Les universités bruxelloises basculeront-elles en code orange ?
Après les 1ère bachelier la semaine dernière, c’est au tour des 2e et 3e de rependre les cours cette semaine, pour une rentrée académique 2020-2021 pareille à aucune autre. Crise sanitaire oblige, les universités doivent s’adapter, en fonction d’un code couleur, valable pour tout l’enseignement. Jusqu’ici ULB, VUB et UClouvain sont en code jaune. Mais jusqu’à quand ?
« Pour rappel, le code jaune fait référence à une situation où la présence du virus est toujours active bien que contrôlée. Ce système permettra une semaine scolaire normale de 5 jours, sous réserve du respect de certaines mesures sanitaires, comme le port obligatoire d’un masque pour les élèves de plus de 12 ans et pour les enseignants. », rapporte l’ULB sur son site web. Une signalétique indique en effet les sens de circulation, les rappels des gestes barrières, ou encore les sièges condamnés dans les auditoires.
Le taux de présence sur le campus doit être réduite de 25%. Les cours en présentiel restent majoritaires, note Nathalie Vaeck, vice-rectrice f.f. chargée de l’enseignement à l’ULB. « On a laissé le choix aux professeurs, s’ils préfèrent donner cours à distance, ils peuvent le faire. Mais cela ne concerne jusqu’ici que 5% des cours. », indiquent aussi bien l’ULB que l’Université Saint-Louis. Le principe de base : le port du masque et la distanciation physique sont obligatoires.
En auditoire, chacun à son tour
L’organisation des enseignements risquent d’être compliquée. Les auditoires ne peuvent être occupés qu’à la moitié de leur capacité. Pour les groupes de moins de 50 étudiants, tout le monde peut être accueilli; au-delà, tout dépend de la taille de la salle. Conséquence : pour certains cours, l’espace est trop réduit pour accueillir tous les étudiants en même temps. Alors il faut s’adapter. Solution ? Un système de rotation : les étudiants sont divisés en groupe, et s’alternent dans les locaux : quand un groupe est présent, l’autre suit le cours à distance et vice versa. Pour les cours en distanciel, les techniques peuvent varier : en direct, podcasts… Autre possibilité, précise le service de presse de Saint-Louis : les étudiants sont répartis dans plusieurs auditoires, et suivent le cours en direct, certains en présentiel, d’autres en duplex.
« Le cours virtuel peut présenter certains avantages, offrant aux étudiants du matériel pédagogique de qualité, des espaces d’interaction, la possibilité pour l’étudiant d’entrer en contact plus direct avec l’enseignant et de voir et revoir les cours à sa guise. », estime Serge Jaumain, professeur d’Histoire à l’ULB, précisant qu’en outre, la qualité des technologies et des réalisations a sensiblement progressé. L’UCLouvain annonce ainsi fièrement avoir développé l’enseignement « hybride », en renforçant « son dispositif de pédagogie active via des capsules video, MOOCs (…) et une variété d’outils technologiques, permettant des interactions quel que soit le mode d’enseignement. » Toutefois, ajoute l’historien : « Rien ne remplace le contact présentiel. Il est essentiel de conserver ce lien physique entre prof et étudiants. »
Un basculement en orange ?
Les cours en présentiel sont indispensables notamment pour les TP, labos, et séminaires. Aujourd’hui, ULB, Saint-Louis et UCLouvain peuvent les assurer. Mais jusque quand ? On le sait, les contaminations au covid-19 ne cessent d’augmenter et touchent en particulier les tranches d’âge 10-19 et 20-29 ans, selon les derniers chiffres de Sciensano. Le choix de plusieurs universités flamandes de basculer en code orange a suscité des interrogations : les établissements francophones allaient-ils en faire autant? “Ce n’est pas à l’ordre du jour“, répond Nicolas Dassonville, porte-parole de l’ULB. Le code couleur qui s’applique à un établissement est celui de la commune dans laquelle il est implanté. “Mais cela dépend de ce que les bourgmestres et la région décident pour leur enseignement“, explique encore Nicolas Dassonville. Il détaille : une réunion a eu lieu jeudi dernier avec les experts, une autre hier a rassemblé les cabinets Désir (enseignement fondamental en Fédération Wallonie-Bruxelles), Glatigny (enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles) et Weyts (enseignement flamand). Toutes vont dans le même sens : il n’y a pas pour l’instant de volonté, ni de raison de passer en code orange. Un Conseil National de Sécurité est programmé demain mercredi. Il pourrait en décider autrement, mais rien ne l’indique à ce stade.
Si les universités devaient passer en code orange, 20% seulement de la population universitaire serait admise sur les campus, l’essentiel des cours passerait en distanciel. Aujourd’hui, les universités se disent prêtes à faire face. Les profs et les étudiants, eux, le sont-ils … ?
S.R. (Photo : Arch. Bx1)