Médecins Sans Frontières a effectué 500 consultations de demandeurs d’asile sans logement en un mois

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Médecins Sans Frontières (MSF) a décidé, il y a un mois, d’installer une clinique de rue temporaire à Bruxelles, afin d’offrir une consultation aux demandeurs d’asile vulnérables qui n’ont pas obtenu de place dans les centres de Fedasil, l’agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile. Depuis, MSF a déjà effectué plus de 500 consultations, notamment pour des cas de gale et de diphtérie cutanée.

Fedasil ne fournit plus d’accès, depuis janvier 2022, ni à hébergement ni aux soins de santé à la plupart des hommes demandeurs d’asile alors qu’elle en a l’obligation“, a rappelé Médecins Sans Frontières (MSF). “Depuis octobre dernier, une nouvelle étape dans cette crise humanitaire a été franchie. Les familles et les mineurs non accompagnés ne sont désormais, eux non plus, pas systématiquement hébergés. Des dizaines de personnes sont laissés à la rue chaque jour, sans aucune réponse des autorités. Ni d’examen médical ni d’identification de vulnérabilités n’est prévu pour toutes ces personnes, bien que nos équipes aient constaté d’importants problèmes de santé publique (tuberculose, gale, dermatoses, et autres maladies infectieuses)“, a expliqué MSF.

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C’est la raison pour laquelle cette organisation médicale humanitaire a décidé, il y a un mois, d’installer une clinique de rue temporaire à Bruxelles. “Nos équipes ont effectué plus de 500 consultations. Les principales raisons de consultation sont des problèmes de peau, des troubles intestinaux, des infections respiratoires, des traumatismes ou des problèmes orthopédiques. Plus inquiétant, nous notons une quarantaine de cas probables de diphtérie cutanée (dont quatre confirmées en laboratoire), ce qui correspond à une augmentation du nombre de cas constatés en Europe. Nous notons aussi 99 cas de gale, et plus d’une vingtaine de demandes de prescription pour interruption de traitement du VIH ou pour des maladies non transmissibles telles que le diabète, l’épilepsie et l’hypertension“, a détaillé MSF.

Outre le développement et la propagation de certaines maladies, les conséquences d’une exposition à la rue sur l’état psychologique des demandeurs d’asile deviennent de plus en plus préoccupantes, selon l’organisme humanitaire. “En rue, personne n’est en sécurité. Tout le monde, mais particulièrement les femmes et les enfants, peuvent être exposés à de la violence physique et à de l’exploitation. Les personnes que l’on reçoit à la clinique nous parlent souvent de violences subies récemment, de la dureté de la vie en rue et de l’absence de perspectives. Ces traumatismes viennent s’ajouter à des traumas déjà existants, ce qui empire la situation et la vulnérabilité des personnes. On est là pour limiter les dégâts et leur apporter un soutien pour diminuer les risques suicidaires et leur permettre de survivre un jour de plus“, a expliqué Thomas Pelseneer, responsable des projets de soins de santé mentale pour MSF Belgique.

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Une jeune femme a été victime d’une agression sexuelle. “Arrivée à Bruxelles il y a deux semaines, la jeune femme a introduit une demande d’asile dès le lendemain de son arrivée. L’Office des Étrangers lui a répondu qu’il n’y avait pas de place pour elle dans le réseau d’accueil“, a relaté une infirmière de MSF. “En l’absence de solution d’hébergement, elle a passé la nuit dehors où elle a été agressée sexuellement. Elle s’est rendue à notre clinique le jour suivant. Nos équipes l’ont prise en charge et lui ont trouvé un endroit où rester chez un de nos partenaires. À l’heure actuelle, elle ne bénéficie toujours pas d’une place dans le réseau d’accueil“.

Compte tenu de ces constats interpellants, MSF enjoint les autorités belges à fournir absolument les soins médicaux auxquels les demandeurs d’asile ont droit, notamment la vaccination. L’organisme insiste sur le fait que les personnes présentant des symptômes de diphtérie doivent être isolées des autres et traitées médicalement. Pour lui, la solution est de créer un centre médical temporaire.

Belga – Photo : Belga / Didier Lebrun