Le Passenger Locator Form, un outil de traçage utile mais pas assez contrôlé
Le Passenger Locator Form avait été mis en place lors de la réouverture des frontières après le premier confinement en juin 2020. Un an et demi plus tard, le formulaire est-il toujours bien rempli et sert-il encore à quelque chose ?
Lorsque les voyages ont à nouveau été autorisés, les autorités belges ont mis en place le Passenger Locator Form pour intensifier le traçage des personnes en cas de contamination au Covid-19. Les règles sanitaires étant différentes dans chaque pays, il semblait justifier de connaître les déplacements vers l’étranger. Il faut également rappeler que c’est après les vacances de carnaval de 2020, avec des personnes revenant d’Italie, que la Belgique rentre réellement dans la pandémie.
Le PLF permet de savoir où les personnes se sont rendues et d’exiger d’elles soit un test PCR, soit une quarantaine. Dès la mise en place du système, les bourgmestres ont été assez dubitatifs quant à la possibilité de contrôler le respect des quarantaines. Il aura fallu attendre avril 2021 pour qu’un protocole d’accord soit signé entre la Région, le fédéral et les communes.
Au fil du temps et de l’évolution de la pandémie, les consignes après un voyage à l’étranger ont été modifiées à de nombreuses reprises. Aujourd’hui, il est toujours obligatoire de remplir son PLF si on est resté plus de 48 h à l’étranger et si une personne vivant à l’étranger reste plus de 48 h en Belgique. Le statut vaccinal ne change rien. Par contre, si on a pris l’avion ou le bateau ou qu’on revient d’un pays hors de l’Union Européenne, la durée du séjour ne compte plus et le PLF doit être rempli. Depuis le 1er octobre, il n’existe plus qu’en format électronique.
Il existe ensuite plusieurs cas de figures. Pour les voyages dans un pays orange ou vert, remplir le PLF n’entraînera ni test ni quarantaine. Pour les voyages dans un pays en zone rouge dans l’Union européenne ou inscrit sur la liste blanche (Canada, Australie, Émirats Arabes Unis, Argentine…), si vous êtes vacciné, vous n’avez ni test ni quarantaine à faire. Si vous n’êtes pas vacciné, alors vous devez vous faire tester au jour 1 ou 2 si vous n’avez pas de test négatif de moins de 72 h. Pour les Bruxellois, il faut rester en quarantaine et se faire tester à nouveau au jour 7 suivant le retour du voyage. Cette consigne ne concerne pas les enfants de moins de 12 ans.
Pour les voyages hors Union Européenne, les personnes vaccinées doivent faire un test au jour 1 du retour. Elles peuvent sortir de quarantaine dès qu’elles ont le résultat s’il est négatif et elles doivent en faire un 2e au jour 7. Si elles ne sont pas vaccinées, il faut rester en quarantaine 10 jours et se faire tester au jour 1 et 7.
Combien de PLF sont remplis ?
Voici pour la théorie. Les personnes qui ne remplissent pas le PLF risquent une amende de 250 euros. Idem si elles ne se font pas tester ou si elles ne respectent pas la quarantaine. Cependant, encore faut-il qu’elles soient contrôlées. En effet, les contrôles aux frontières routières sont quasi inexistants. À part lors des vacances de décembre 2020 où des opérations de contrôles renforcés ont été menés, ils ont toujours été très rares.
Au début de la réouverture des frontières, les passagers qui descendaient d’un train venant de l’étranger devaient aussi montrer leur test et leur formulaire. Aujourd’hui, pour les trains venant de France, personne ne contrôle. À bord, il n’existe pas non plus d’annonce qui vous prévient de cette obligation. Par contre, pour l’Eurostar, les contrôles sont effectués au moment du passage à la douane.
Idem pour les vols. Les contrôles sont quasi systématiques. Depuis le début, plus de 11,5 millions de PLF ont été remplis en Belgique. Ainsi, pour l’été 2021, 478 713 PLF ont été remplis par des Bruxellois dont 101.471 donnant lieu à une obligation de test. Dans un mois sans vacances scolaires (octobre 2021), 255 085 PLF ont été remplis et pour les congés de Noël, ce sont 187 775 PLF qui sont parvenus dont 33 000 ont exigé un test. Par contre, seuls 20% des personnes qui doivent se faire tester le font réellement.
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Difficile de savoir si tous ceux qui sont partis à l’étranger se sont acquittés de leur tâche, surtout si le trajet s’est fait en voiture. Depuis le 1er juillet, et ce, jusqu’au début de l’année 2022, 327 PV ont été dressés pour non-respect de l’obligation du Passenger Locator Form par la police fédérale. La police avoue avoir un retard important d’encodage et ne peut fournir les chiffres pour les vacances de fin d’année.
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Or, en avril 2021, la police avait dressé près de 800 PV pour faute de PLF. Est-ce que les citoyens ont intégré cette démarche ? Si on regarde les chiffres fournis par le SPF Santé, il semble que les voyageurs arrivant en Belgique continuent de remplir le formulaire.
Les creux sont plus liés à des périodes d’activité scolaire ou à l’interdiction de voyager.
Un outil toujours utile
Même si pour les personnes vaccinées voyageant au sein de l’Union Européenne, le PLF n’implique plus de contrainte, l’outil reste utile selon le SPF Santé. “Le PLF reste pertinent, notamment au vu du risque des variants COVID qui peuvent circuler dans d’autres pays. De plus, être à jour au niveau des mesures à prendre n’est pas toujours évident pour les voyageurs. Grâce au système de communication par SMS et e-mail, chaque voyageur reçoit des messages personnalisés sur les mesures à prendre”, nous explique le SPF Santé.
Un point de vue partagé par le professeur en Santé publique, Yves Coppieters. “Il reste justifié, car il est utile d’avoir une surveillance à nos frontières. Par contre, les mesures de suivi pourraient évoluer comme elles l’ont déjà fait. À ce stade-ci de l’épidémie, il ne me semble pas opportun de le supprimer. D’ailleurs, la surveillance épidémiologique se fait pour de nombreuses autres maladies comme le MERS-Cov de la péninsule arabique.”
Aucune évaluation n’est sur la table actuellement. Le PLF pourrait aussi servir de manière plus intensive si un nouveau variant émergeait dans les mois qui viennent.
Vanessa Lhuillier- Photo : Belga/Jasper Jacobs