Procès Encro : L’avocat de Sara B., gérante présumée d’une société-écran, plaide l’acquittement

Tribunal de police Belga Laurie Dieffembacq

Un prévenu fait état de menaces, un autre dénonce des violences policières

Abdelwahab G., l’un des dirigeants présumés d’une organisation criminelle active dans le trafic de drogue, a dénoncé mardi, devant le tribunal correctionnel de Bruxelles, des menaces proférées à son encontre par une autre prévenue dans ce procès, son ancienne compagne Souade E. H.

Ces menaces auraient été lancées lundi, à la fin de l’audience de ce méga-procès dit “Encro”, du nom de la messagerie cryptée Encrochat dont le craquage a permis de démanteler cette organisation criminelle. Selon le prévenu, il a été pris à partie par son ex-compagne avant qu’elle ne soit interceptée par un policier. “Je me demande comment elle a pu passer tous les contrôles, venir à moi et me menacer avec des ‘Tu verras’ et ‘Moi aussi je suis une voyou'”, a relevé Abdelwahab G. “Il y a quelques semaines le procureur fédéral a suspendu l’audience pour une question de sécurité. Ce qui s’est passé hier est aussi grave“, a-t-il insisté. La présidente du tribunal a assuré au prévenu que le procureur prendra les faits en mains. Elle a requis une attention particulière aux policiers. À la suite de cet échange, Ali H., intermédiaire et transporteur présumé dans le dossier, s’est levé. “Deux policiers m’ont agressé dans ma cellule et ça n’a pas été acté. Pourquoi ?”, a-t-il lancé. La présidente l’a alors invité à se calmer et a rappelé que son avocat pouvait déposer plainte pour les violences évoquées.

La défense plaide l’acquittement pour l’épouse d’un importateur de cocaïne présumé

L’avocat de Chaïmae E.B. a plaidé l’acquittement de sa cliente mardi au procès Encro, qui se tient devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. “Le parquet fédéral a requis 20 ans de prison à l’encontre de Bilal I.”, un importateur de cocaïne présumé, “et 20 mois contre ma cliente”. S’ils sont effectivement condamnés, “que fera-t-on de leurs deux petites filles?”, a questionné la défense.

Lors de son réquisitoire, le procureur fédéral a relevé que Chaïmae E.B. avait joué un rôle “limité” dans l’organisation criminelle, rendant des “petits services” à son mari. “Ma cliente est une épouse fidèle, présente. Le parquet suppose donc qu’elle était au courant des activités illicites (de son mari, NDLR), qu’elle (lui) a donné des coups de mains mais, dans notre droit, il y a une gradation entre savoir, vouloir et participer”, a rappelé la défense. Concernant le compte sur la messagerie cryptée Sky ECC attribué à la prévenue, son avocat a rappelé qu’elle en contestait l’usage. Il a toutefois choisi de plaider comme si ce compte appartenait bien à sa cliente, tout en rappelant que disposer d’un logiciel crypté “ne signifiait pas” qu’elle appartenait “à une organisation criminelle”. Les échanges sur cette messagerie n’étaient en outre pas liés à du “business”, a ajouté le pénaliste. Au sujet d’une perquisition lors de laquelle la police a découvert 15.000 euros dans une enveloppe, la défense a assuré que Chaïmae E.B. n’en avait pas connaissance, ni même des 35.000 euros trouvés dans le véhicule du père de son mari. “Ma cliente n’a pas d’argent. Elle met en vente des meubles et des articles de sport sur Marketplace”, a souligné la défense. Le procès “Encro” se penche sur une vaste organisation criminelle active dans le trafic de drogue, et mise au jour après le décryptage des messageries Encrochat et Sky ECC.

L’avocat de Sara B., gérante présumée d’une société-écran, plaide l’acquittement

L’avocat de Sara B. a plaidé mardi l’acquittement de sa cliente au procès Encro, devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. Le parquet fédéral lui reproche d’avoir servi de prête-nom pour les affaires de son frère, également prévenu dans ce vaste dossier de trafic de stupéfiants.

Sara B. avait reconnu devant les enquêteurs avoir signé des documents présentés par son aîné, en néerlandais, “une langue qu’elle ne connait pas”, a affirmé la défense. Selon son avocat, elle a manqué de prudence parce qu’elle faisait totalement confiance à son frère, Anwar B. Pour le parquet fédéral, ce dernier est membre d’une organisation criminelle active dans un trafic de cocaïne. Le trentenaire est poursuivi pour plusieurs infractions liées à ce réseau, comme le recel de documents tirés de bases de données policières, des faux en écriture pour placer des hommes de paille à la tête de sociétés-écrans, etc. Sara B. aurait, elle, servi de prête-nom à la société SRL D&S Company, dont elle a été l’administratrice.

Toutefois, selon la défense, cette entreprise n’était pas une “société paravent” comme présentée par l’accusation. “Cette sandwicherie occupait l’immeuble déclaré et l’exploitait pour vendre des produits d’alimentation.” Quand la SRL D&S Company est devenue une société de transports, Sara B. n’a plus été son administratrice. “Rien ne prouve que Sara B. était au courant des activités prétendument infractionnelles d’Anwar B.”, a assuré son avocat. Par ailleurs, la prévenue avait certes convenu en auditions connaître un certain “Monsieur M.”. Cependant, elle faisait alors référence à son médecin traitant et non à Eridan M.G., l’un des dirigeants présumés de l’organisation criminelle, a insisté son avocat. Le 7 février dernier, le ministère public avait requis 15 mois de prison, une amende de 500 euros et une interdiction de gestion de société pendant cinq ans à l’encontre de Sara B.

Belga