Près de 20 tracteurs au square de Meeûs, d’autres devraient arriver cette nuit

Une vingtaine de tracteurs sont campés au square de Meeûs, situé à proximité de la place du Luxembourg, a confirmé mardi matin la police bruxelloise, toujours présente sur place. Alors que plusieurs agriculteurs sont arrivés à Bruxelles dans la nuit de lundi à mardi, d’autres devraient très probablement rejoindre le cortège d’ici cette nuit.

Un braséro improvisé a pris ses quartiers dans le square, facilitant les conditions du campement de fortune des 19 agriculteurs présents sur place. Principalement originaires de la région au sud de Charleroi, ils ont prévu de rester dans la capitale jusqu’à la mobilisation du secteur prévue jeudi, leurs véhicules en guise de lits d’ici-là. “D’autres agriculteurs arriveront probablement cette nuit”, a par ailleurs indiqué Matthieu (21 ans), agriculteur venu de Philippeville.

“Si la mobilisation en cours à Namur se passe mal, beaucoup de nos collègues devraient nous rejoindre à Bruxelles assez rapidement”, a-t-il ajouté. Des agriculteurs venus du nord de la France et du Luxembourg pourraient également se joindre à la mobilisation bruxelloise. La Belgique – à l’instar de plusieurs pays européens comme les Pays-Bas, la Roumanie, la Pologne, l’Allemagne, ou encore la France – est secouée depuis plusieurs jours par des manifestations émergeant du secteur agricole.

► Lire aussi | Grogne des agriculteurs : des perturbations sur le ring, les tracteurs toujours dans Bruxelles

Entre la question des faibles revenus, de la politique agricole commune et les accords contestés de libre-échange, la colère des agriculteurs ne désemplit pas. “Les dirigeants européens votent des lois qui nous font mourir à petit feu, voire nous enterre, alors qu’ils pourraient véritablement chercher à se concerter avec les experts du terrain, à savoir nous”, appuie Nicolas, agriculteur originaire de Gerpinnes.

Accès bloqué dans les deux sens

La situation, elle, reste compliquée sur la route, notamment en direction de Bruxelles. L’autoroute A7/E19 est fermée à hauteur de Houdeng-Goegnies en raison d’un blocage par un cortège de tracteurs agricoles à hauteur de Feluy. Une déviation est proposée vers l’A15/E42 en direction de Liège. L’accès en direction de Bruxelles étant bloqué dans les deux sens, les usagers sont invités à emprunter l’A54 à Charleroi. En venant de Bruxelles, il est conseillé d’emprunter la A54 à hauteur de Nivelles.

Un barrage bloquant de tracteurs est également présent au rond-point de la N534/N59 de la Route Baccarat à Seneffe. “L’accès au dépôt Total à Feluy est ainsi bloqué depuis dimanche soir”, a indiqué Bénédicte Poll, bourgmestre de Seneffe. “Par ailleurs, le trafic de l’autoroute, qui est bloquée, étant dévié via l’A54 et Charleroi, les axes secondaires dans la région sont fortement impactés”.

Le gouvernement est “ouvert au dialogue”

Une rencontre est prévue en fin d’après-midi entre les représentants des agriculteurs, Alexander De Croo. Le Premier ministre n’a pas oublié les agriculteurs au moment de s’adresser aux corps constitués lors d’une réception de Nouvel An chez le Roi, au Château de Laeken. “Aujourd’hui, je pense surtout aux agriculteurs et aux entrepreneurs : leurs inquiétudes sont légitimes. Je comprends également l’angoisse que suscitent les nombreuses mesures que le secteur agricole doit intégrer rapidement”, a assuré le libéral flamand.

“Le gouvernement est ouvert à un dialogue constructif pour soutenir le secteur”, ajoute le Premier ministre, qui rencontrera dans l’après-midi certains de ses représentants. Le libéral a consacré une bonne part de son discours à la grogne des agriculteurs. Menant des actions depuis plusieurs jours, ils se disent étranglés par les charges administratives, des prix qui ne leur permettent pas toujours de rentrer dans leurs frais, et des règles qui se complexifient alors que le marché européen reste ouvert à des produits moins régulés venus de l’étranger. “Je suis conscient de la nécessité de sécurité juridique pour que les exploitations restent viables”, affirme Alexander De Croo, sans exposer cependant de pistes concrètes de solution.

Blocages sauvages

De son côté, la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden lance un appel aux agriculteurs à penser à la sécurité durant leurs actions de protestation sur les routes. “Il est important de maintenir une voie libre pour les services de police et de secours”, insiste-t-elle. La ministre CD&V indique privilégier le dialogue et la concertation pour gérer les blocages routiers causés par les tracteurs.

Le Premier ministre Alexander De Croo avait soutenu la même option, en conférence de presse : de la concertation, plutôt que des actions policières unilatérales. Il répondait ainsi également à l’appel du ministre-président flamand Jan Jambon, qui était passé par les médias pour exiger de la ministre de l’Intérieur “les mesures nécessaires” pour la levée des blocages routiers.  Annelies Verlinden souhaite avant tout que les manifestations se fassent dans le respect de la sécurité.

“Cela signifie qu’il faut toujours laisser un passage et la priorité aux services de police et de secours, qu’ils puissent être rapidement sur les lieux d’intervention”.  Les blocages “sauvages” se multiplient mardi. Ce qui complexifie la recherche de solutions, la police devant sans cesse rechercher l’interlocuteur approprié, a expliqué la ministre. Il n’est d’ailleurs pas évident de déplacer rapidement du matériel agricole lourd ou des tracteurs. Les agriculteurs ont sans doute pour objectif de monter en puissance jusqu’à jeudi, jour de sommet européen où ils seront rejoints par d’autres agriculteurs du continent, indique Annelies Verlinden.  La situation est suivie d’heure en heure avec le Centre de crise national, la police fédérale et locale et les autorités locales concernées, ajoute-t-elle.

Belga – Photo : Belga

Partager l'article

30 janvier 2024 - 12h02
Modifié le 30 janvier 2024 - 15h06