Tanguy Struye : “L’Europe a été très naïve”
Tanguy Struye de Swielande, professeur de relations internationales à l’UCLouvain et chercheur au Centre des crises et conflits internationaux affirme que les rétorsions économiques européennes ne changeront rien au sort des Ukrainiens.
Sur l’aspect économique du conflit entre la Russie et l’Ukraine, on parle de rétorsions, de blocages de la part de l’OTAN. Les prix du gaz ont augmenté de 40 % aujourd’hui. Peut-être un embargo sur un certain nombre de produits russes. Mais pour Tanguy Struye, invité dans +d’Actu, Poutine est bien parti pour s’en prendre à l’Ukraine.
“Les sanctions économiques qu’on va imposer pourront éventuellement toucher l’économie russe à un certain moment. Mais il ne faut pas oublier que l’économie russe est beaucoup plus résiliente qu’en 2014 quand les premières sanctions ont été imposées. Ils ont 550 milliards d’euros de réserve. Ils ont d’autres partenaires économiques comme la Chine et la Chine ne va certainement pas participer aux sanctions économiques“.
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Le professeur de l’UCLouvain regrette une aide tardive aux Ukrainiens. “C’est très bien de viser la Russie, mais ce qu’on aurait dû faire, c’était évidemment aider les Ukrainiens, car finalement, le sort des Ukrainiens ne changera pas avec les sanctions économiques.” Une faute européenne.” Au niveau de l’Europe, on a été très naïfs, on est incapable d’anticiper, d’avoir une bonne connaissance des questions géopolitiques et géoéconomiques internationales” regrette Tanguy Struye.
L’intervention militaire de Vladimir Poutine est intervenue au milieu des négociations. “On peut se poser la question de la volonté de la part des Russes de négocier avec les Européens, l’OTAN, l’Ukraine sur une sécurité niveau européen“.
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Un conflit prévisible, mais un avenir incertain
“Depuis décembre, le discours de Poutine est devenu beaucoup plus agressif, on avait vu un déploiement de 200 000 hommes autour de l’Ukraine, ça semblait très clair qu’il y aurait une invasion dans les mois à venir, la question était de savoir quelle ampleur elle allait être” confie le chercheur.
Quant à l’avenir du conflit, il reste incertain. “On n’est jamais à l’abri de débordements, on n’a aucune garantie que le conflit se limite à l’Ukraine. Quand un conflit commence, on sait où et quand il commence, on ne sait jamais comment il va terminer, cela devient incontrôlable.“
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Un scénario possible est aussi que la résistance ukrainienne terrestre soit plus importante que ce que prévoient les Russes. “Même si la guerre conventionnelle devrait être gagnée facilement par Poutine, on pourrait avoir une guerre qui se transforme en guérillas“avance Tanguy Struye. “Il y a cette idée qu’ils veulent rentrer dans Kiev pour changer le régime démocratique et instaurer un régime qui sera à la botte de Poutine. On peut imaginer des gens venant du Donbass qui dirigeraient l’Ukraine dans les années à venir.“
► Retrouvez en intégralité l’interview de Tanguy Struye de Swielande
■ Anaïs Corbin / Une interview de Fabrice Grosfilley