Question Médias: le slow journalisme a-t-il le vent en poupe?

Céline Gautier (Médor), Aurélie Moreau (journaliste et auteur d’un web-documentaire en Irak), Jean-Pierre Borloo (coordinateur du Fonds pour le journalisme de l’Association des journalistes professionnels) et Gaël Bournonville (revue Appren-tissages) étaient ce lundi 5 mars les invités de “Questions médias”.

Pour obtenir une information de qualité et nuancée, il faut savoir prendre son temps: tel était notamment un point de vue partagé par les quatre invités de Questions médias. Ceux-ci sont venus expliquer sur le plateau le type de journalisme qu’ils ont choisi de pratiquer, qui consiste à prendre le temps nécessaire pour faire un travail de qualité et qui porte un nom: le slow journalisme. “Chez Médor, on a plutôt l’ambition de faire un journalisme assez classique et de revenir aux fondements du journalisme et ce qu’il aurait toujours dû être. C’est-à-dire ne pas tomber dans cette course effrénée contre le click ou l’info rapide”, explique Céline Gautier.

Pour Jean-Pierre Borloo, le slow journalisme est en train de renaître. “Il renaît justement grâce à certains médias, comme ceux autour de la table et d’autres encore. Et il renaît aussi car on a maintenant des moyens à offrir aux journalistes pour qu’ils puissent prendre le temps d’aller au fond des choses. Le fonds pour le journalisme existe depuis fin 2009. Cela fait quelques années maintenant qu’il distribue des bourses tous les trois mois aux journalistes. Cela permet vraiment de travailler autrement et de faire un travail de fond“, indique-t-il.

Comprendre une réalité nécessite du temps

“Mon but n’était pas nécessairement de faire de l’investigation, mais en tout cas de faire mon métier correctement, dans de bonnes conditions, et aussi avec un minimum de cohérence. Et le fait d’être financé, cela nous permet vraiment de prendre aussi du temps avec les gens, d’essayer de comprendre les réalités qu’on est censé expliquer, qu’on est censé démontrer. Et ça évidemment, cela n’a pas de prix”, explique Aurélie Moreau qui a bénéficié du Fonds du journalisme pour financer sa récente immersion de plusieurs mois dans le Kurdistan irakien.

L’émission a également été l’occasion pour Gaël Bournonville de revenir sur la création d’Appren-tissages, un mook (une revue à cheval entre le livre et le magazine), dont le premier épisode est sorti en novembre. “Cela se définit par sa forme d’abord. On choisit un bon papier avec une bonne typo. Avec tout ce que ça comporte: si on veut créer un bel objet, cela va coûter cher. Sur le fond, on s’offre le luxe par exemple de pouvoir suivre une jeune fille sourde pendant un an. C’est le tissage entre l’éducation à l’école et à la maison, ce qui nous tient  fort à coeur”, indique-t-il.