“Pour les fusillades, nous n’avons rien reçu, il n’y a aucun moyen supplémentaire”, regrette le procureur du Roi
Le procureur du Roi de Bruxelles Julien Moinil a renouvelé mardi matin son appel à doter la capitale des moyens nécessaires pour assurer sa sécurité et sa justice, lors de la conférence de presse organisée par le parquet afin de dresser un bilan sécuritaire de l’été, marqué par une série d’incidents de tirs, et de détailler les difficultés opérationnelles rencontrées par les services de justice et de police.
“Je ne vais pas remercier l’État de suivre la loi. On m’a donné deux magistrats supplémentaires, mais ils ne font que remplir le cadre prévu par la loi. Pour les fusillades, nous n’avons rien reçu, il n’y a aucun moyen supplémentaire. Je suis entendu, mais je ne reçois pas de moyens”, a-t-il lancé. Le procureur a reconnu que trente enquêteurs supplémentaires avaient été transférés à la police judiciaire fédérale (PJF) de Bruxelles, mais juge cette mesure insuffisante : “On pourrait travailler mieux si le gouvernement nous donnait des moyens supplémentaires. Si déjà on pouvait remplir le cadre réglementaire de la police qui date de 2001…”, a-t-il poursuivi.
Julien Moinil a listé une série de difficultés. Depuis janvier, 4.595 personnes en séjour irrégulier ont été arrêtées à Bruxelles. “Sur 100 personnes arrêtées, seulement neuf font l’objet d’un suivi par l’Office des étrangers. Les 91 autres sont libérées, et peuvent être aisément recrutées à nouveau. Je ne jette pas la pierre à l’Office, notre collaboration est excellente, trois de leurs agents travaillent ici depuis six mois, mais ils manquent de moyens”, a-t-il expliqué. Concernant les mineurs, il déplore que l’absence de moyens empêche une prise en charge adaptée : “Quand ils commettent un délit, on les libère faute de place et on ne les accompagne pas comme ils le mériteraient”, a-t-il relevé.
■ Reportage de Thomas Dufrane, Marjorie Fellinger et Laurence Paciarelli
Concernant les mineurs, il déplore que l’absence de moyens empêche une prise en charge adaptée : “Quand ils commettent un délit, on les libère faute de place et on ne les accompagne pas comme ils le mériteraient”, a-t-il relevé. Même constat pour les travaux d’intérêt général (TIG) : 130 personnes ne sont pas suivies à Bruxelles, certaines retournant sur les points de deal. Des enquêtes souffrent aussi de retards d’exploitation des expertises balistiques : “Nous avons 400 dossiers en retard d’encodage. Les analyses sont faites, mais parfois encodées deux ans plus tard. Quand le match se fait deux ans après avec une autre affaire, il est trop tard pour exploiter la téléphonie, qui n’est conservée qu’un an”, a insisté Julien Moinil. Il pointe également le manque ou la défaillance de caméras dans certaines zones de Bruxelles, alors que les images permettent de résoudre de nombreuses affaires.
■ Dossier | Fusillades à Bruxelles
Le trafic d’armes, compétence du parquet fédéral, est également visé : “Le flux est très important. Bruxelles est plutôt cliente, les armes viennent d’ailleurs. Là aussi, des moyens sont nécessaires pour enrayer cet afflux incessant. Ils ont été demandés…”, a précisé le procureur. Enfin, il rappelle que la réponse à apporter ne se limite pas à la justice : “Pour lutter contre la drogue, il faut aussi des moyens pour la politique de santé à Bruxelles. C’est indispensable mais que fait-on ?”
Belga





