Plus que deux fournisseurs d’énergie disponibles à Bruxelles pour les nouveaux clients

À Bruxelles, Bolt et Luminus n’acceptent provisoirement plus de nouveaux clients. Il ne reste plus qu’Engie Electrabel et TotalEnergies.

Les Bruxellois qui souhaitent conclure un nouveau contrat de livraison de gaz et d’électricité n’ont plus énormément de possibilités. Désormais, seules deux entreprises sont encore actives sur le territoire régional. La concurrence a quitté la capitale en raison d’un marché trop compliqué.

Bolt a fait savoir mercredi qu’il n’acceptait provisoirement plus de nouveaux clients à Bruxelles. Cette interruption vaut également pour la Wallonie. Les clients actuels seront cependant encore bien fournis par l’entreprise. “Les réglementations à Bruxelles ne sont pas idéales pour les fournisseurs d’énergie. Nous sommes responsables des factures impayées, donc, nous devons toujours fournir de l’énergie, mais aussi payer les coûts des réseaux et les taxes aux autorités, même si les clients ne payent pas leur facture” explique Dorien Janssens, porte-parole de Bolt. L’entreprise dit vouloir se développer sainement et fournir un bon service à sa clientèle actuelle. “Cette décision a été prise à cause des prix de l’électricité et du gaz, mais si les prix baissent, nous serons en mesure de reprendre et réévaluer la situation chaque semaine”. 

La société flamande est un très petit acteur qui existe depuis 2019 et fournit de l’énergie verte et durable. Parmi les 38 000 clients, 5 % sont en Wallonie et 10 % à Bruxelles.

Selon le site internet du régulateur Brugel, il ne resterait donc plus qu’Engie Electrabel, TotalEnergies et Luminus. Ce dernier était actif à Bruxelles via MediaMarkt. Mais Luminus elle-même confirme que ce ne sera plus le cas et qu’elle non plus n’acceptera plus de nouveaux clients.

Les Bruxellois n’ont donc plus qu’Engie Electrabel et TotalEnergies vers qui se tourner. Il y a bien Brusol EnergyVision, mais cette dernière ne livre de l’électricité qu’aux clients détenteurs de panneaux solaires. D’autres fournisseurs, comme Eneco, sont également actifs à Bruxelles dans la livraison de gaz et d’électricité, mais là encore pour des contrats existants.

Une concurrence problématique

Le régulateur régional du marché de l’énergie évoque une situation “problématique“. “Moins de fournisseurs signifie moins de concurrence à Bruxelles“, avance une porte-parole. “Nous avons déjà conseillé de rendre le marché plus attrayant.”

Selon la Febeg, la fédération des entreprises de gaz et d’électricité, Bruxelles reste un marché difficile. Les entreprises doivent en effet proposer des contrats de trois ans. Les procédures avec les mauvais payeurs éventuels sont en outre fastidieuses. Toute entité souhaitant rompre un contrat avec un mauvais payeur doit aller en justice de paix. “Et cela peut prendre facilement un an et demi“, explique le directeur général de la Febeg Marc Van den Bosch.

Julie Frère, porte-parole de Test achat, indique avoir déjà tiré la sonnette d’alarme en 2018. “Moins de concurrence signifie des prix plus élevés à Bruxelles. Aujourd’hui, une même facture Total Energie est plus chère à Bruxelles qu’en Flandre et il n’est pas exclu qu’Engie suive“.

Engie n’a de toute manière pas l’intention de quitter Bruxelles. “Engie souhaite rester active dans les trois Régions“, précise une porte-parole. “Mais Bruxelles est en effet un marché exigeant.

Des prix comparables aux autres régions

Les prix affichés dans la capitale ne sont pourtant pas fort différents de ceux pratiqués dans les deux autres Régions.

D’après des données du régulateur fédéral, la Creg, il ressort que le prix moyen de l’électricité en septembre s’établissait à 2.041 euros pour une famille bruxelloise type, sur base annuelle. C’est même meilleur marché qu’en Flandre (2.072 euros) et en Wallonie (2.245 euros).

La facture bruxelloise compte moins de frais de distribution et moins d’obligations liées aux certificats verts.

Pour le gaz naturel, la facture s’élève à 2.970 euros, légèrement plus onéreuse qu’en Flandre (2.889 euros), mais moins chère qu’en Wallonie.

Un droit fondamental selon Alain Maron

Le ministre bruxellois de l’Énergie dit dans un communiqué avoir déposé sur la table des négociations budgétaires du gouvernement une demande importante pour aider les ménages et les professionnels à honorer leurs factures d’énergie et ainsi diminuer le risque financier invoqué par Bolt. Selon Alain Maron (Ecolo), l’absence de compteurs à budget permet d’éviter que certains ménages doivent payer chaque mois leur énergie aux prix fort.

Le gouvernement bruxellois a essayé de remédier à la situation au travers de sa récente ordonnance de réforme des marchés bruxellois de l’électricité et du gaz. Elle prévoit notamment l’intervention de Sibelga comme fournisseur en dernier recours.

Pour le ministre, l’objectif poursuivi par la législation bruxelloise vise à la fois à garantir l’accès à l’énergie à toutes et tous mais aussi à promouvoir une répartition du risque lié aux mauvais payeurs qui soient plus équilibrée entre fournisseurs et le gestionnaire de réseau.

Il n’exclut toutefois pas de nouvelles adaptations du texte pour lutter contre les phénomènes d’endettement excessif tant des ménages que des fournisseurs.

Anaïs Corbin avec Belga – Photo: Belga/ Eric Lalmand

 

■ Interview de Dorien Janssens, porte-parole de Bolt