Prévenir le burnout parental

C’est un phénomène dont on parle peu en temps normal car tabou. Les parents qui en souffrent, éprouvent souvent un sentiment de culpabilité énorme mais le burnout parental est une réalité qu’il ne faut pas nier.

Avec le confinement, de nombreuses familles bruxelloises se retrouvent dans des petits espaces toute la journée. Pour certaines, il faut continuer à concilier vie de famille et vie professionnelle avec des enfants qui sollicitent en permanence votre attention. Les réalités sont évidemment différentes selon l’âge des jeunes mais la réalité peut être tout aussi complexe.

Afin d’aider les parents à ne pas sombrer, deux chercheuses de l’UCLouvain, Loïra Mikolajczak et Isabelle Roskam, professeures à la faculté de psychologie et sciences de l’éducation,ont publié 10 conseils. “Cette période sera ainsi particulièrement compliquée à vivre pour les personnes qui se trouvaient déjà en difficulté dans leur couple ou dans leur rôle de parents La situation risque d’être particulièrement difficile à vivre pour une partie d’entre eux”, expliquent les professeures.

La première astuce est tout simplement de se faire confiance en tant que parent. Il n’y a pas de raisons de ne pas y arriver.

Ensuite, ce n’est pas parce que vos enfants sont à la maison que vous devez passer votre temps à jouer avec eux. “L’important, ce sont les temps de qualité, c’est à dire les moments, les activités dans lesquelles tant le parent que l’enfant prend du plaisir. Il est donc parfaitement inutile de vous « sacrifier » pour faire un puzzle avec vos enfants, jouer aux barbies ou à un jeu vidéo si vous détestez cela.”

N’hésitez pas à faire preuve de souplesse. Il est possible de modifier certaines règles car la situation est exceptionnelle. On peut aussi en mettre d’autres en place. Ce qu’il faut c’est bien les expliquer aux enfants d’une manière qui corresponde à leur âge. On peut mettre des dessins, des chartes sur le frigo par exemple. Le but est de créer une nouvelle routine qui allégera le quotidien.

Mettez vos enfants à contribution sans les exploiter. Mais ces petits êtres peuvent faire des choses dans la maison. Cela les occupe et vous décharge également. Le plus simple est de faire un tableau des tâches à accomplir et des les affecter à une personne, vous y compris.

Structurez vos journées. “Ils n’ont pas l’habitude de devoir rythmer le temps. D’ordinaire, quelqu’un s’en charge pour eux à l’école et à la maison. Le risque est donc qu’ils se sentent rapidement désœuvrés, qu’ils ne sachent plus quoi faire, qu’ils papillonnent d’une activité à une autre sans aller au bout de rien, qu’ils ne semblent s’intéresser qu’à des activités passives comme regarder la télévision, que les heures de lever, de coucher et des repas se déstructurent en particulier chez les ados”, précisent les chercheuses. On peut évidemment alterner les activités actives et passives, mettre des moments avec les parents, d’autres avec les copains (de manière virtuelle évidemment), les emmener se promener… Par contre, quand le planning est établi, il doit être respecté.

Si votre truc habituellement c’est plutôt l’improvisation, alors improvisez. Faites ce dont vous rêviez. C’est le moment.

Choisissez vos combats. On le dit souvent en matière d’éducation, l’enfant parfait qui fait tout ce que vous désirez, il n’existe pas. Alors, il faut savoir choisir ses combats. Tout ne peut pas être comme vous en rêviez. Insistez sur les choses qui ont vraiment de l’importance pour vous et passez au-dessus des petites.

Renoncez à être Superpapa ou Supermaman. Cela ne sert à rien, à part à vous mettre la pression. Vous ne pouvez pas et être aussi efficace au travail et un professeur et un parent à temps complet.

Veillez sur votre conjoint. Si celui-ci est réquisitionné à l’extérieur, il travaille plus mais en même temps, le poids est  plus important pour celui qui reste à la maison. “Les études ont en effet montré que ce sont les parents au foyer qui sont les plus vulnérables au burnout parental. Il est donc crucial que celui qui est « dehors » puisse, à défaut d’aider, mesurer la pénibilité de la situation de son conjoint et lui témoigner sa reconnaissance verbalement ou par de petites attentions”, ajoutent les spécialistes.

Enfin, si vous êtes en bonne santé, dites-vous que vous avez de la chance. Discutez aussi avec vos enfants. Cela peut être une belle opportunité pour apprendre à les connaître. Et  quand vous sentez que cela monte, allez prendre l’air. Seul, cela n’est pas interdit.

Pour les parents qui ne se sentent pas bien, un site permet d’évaluer notre risque de tomber dans le burnout parental. Vous y trouverez un test ainsi que des conseils et des numéros de professionnels prêts à vous écouter.

Vanessa Lhuillier – Photo: UCLouvain