Le jugement du dossier Paris bis attendu pour cet après-midi

Le tribunal correctionnel de Bruxelles prononcera jeudi son jugement dans le dossier Paris bis, relatif à l’enquête belge sur les attentats à Paris. Douze hommes, dont deux seraient décédés, sont prévenus pour avoir fourni une aide, parfois minime, aux auteurs présumés des attaques du 13 novembre 2015. Un homme et une femme sont également prévenus pour des infractions autres que terroristes.

La lecture du prononcé a démarré à 8h45. La procureure fédérale a requis, lors des débats en avril et mai derniers, une peine de quatre ans de prison à l’encontre d’Abid Aberkane, le “logeur” de Salah Abdeslam, sans s’opposer à un sursis. Abid Aberkane avait accepté de cacher l’ennemi public n°1 dans la cave de l’immeuble de sa mère, rue des Quatre Vents à Molenbeek-Saint-Jean, après qu’il a échappé de justesse à la police, rue du Dries à Forest, le 15 mars 2016. Il lui a apporté de quoi boire et manger et des vêtements, mais il a aussi passé de nombreuses heures avec lui dans cette cave, avant qu’il ne soit arrêté le 18 mars, quatre jours avant les attentats à Bruxelles.

La magistrate a également requis une peine de deux ans de prison avec sursis probatoire à l’encontre du petit frère de Mohamed Abrini, Ibrahim, entre autres pour avoir “évacué des éléments compromettants pour la cellule terroriste”. Le 13 novembre 2015 à 17h57, Ibrahim Abrini était sorti de chez lui avec un grand sac contenant un ordinateur et des vêtements de son frère, qu’il a remis à un certain Kamal, lui affirmant qu’il craignait d’être perquisitionné.

La représentante du ministère public a aussi requis une peine de 18 mois de prison avec sursis simple à l’encontre de Zakaria Jaffal, qu’elle soupçonne d’avoir “activement soutenu son très proche ami Ahmed Dahmani”, l’un des logisticiens des attentats de Paris.

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La procureure a encore requis des peines de 18 mois de prison avec sursis probatoire à l’encontre de Rafik El Hassani, le meilleur ami de Brahim Abdeslam, kamikaze à Paris, et à l’encontre d’Ayoub Bazarouj, soupçonné d’avoir été un relais pour faciliter les communications de son frère Youssef, combattant de l’État Islamique (EI). Elle a requis une peine de deux ans de prison à l’encontre de Soufiane Al Aroub et une peine d’un an de prison à l’encontre de Mohamed Rabhioui, tous deux proches de Dahmani.  Elle a ensuite sollicité une peine de deux ans de prison à l’encontre de Youssef El Ajmi, sans s’opposer à un sursis probatoire, pour avoir “apporté des encouragements à Ibrahim El Bakraoui [kamikaze à Bruxelles] par sa présence fidèle à l’appartement de l’avenue des Casernes à Etterbeek [qui servait de planque aux terroristes]”.

Elle a également requis une peine de deux ans de prison avec sursis probatoire à l’encontre de Smaïl Farisi, qui a sous-loué cet appartement de l’avenue des Casernes à Ibrahim El Bakraoui. La procureure fédérale a requis une peine de trois ans de prison à l’encontre d’Abdoullah Courkzine, qu’elle suspecte d’avoir aidé à cacher Abdelhamid Abaaoud après les attentats à Paris. Courkzine était en contact étroit avec la cousine d’Abaaoud, Hasna Ait Boulahcen. Elle l’avait appelé pour qu’il l’aide à exfiltrer son cousin, caché dans un buisson à Aubervilliers après les attaques.

Quant à Sammy Djedou et Youssef Bazarouj, tous deux présumés morts en Syrie, la procureure a requis à leur encontre des peines de deux ans de prison pour le premier et de cinq ans de prison pour le second, complémentaires à des peines de prison déjà prononcées par défaut. Sammy Djedou a rejoint l’EI et a collaboré directement avec Abdelhamid Abaaoud et Oussama Atar, cerveau des attentats à Paris. Youssef Bazarouj, lui, a exercé des tâches de coordination primordiales au sein de l’EI, selon l’accusation, notamment en mettant en contact Mohamed Abrini avec Abaaoud.

Enfin, la procureure fédérale a requis une peine d’un an de prison avec sursis à l’encontre de l’épouse de Farid Kharkach, prévenue uniquement pour faux dans le dossier “Paris bis“. Farid Kharkach figure parmi les accusés du procès des attentats du 13 novembre 2015, jugé à Paris, pour avoir fourni des faux papiers d’identité à certains auteurs des attaques. Elle a terminé en requérant une peine de travail à l’encontre d’un homme poursuivi uniquement pour infraction à la loi sur les armes et à la loi relative aux substances et mélanges explosifs. Son nom est apparu dans ce dossier de terrorisme parce que des informations de police le renseignaient comme celui qui a convoyé Salah Abdeslam après les attentats.

Les peines sont attendues dans l’après-midi. “L’enjeu est de savoir ce que les personnes ont réellement fait. Est-ce que ces actes sont des actes de participation à un groupe terroriste,” a ajouté Olivier Malinus, porte-parole du tribunal de première instance de Bruxelles.

avec Belga. Information de Camille Tang Quynh