Manifestation nationale : les derniers activistes dispersés à hauteur de la gare du midi, la manifestation terminée (photos et vidéos)
Des dizaines de milliers de personnes sont présentes à Bruxelles pour participer à la manifestation nationale. Les rues sont colorées de rouge, vert et bleu, mais aussi d’autres de blanc par exemple, la couleur d’un des syndicats militaires.
De nombreuses professions sont représentées dans le cortège : militaires donc (un millier d’entre eux seraient présents malgré que leur autorisation d’aller manifester ait été levée), cheminots, policiers, enseignants, gardiens de prison, pompiers, fonctionnaires, etc.
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De Wever défend à la Chambre la nécessité des réformes contestées dans la rue
Le Premier ministre, Bart De Wever, et le ministre de l’Emploi, David Clarinval, ont défendu jeudi devant la Chambre la nécessité des réformes que va entreprendre le nouveau gouvernement. Alors que dans la matinée plusieurs dizaines de milliers de personnes défilaient dans les rues de Bruxelles pour contester les mesures annoncées, le chef du gouvernement a lancé un appel au sens des responsabilités à l’ensemble de la société afin de ne pas “s’enliser dans un modèle conflictuel”.
Le Premier ministre a insisté sur les “choix courageux” qui devaient être faits, rappelé le déficit budgétaire de la Belgique et affirmé que son gouvernement tendait “clairement la main aux partenaires sociaux” même s’il ne se faisait pas d’illusions: certaines “organisations” contesteront les réformes. “Assurons-nous ensemble que notre État providence reste solide et durable pour que les générations futures puissent aussi en profiter”, a conclu M. De Wever interrogé par de nombreux députés.
Le MR a reçu le portefeuille de l’Emploi dans le nouveau gouvernement, une première depuis un siècle pour les libéraux. Mercredi, quelques jours après le vote de la confiance à la Chambre, les partenaires sociaux ont été reçus. “La concertation sociale est un pilier de notre démocratie sociale” a assuré M. Clarinval (MR) qui a mis lui aussi en avant la “responsabilité partagée” dans la mise en œuvre des réformes.
Le succès de la manifestation a dopé les partis de gauche. “Je n’ai jamais vu autant de monde en colère dans les rues. Comment ne pas les comprendre quand on voit les attaques colossales de votre gouvernement contre celles et ceux qui font tourner ce pays?” a affirmé Sophie Thémont (PS). Le PTB envisage déjà la suite. Selon les communistes, le gouvernement “a les chocottes”. “Je le dis aux travailleurs: les lois ne sont pas encore votées, rien n’est joué, on va les faire reculer”, a averti Raoul Hedebouw.
Fait rare: deux présidents de parti de la majorité sont intervenus, Georges-Louis Bouchez (MR) et Sammy Mahdi (CD&V). Le libéral a visé ses anciens partenaires de majorité écologistes et socialistes dont le bilan en termes de réforme se résume, selon lui, à une feuille blanche. “C’est votre bilan à tous et c’est pour cela qu’on est obligé de faire des réformes aujourd’hui, car la sécurité sociale sera sauvée par le travail, pas par la grève”, a-t-il lancé. Une déclaration qui a fait s’étrangler Sarah Schlitz (Ecolo). “Dans le gouvernement précédent, vous avez passé votre temps à bloquer les réformes, et vous êtes au pouvoir sans discontinuer depuis 25 ans”, a-t-elle accusé.
Le ministre Clarinval contraint de se déguiser pour traverser la manifestation
Le ministre fédéral de l’Emploi et de l’Économie, David Clarinval (MR) a été contraint de se dissimuler derrière un bonnet et un tour de cou pour traverser le cortège de la manifestation nationale, a constaté sur place l’agence Belga.
Le libéral, dont le parti fait partie de la coalition Arizona, est arrivé à pied vers 11h00 au bout de la rue de la Loi, à deux pas de la petite ceinture. Il semblait vouloir rejoindre les environs du Parlement fédéral. Des policiers en civil postés en haut de la rue de la Loi lui ont alors recommandé de ne pas traverser la foule. Ils lui ont prêté bonnet, tour de cou et grosse veste pour qu’il puisse dissimuler son visage et son costume cravate.
Ils ont ensuite traversé ensemble le dense cortège de manifestants sans que David Clarinval ne se soit reconnu. Le ministre a ensuite pu rejoindre les environs du Parlement fédéral, zone qui était jeudi protégée par un imposant dispositif policier.
Les derniers activistes dispersés à hauteur de la gare du midi, la manifestation terminée
La manifestation nationale a pris fin sur le coup de 15h00 après que la police a terminé de disperser les derniers activistes qui avaient causé du grabuge devant le siège du MR puis à proximité de la gare du Midi.
Après avoir actionné à plusieurs reprises l’autopompe située devant le siège du parti libéral et lancé quelques gaz lacrymogènes, la police a attendu la fin du cortège de la manifestation pour commencer à disperser la foule. Dans leur tenue “de combat”, les policiers se sont alors déployés méthodiquement pour faire reculer les derniers activistes vers la gare du midi, non sans en arrêter quelques-uns au passage, parfois à coups de matraque. Le calme est revenu assez rapidement sur la petite ceinture, et donc devant le siège du MR.
Une dernière altercation est survenue devant la gare du Midi, avant que les tous derniers activistes soient invités à y entrer et à prendre le train pour rentrer chez eux. Le calme y est revenu en une dizaine de minutes et les policiers ont commencé à se retirer, tout comme l’hélicoptère des forces de l’ordre qui avait été déployé. Le centre de la capitale est désormais bien tranquille, après le passage des 60.000 manifestants recensés par la police (100.000 selon les syndicats) et les coups de sifflet et pétards qui les accompagnaient.
Plusieurs interpellations près de la place Louise
La police a procédé à plusieurs interpellations près de la place Louise après la fin de la manifestation nationale contre les mesures prévues par le nouveau gouvernement fédéral, a indiqué sur X (anciennement Twitter) la zone de police de Bruxelles-Capitale Ixelles.
Selon la police, les personnes appréhendées étaient en possession de mobilier urbain (extincteurs, plaques d’égout, bordure de trottoir) et s’en servaient comme projectiles en direction des policiers. Des boulons, pétards et feux de Bengale sont également évoqués. “Tous des objets qui n’ont rien avoir avec une manifestation pacifique”, a commenté la police.
La police utilise des canons à eau au siège du MR
Le siège du MR est protégé par la police pour éviter les débordements. Un premier groupe de manifestants a dévié du parcours pour s’approcher du siège du MR sur l’avenue de la Toison d’Or, a constaté sur place l’agence Belga. Un important dispositif policier, comprenant des barrières et plus de 60 agents en combinaison anti-émeute, empêche les manifestants de s’approcher du bâtiment. Une autopompe de la police est stationné dans une rue adjacente par mesure de précaution.
Vers 13h, les forces de l’ordre ont déployé l’autopompe et ont fait usage de gaz lacrymogènes devant le siège du MR, avenue de la Toison d’Or. La situation était tendue et les manifestants scandaient “police partout, justice nulle part”. Les manifestants viennent de tous les horizons, certains jetaient des oranges et des projectiles en direction du bâtiment. Des tags tels que “MR au feu, Arizona au milieu” ont été griffonnés sur certaines façades. À chaque jet de l’autopompe, de copieuses huées se font entendre.
Une deuxième autopompe est apparue à l’angle du siège du MR.
À #Bruxelles à la manifestation nationale contre le nouveau gouvernement Arizona, la police sort l’autopompe et les lacrymos pour protéger le siège du MR. pic.twitter.com/ZVgDyBtgku
— Vincent Groleau🔻 (@vincentgroleau_) February 13, 2025
Plusieurs centaines de manifestants, principalement de groupes antifascistes, étaient toujours présents à proximité du siège du MR aux alentours de 14h15. La tension était néanmoins retombée.
De nombreux drapeaux palestiniens flottent face au siège du Mouvement Réformateur tandis que résonnent plusieurs slogans comme “Acab” (All Cops Are Bastard, Tous les policiers sont des salauds) et “Tout le monde déteste la police”. Les manifestants, assez jeunes pour la plupart, tambourinent sur les bords du tunnel de la porte Halle.
Des interpellations près du siège du MR
La police a procédé à plusieurs interpellations à proximité du siège du MR, où plusieurs dizaines de manifestants sont encore présents, a constaté Belga sur place.
Des dizaines de combis sont visibles boulevard de Waterloo et un hélicoptère de la police fédérale survole la zone.
Des débordements signalés près du siège des Engagés
Le siège des Engagés à Bruxelles a été brièvement la cible de quelques activistes jeudi matin, durant la manifestation nationale. La police, qui était présente sur place pour protéger les lieux, a dû intervenir pour y ramener le calme et inviter les fauteurs de trouble à rejoindre le tracé du cortège.
Le siège des Engagés se trouve rue du Commerce, une rue perpendiculaire à la rue de la Loi, à deux pas de la petite ceinture et de la station de métro Arts-Loi.
Durant la manifestation nationale organisée par le front commun syndical, certains activistes ont tenté d’atteindre le bâtiment afin d’exprimer leur mécontentement envers ce parti, membre de la nouvelle coalition fédérale Arizona. Ils y ont été accueillis par un dispositif policier impressionnant qui les a empêchés de s’en rapprocher. Ils ont alors lancé des boules de peinture, dont certaines ont atteint le bâtiment, mais aussi des pommes, des citrons, des pavés ou encore des bouteilles en verre, a-t-on appris auprès de policiers se trouvant sur place.
La police les a rapidement repoussés vers la petite ceinture afin qu’ils réintègrent le cortège de la manifestation et le calme est revenu aux abords du siège des Engagés.
Au moins 60.000 participants
Selon le comptage officiel de la police, 60.000 personnes sont présentes dans les rues de la capitale. Selon Thierry Bodson, le président de la FGTB, près de 100.000 personnes se sont mobilisées.
Comptage officiel : 60.000 participants
Officiële telling : 60.000 deelnemers https://t.co/IEGOQ1VZlJ— PolBru (@zpz_polbru) February 13, 2025
Au moins 50.000 personnes étaient attendues, soit bien plus que les 30.000 personnes réunies lors de la manifestation du 13 janvier dernier.
“Une mobilisation historique”
Le président de la FGTB, Thierry Bodson, a salué “une mobilisation historique“. Il souligne que cette “très forte mobilisation” intervient alors que deux récentes manifestations avaient déjà attiré quelque 30.000 mécontents et qu’une grève générale se profile le 31 mars. À ses yeux, cela démontre l’opposition de la population aux mesures annoncées par le gouvernement fédéral tout juste formé.
“C’est surtout l’aspect des fins de carrière qui est tout à fait inacceptable. Les gens commencent à comprendre qu’il n’y a plus aucune possibilité dans ce pays d’arrêter de travailler avant 67 ans“, souligne le président du syndicat socialiste.
Pour M. Bodson, le gouvernement doit “se rendre compte” qu’il doit changer de fusil d’épaules pour “tout ce qui concerne les aspects de flexibilité et de fin de carrière“. Le président de la FGTB demande également une “véritable concertation“, alors que “pour ce gouvernement, la concertation c’est : ils nous donnent le menu et puis il faut qu’on (syndicats et patronat, NDLR) se mette d’accord sur le menu. (…) D’habitude, ce sont les patrons et les syndicats qui se mettent d’accord et qui ne reçoivent pas de la part du gouvernement des indications sur ce qu’ils doivent faire“, a-t-il glissé.
Les partenaires sociaux ont été reçus mercredi par le Premier ministre Bart De Wever, “ce qui est positif” étant donné que le gouvernement n’est formé que depuis une semaine, reconnaît le syndicaliste.
Cependant, l’homme regrette que le gouvernement ait “déjà tout dit sur les fins de carrières, les salaires, la formation minimale des travailleurs, la flexibilité“, ce qui constitue “le package habituel” d’un accord interprofessionnel, négocié entre patronat et syndicats.
Au départ de la Gare du Nord
Au sein de la gare du Nord, la foule était tellement compacte qu’il fallait près de 15 minutes pour la traverser d’un côté à l’autre.
Les manifestants sont rassemblés pour protester contre les mesures de l’accord de gouvernement récemment conclu. Ils dénoncent notamment la limitation dans le temps (deux ans) des allocations de chômage, le sort de l’enveloppe bien-être, la réforme des pensions, en particulier celles des fonctionnaires, ou encore des coupes dans les services publics.
Marc Scius, délégué permanent à la culture pour le CSC, au micro de Bryan Mommart :
Les premiers manifestants arrivent à la gare du Midi
Le très long cortège de la manifestation nationale s’est élancé sur les coups de 10h30 depuis le boulevard Albert II sous les cris de la foule et le bruit des sifflets et des pétards, a constaté sur place l’agence Belga.
Vers 11h30, le cortège s’étendait de la station de métro Trône à la gare du Nord, où des manifestants affluaient encore.
La petite ceinture de Bruxelles et les abords de la gare du Nord étaient donc colorés de rouge, vert et bleu, mais aussi de blanc par exemple, la couleur d’un des syndicats militaires. Plusieurs organisations de la société civile, comme Unia, Greenpeace, Amnesty, le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté ou encore les mutuelles sont également présentes.
Les manifestants doivent rallier la gare du Midi, où prendra fin l’action. Les premiers groupes de manifestants ont atteint la fin du parcours peu après 12h00, a constaté sur place l’agence Belga. Aucune prise de parole n’est attendue mais un concert de Rock est en cours près de la Tour des pensions.
Le couloir principal de la gare du Midi est très encombré et une forte présence policière y est déployée.
Explications de Romain Vandenheuvel en direct pour le 12h30 :
La CGSLB a organisé une action ludique en tête de cortège afin d’attirer l’attention sur la nécessité d’un meilleur équilibre dans les politiques socio-économiques. Deux “cupidons” tentent de décocher leurs flèches sur des thèmes tels que les “salaires équitables”, le “travail viable”, des “impôts équitables” et le “véritable dialogue social”. Ils sont cependant déstabilisés par des “bousculeurs” portant des masques du Premier ministre Bart De Wever (N-VA) et du président du MR, Georges-Louis Bouchez.
Des milliers de militaires
Les syndicats de l’armée ACMP-CPGM et SLFP Défense attendent plusieurs milliers de soldats à la manifestation nationale à Bruxelles jeudi. Les mesures prévues par le nouveau gouvernement fédéral, notamment en matière de pensions, suscitent un vif mécontentement.
Malgré la levée, par le nouveau ministre de la Défense, Theo Francken (N-VA), de leur autorisation d’aller manifester, le SLFP Défense prévoit qu'”au moins 3.000 à 4.000 militaires” se joignent à l’action, selon le président du syndicat, Chris Huybrechts. L’ACMP-CPGM, plus grand syndicat de l’armée, a mis 15 bus à disposition des potentiels manifestants. “D’autres gens viendront aussi à Bruxelles par leurs propres moyens“, affirme le secrétaire général Yves Huwart.
Boris Morenville, SLFP Défense, au micro de Bryan Mommart :
Les militaires doivent prendre congé pour participer à l’action syndicale, car ils n’ont pas le droit de grève. Selon M. Huybrechts, un tel taux de participation dans ces conditions témoigne de l’ampleur du mécontentement. “Avec les mesures annoncées, nous devrons travailler 11 ans de plus pour 500 à 600 euros de moins par mois. Je ne pense pas que le gouvernement se rende compte de l’impact catastrophique que ça engendrera“, ajoute le syndicaliste.
“Historiquement, il y a de bonnes raisons pour que nous puissions partir plus tôt à la retraite“, renchérit M. Huwart. “La défense doit pouvoir compter sur des personnes plus jeunes et nous sommes de plus souvent en service pendant des mois, 24 heures sur 24, et nous ne percevons une compensation que pour la moitié de notre temps. Notre pension devrait en fait être considérée comme une compensation pour toutes les heures qui ne l’ont pas été au cours de notre carrière.”
Rédaction avec Belga – Photos : Belga – Vidéos : Caravaggio & Belga