Seuls 5 dossiers des sans-papiers grévistes de la faim ont reçu un avis positif
Les sans-papiers qui avaient mené la grève de la faim cet été ont pour certains, rentrés leur demande de régularisation. Dans la grande majorité, la décision de l’office des étrangers est négative.
En tout 20 dossiers ont déjà été examinés par l’Office des étrangers et seuls 5 ont reçu une réponse positive. Dans la plupart des cas, ce sont pour des raisons médicales que les personnes ont pu obtenir leur titre de séjour.
On a pu voir sur les réseaux sociaux par exemple que le dossier d’un homme de 29 ans, arrivé à 17 ans légalement en Belgique pour rejoindre ses sœurs et qui travaille, a été refusé. Une femme de 40 ans, vivant ici depuis 12 ans avec un travail et une promesse d’embauche et pouvant prouver un ancrage durable dans le pays avec maîtrise de la langue a aussi reçu un avis négatif. Pour les représentants des 470 grévistes de la faim, c’est évidemment la douche froide. Ils ne comprennent pas ces refus à la chaîne surtout suite aux négociations qui avaient eu lieu cet été avec le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la migration, Sammy Mahdi (CD&V). Il disait vouloir donner la possibilité aux occupants de faire valoir des éléments d’ancrage, de vulnérabilité, de séjour, permettant l’octroi d’un permis A, via la procédure 9bis. Pour les dossiers les plus fragiles, la possibilité d’une protection humanitaire sur la base d’un 9ter était également sur la table.
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Aujourd’hui, force est de constater que ces éléments ne sont pas réellement pris en compte. Pour Sotieta Ngo , directrice du Ciré, l’organe de coordination pour et avec les réfugiés, il faudrait objectiver les décisions de l’office des étrangers. “On ne sait pas pourquoi les dossiers sont refusés. Tout est flou. Il est caractéristique du flou général autour de ces dossiers. C’est aussi caractéristique de l’ensemble de la situation des sans-papiers. C’est de l’arbitraire et c’est très opaque et insécurisant pour les personnes sans-papiers.”
Pas de prise en compte des éléments positifs
Le directeur de l’Office des étrangers avait lui-même dit que le fait d’avoir de la famille en Belgique ou une possibilité de travail était un élément positif pour le dossier. Or, cela n’est pas pris en compte dans la régularisation.
Au cabinet du secrétaire d’Etat Sammy Mahdi, on explique que les dossiers des grévistes de la faim sont examinés comme les dossiers des autres personnes en demande de régularisation et qu’avoir un travail n’est pas un motif de régularisation. Le permis de travail doit être demandé avant de venir en Belgique et les sans-papiers doivent passer par leur employeur. On peut donc imaginer que les réponses pour les autres dossiers seront du même ordre.
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La semaine dernière, une femme a repris la grève de la faim et c’est une crainte pour le Ciré. “Les situations désespérées engendrent souvent des actes désespérés et nous craignons une reprise de la grève de la faim dans les prochains jours, semaines.”
Les représentants des sans-papiers espèrent pouvoir reprendre des négociations aujourd’hui mais la confiance est en tout cas rompu entre eux et les autorités belges.
■ Interview de Sotieta Ngo, directrice du Ciré par Vanessa Lhuillier
Photo: Belga/Laurie Dieffembacq