L’édito de Fabrice Grosfilley : un examen… et la suite…
85,42% des élèves de 6ieme primaire ont réussi le CEB, certificat d’études de base. C’est le chiffre communiqué aujourd’hui par l’administration générale de l’enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. 85,42% d’examen réussi c’est en apparence un très bon chiffre. En réalité c’est un chiffre en baisse.
85,42% de réussite, cela veut dire que 44 566 enfants ont réussi le CEB, ils étaient plus de 52 000 à l’avoir présenté. Cela veut dire que plus de 8000 élèves ont raté l’examen. On a évidemment une pensée pour eux. C’est jamais joyeux de se retrouver en situation d’échec, surtout quand les réseaux sociaux se transforment en grande foire à la gloriole, avec tous ces parents qui expliquent urbi et ordi à quel point ils sont fiers de la progéniture qui a réussi ses examens. Avant, on fanfaronnait sur la place du village à la sortie de la messe dans son costume du dimanche. La messe ne fait plus recette et les costumes du dimanche ont disparu, mais la fanfaronnade et le cancanage versions 2.0 existent toujours.
A 85,42%, on est en recul de près de trois points par rapport à 2021, et même de 5 points par rapport à 2020. On n’a pas encore de certitude dans l’explication, mais pour certains observateurs (en particulier des enseignants) ces résultats en baisse seraient la conséquence de deux années marquées par la Covid19. Les cours à distance, les semaines perdues, le décrochage des élèves les plus fragiles : une hypothèse qu’il va falloir confirmer. Pour rappel les épreuves de ce genre sont préparées plusieurs années à l’avance et on veille à ce qu’elles soient d’une difficulté comparable d’une année sur l’autre. C’est l’un des enjeux de ces épreuves certificatives externes : pouvoir servir de boussole ou d’outil de mesure qui aide à établir ce genre de comparaison.
Si on regarde dans les détails des matières, c’est en français que les élèves ont les meilleurs résultats, une moyenne de 74% , mais quand même en baisse de trois points. On a un peu plus de mal en mathématique avec un petit 71%. Globalement pas d’écarts extraordinaires. Il faut aussi rappeler que certains élèves peuvent avoir échoué aux examens mais que le conseil de classe en délibération peut leur octroyer le CEB en raison de bons résultats tout au long de l’année.
Il y a quelques semaines pointait un débat sur le manque d’exigence au pas du CEB. C’est le Mouvement Réformateur qui avait lancé cette réflexion sur le thème d’un examen trop facile (il suffit d’une côte de 50% pour l’obtenir) soulignant que certains élèves qui le réussissent, parfois haut la main, peuvent se retrouver, un ou deux ans plus tard, en grande difficulté. Le fait que les résultats soient en légère baisse indiquent bien qu’on ne donne pas le CEB. Cela reste une épreuve couperet. Les 8000 élèves qui l’on raté sont là pour en témoigner. Ils n’ont pas le niveau suffisant pour suivre, ils passent leur tour et n’avancent pas d’une case.
Il faut se rappeler, qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles, un élève sur deux va redoubler au moins une fois au cours de sa scolarité. Presqu’un sur 4 va même doubler deux fois. C’est comme si nous avions sciemment mis en place une culture de l’échec. Alors la bonne question qu’un pédagogue devrait se poser aujourd’hui, c’est quel message on envoie à tous ces élèves qui raté le CEB ? Pour leur expliquer pourquoi ils doivent revoir la matière non acquise, mais aussi pour qu’ils ne se découragent pas, qu’ils ne soient pas dégoûtés de l’école, et surtout qu’ils gardent confiance dans leurs capacités.
Fabrice Grosfilley