Rue de la Loi : la discrétion, il y a des lieux pour cela (J+5)

« L’objectif est de travailler dans la discrétion ». Sous-entendu, n’attendez pas d’autres commentaires de ma part. C’était le message de Didier Reynders à sa sortie du Palais jeudi après-midi, quelques minutes après qu’il eut été désigné informateur en tandem avec Johan Vande Lanotte.

Dans la discrétion, cela veut dire que vous n’entendrez plus les informateurs avant au moins le 6 juin, date de leur prochain rapport au roi, et qu’ils vont essayer  de mener leurs réunions de travail à bonne distance de la presse. Fini les rendez-vous où cameramen et photographes attendent à la porte pour dresser un état des lieux, heure par heure, de l’avancée des débats.  Dans les prochains jours vous ne devriez donc pas savoir qui a été reçu, de quoi on a discuté et encore moins les hypothèses de coalition que les informateurs tentent (ou pas) de tester. On a bien vu que la moindre maladresse de communication pouvait crisper tout le monde et compliquer une situation déjà pas simple.

Pour que ce travail d’information permette réellement d’éclairer la situation il faut donc le mener dans l’ombre et trouver un lieu qui soit inaccessible aux journalistes. Traditionnellement, les informateurs et les formateurs s’installent au parlement fédéral. C’est un bâtiment où ils peuvent bénéficier de nombreuses commodités, des huissiers, les traducteurs, des juristes sont sur place. Les experts du 16 rue de la loi , les ministres, les chefs de groupes et leur collaborateurs parlementaires peuvent aussi y accéder facilement et en toute discrétion.

L’autre avantage du parlement réside dans ses  entrées multiples. L’entrée officielle (place de la Nation, sur la Rue de la Loi), mais aussi l’entrée arrière, rue de Louvain, avec la porte du Sénat, celle de la Chambre. On peut aussi y accéder par le parking ou par la maison des parlementaires. Bref, on peut réussir ici à se cacher si on le souhaite vraiment. Mais ce n’est pas la seule option. Les négociateurs peuvent aussi s’installer dans un cabinet ministériel ou un bâtiment géré par un ministère, le palais d’Egmont, qui  dépend des affaires étrangères par exemple ou Val Duchesse, sur la commune d’Auderghem autre exemple. Tous ces lieux ont donc déjà servi à dénouer quelques crises. On ajoutera qu’aujourd’hui, avec WhatsApp ou d’autres techniques de vidéo-conférence, la réunion physique des protagonistes n’est même plus une obligation.

Pour passer inaperçu, il est même possible de quitter Bruxelles. En 2005, Guy Verhofstadt avait emmené les négociateurs au château de Leembeek, sur la commune de Hal. Une autre fois c’était chez des amis, dans une villa de la périphérie. En 2010, Elio Di Rupo et Bart De Wever s’étaient retrouvés à Vollezele, près de Ninove dans le brabant flamand, dans une demeure qui accueille habituellement des écrivains subsidiés par la communauté flamande. Tous ces lieux secrets ont un point commun : ils n’ont pas permis d’aboutir à des accords. Et ils ne sont, du coup, jamais entré dans l’histoire.

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31 mai 2019 - 12h02
Modifié le 31 mai 2019 - 16h34