Près de 4.000 personnes présentes pour la marche contre l’antisémitisme

À 14h, aujourd’hui, environ 4.000 personnes, selon la police, ont défilé pour la marche nationale contre l’antisémitisme. Et pourtant, ce rassemblement  suscite la polémique.

Sans bannière partisane, les politiques n’ont pas manqué à l’appel. Tous les partis étaient présents, sauf le PTB qui avait annoncé son absence, jugeant l’événement instrumentalisé pour empêcher la critique à l’égard de l’État d’Israël.

Pour Ecolo, cela coule de source de lutter contre toute forme de haine et de xénophobie, dont l’antisémitisme“, a déclaré la coprésidente d’Ecolo, Rajae Maouane, à l’agence Belga. Elle affirme en outre n’avoir “aucune remarque à recevoir d’un sympathisant à l’extrême-droite“, faisant référence à Joël Rubinfeld. “Ce qu’on doit faire, en ce moment, c’est se rassembler, et non pas souffler sur les braises comme essaient de le faire certains“, a-t-elle ajouté.

Le président des Engagés, Maxime Prévot, est également venu “épauler et soutenir la communauté juive à l’heure où les actes antisémites s’amplifient“. “Notre présence n’est cependant en rien une caution à la politique menée actuellement par le gouvernement israélien“, a ajouté M. Prévot.

La polémique

Une marche qui fait suite à l’appel de trois organisations : le Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique (CCOJB), le Forum der Joodse Organisaties (FJO) et la Ligue Belge contre l’Antisémitisme (LBCA).  Mais l’initiative divise la communauté juive et la classe politique belge.

La marche se veut une réponse à la “peur” ressentie dans la communauté juive à l’égard de la recrudescence des incidents antisémites en Europe, particulièrement depuis le 7 octobre, date de l’attaque terroriste du Hamas en Israël. Des prises de parole des représentants des trois organisations sont prévues.

Depuis l’année 2000, la situation a progressivement dégénéré pour les Juifs de Belgique au rythme d’un conflit lointain de 4.000 kilomètres. Cette situation s’est traduite par la multiplication d’actes antisémites dont le plus tragique à ce jour est l’attentat contre le Musée juif, la transformation des sites juifs en véritables forteresses, la profanation de tombes juives, la désertion de l’école publique par nombre d’étudiants juifs, et le départ continu de familles juives du Royaume. Sur ces vingt dernières années, une proportion inquiétante des Juifs de Belgique est déjà partie. Les récents événements en accélèreront la cadence“, dit l’appel au rassemblement signé par de nombreuses personnalités.

En lançant son appel, M. Rubinfeld n’a pas ménagé ses critiques envers le PS, Ecolo et le PTB, allant jusqu’à accuser certaines de leurs personnalités d’emprunter les “marqueurs contemporains de l’antisémitisme” voire d’être les “principaux vecteurs de l’antisémitisme contemporain“. Il a visé notamment les hésitations de certains à qualifier le Hamas d’organisation terroriste. Les diatribes de l’ex-président du CCOJB, ex-vice-président du Parti Populaire, envers les partis de gauche ne datent pas d’hier mais l’actualité leur a rendu de la vigueur. “Cela fait 15 ans que j’essaie de provoquer un sursaut des partis de gauche. J’ai un espoir, car je connais l’ADN qui était le leur à l’époque. Ils ont cédé à une forme de calcul politique. Je voudrais qu’ils redeviennent une partie de la solution et non plus du problème“, a-t-il expliqué jeudi

Le malaise est également perceptible à l’Union des Progressistes Juifs de Belgique (UPJB). Cette organisation de gauche n’a pas été consultée par les trois autres. Or, elle se dit “en sympathie avec les trois partis” visés par M. Rubinfeld, selon l’un de ses membres, Henri Goldman. Ses membres participeront à la marche de dimanche avec l’objectif de former “un bloc antiraciste” au sein de la manifestation et porteront une banderole “contre l’antisémitisme et contre tous les racismes“. “Nous marcherons contre la haine des Juif·ves et contre la haine des Arabes, des Noir·es, des Musulman·es, des personnes migrantes”, dit un communiqué qui fustige aussi une “instrumentalisation” de la lutte contre l’antisémitisme “à des fins racistes et islamophobes“.

Avec Belga.

■ Un reportage de Perrine Hubinon, Gauthier Flahaux et Stéphanie Mira