Soins intensifs : la situation s’améliore (presque) partout, mais la prudence reste de mise
Dans les unités de soins intensifs dédiés au Covid, la situation s’améliore.
C’est un cap important qui vient d’être passé : avec 491 patients atteints du coronavirus hospitalisés dans des services de soins intensifs, à travers le pays, les hôpitaux passent donc sous la barre des 500. Cet objectif avait, en effet, été fixé par les autorités pour permettre le large déconfinement prévu le 9 juin.
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À Bruxelles, la situation s’améliore presque partout : dans la quasi-totalité des hôpitaux que notre rédaction a contacté ce matin, on confirme qu’on se dirige vers un mieux. Ainsi, en Région bruxelloise, on compte aujourd’hui 93 patients aux soins intensifs Covid, contre 136 il y a un mois, jour pour jour : soit, une diminution de 42%.
Ceux où ça va mieux…
La plupart des hôpitaux bruxellois nous signalent aujourd’hui une amélioration certaine de la situation dans leurs soins intensifs. Ainsi, au CHU Saint-Pierre “on voit une diminution. On avait mis en place un plan de désescalade, et nous avions donc anticipé cette amélioration. Résultat, cela fait un petit temps que nous rattrapons le retard au quartier opératoire, avec des délais loin d’être dramatiques. Et dans les étages, une unité Covid est désormais devenue une unité mixte, qui accueille d’autres patients atteints de maladies infectieuses“, explique leur porte-parole, Alexia Argyrakis.
Une situation semblable existe aux Cliniques de l’Europe : “on suit la même tendance que le reste de Bruxelles. On a déjà pu rouvrir certaines unités “classiques” qui avaient été fermées. Car lorsqu’on devait ouvrir une unité Covid, on devait en fermer deux autres pour mobiliser le personnel“, précise Jennyfer Doria Tilleux, responsable du service de communication.
Du côté de l’UZ Brussel, à Jette, on compte aujourd’hui 13 patients Covid aux soins intensifs, contre 23 il y a un mois. Selon Karolien Deprez, la porte-parole du centre hospitalier flamand, “on a connu une baisse ces derniers jours, surtout hier. Cela fait du bien. Au niveau des décès, cela s’est également stabilisé, et on n’en a plus eu depuis quatre jours. On compte actuellement moins de 40 patients Covid dans tout l’hôpital. Maintenant, il faut attendre quelques jours pour que la tendance se confirme, et ensuite on pourra commencer à penser à davantage de perspectives, en faire un peu plus au niveau du bloc. On espère avoir une idée plus claire la semaine prochaine“.
La situation s’améliore aussi à la Clinique Saint-Jean, au centre-ville de Bruxelles, où “cela fait deux jours où nous n’avons plus eu de nouvelle admission Covid. Malgré tout, il reste toujours des cas Covid lourds dans nos soins intensifs, là ça ne diminue pas encore. Quant à une reprise, on reste prudent, et on ne reprend pas tout comme avant en raison de ces cas lourds. L’amélioration est positive, mais on reste prudents“, précise la porte-parole de l’institution, Florence Feys.
Enfin, on assiste également à une baisse significative du nombre de patients hospitalisés aux soins intensifs suite à un Covid, ces derniers jours, du côté des Hôpitaux Iris Sud. “On a actuellement 3 patients hospitalisés aux soins intensifs, ce qui est très peu par rapport à la situation de la semaine passée : le lundi de Pentecôte, on était à 8 patients, et le lundi précédent, on était à 10 patients hospitalisés. Il y a eu une chute importante en deux semaines. Ce qui n’empêche pas que plus de 50% des lits en USI sont occupés, par des patients non-Covid“, explique le Pr Philippe Peetrons, médecin-chef ad interim des Hôpitaux Iris Sud, “On va pouvoir reprendre une activité quasi-normale. Sur Bruxelles, on devrait recevoir très vite une lettre nous disant qu’on peut passer en phase 1B (…) ce qui veut dire qu’il n’y a plus de restriction quasiment sur le bloc opératoire, la seule restriction reste sur le personnel“.
Interview du Pr Philippe Peetrons, médecin-chef a.i. des Hôpitaux Iris Sud
… et ceux où une amélioration se fait attendre
Mais tandis que certains hôpitaux peuvent enfin souffler, et envisager la suite, d’autres sont dans une situation beaucoup plus compliquée. Ce serait notamment le cas au CHIREC : nous n’avons pu obtenir confirmation de leur part, mais le Pr Philippe Peetrons nous indique que le CHIREC est le dernier hôpital du réseau ULB à être au dessus des 50% d’occupation, contre 30% ailleurs.
De même, la situation est encore compliquée aux Cliniques Universitaires Saint-Luc : “On a encore actuellement 21 patients, un nombre important, aussi important qu’il y a un mois. Car on a des patients sous assistance circulatoire, et qui ont des très longs séjours : ça ne se chiffre pas en semaines, mais en mois. La situation est un peu figée, il n’y a pas eu vraiment de nouvelles admissions récemment, quelques unes, mais surtout de longs séjours liés aux profils des patients que nous avons reçu. Ce qui explique que nous ayons une charge plus importante que dans d’autres réseaux“, explique le Pr Pierre-François Laterre, chef des soins intensifs.
Interview du Pr Pierre-François Laterre, chef de service des soins intensifs aux Cliniques Universitaires Saint-Luc
Notre reportage
■ Reportage d’Arnaud Bruckner et Stéphanie Mira