S’il réagit, le travailleur reçoit, au titre de ‘révision humaine’, un mail confirmant le plus souvent la décision déjà prise. Cela, sans jamais avoir l’occasion de parler à un interlocuteur ni de connaître précisément ce qui lui est reproché, ni encore de donner sa version des faits“, déplorent les ONG et syndicats qui soutiennent ce recours.

Ces situations “d’hyper-surveillance” sont véritablement “kafkaïennes”, ajoutent-ils. “Parfois, une batterie plate au mauvais moment suffit à ce que le système suspecte une fraude et élimine définitivement le travailleur.” Pour les requérants, il est temps que cela “cesse”. “Quel que soit leur statut, ce sont des travailleurs et ils ont des droits, à commencer par celui au respect“, insistent les organisations.

Pressions sur Uber

À l’occasion de l’ouverture de ce procès, une manifestation a lieu au même moment sur la place Poelaert en soutien aux 16 travailleurs concernés.

Aux Pays-Bas, Uber a été condamné à plusieurs millions d’euros d’amende pour ne pas avoir respecté la règlementation sur les données“, explique Camille Peeters, membre du CIEP-B et de la Maison des livreurs. “On se dit qu’à force de pressions, la plateforme devra respecter la règlementation sur les connexions et donner un cadre humain aux livreurs pour pouvoir se défendre.”

Ça, c’est pour le volet général, pour l’ensemble du secteur. Pour ce qui est des travailleurs actuellement concernés par le procès, les manifestants “espèrent avant tout qu’ils soient reconnectés et qu’ils puissent continuer à travailler.

En parallèle de cette procédure judiciaire, une plainte a également été déposée devant l’Autorité belge de protection des données.

  • Une interview de Camille Peeters, de la maison des livreurs, au micro de Romain Vandenheuvel