L’ASBL Genepi demande aux autorités belges d’organiser le vote des détenus
La majorité des personnes incarcérées disposent du droit de vote en Belgique. “Or, rien n’est mis en place pour leur permettre d’exercer ce droit dans des conditions dignes”, déplore lundi le Genepi. En partenariat avec la Concertation des associations actives en prison (CAAP) et la régionale bruxelloise du Centre d’action laïque, l’ASBL lance une campagne pour le respect de la citoyenneté des détenus.
Sur les quelque 10.000 détenus répartis dans les prisons belges, environ 6.000 ont le droit de vote. Mais, en pratique, ils peuvent uniquement voter par procuration. Ce qui suppose un lien de confiance avec un mandataire, et l’accomplissement de démarches difficiles d’accès quand on est privé de liberté.
Ces personnes “qui sont dans l’obligation légale de voter sont, en réalité, empêchées matériellement de le faire”, constate le Genepi, qui milite pour le décloisonnement des infrastructures carcérales. “Et ce d’une manière tellement notoire que le ministère de l’Intérieur, compétent pour les questions relatives aux élections, donne une dérogation automatique à toute personne qui est en prison.”
Les prisonniers sont généralement issus des franges les plus modestes de la société, celles qui peinent à se faire entendre. “6.000, c’est un nombre suffisant d’électeurs pour décider si une formation politique aura ou non la possibilité d’avoir un groupe parlementaire, c’est assez de monde pour déterminer le niveau de subvention d’un parti politique. Pourtant les voix de ces 6.000 personnes sont perdues et personne ne va les chercher”, s’indigne l’association.
Bureaux ou correspondance
Celle-ci demande “que le suffrage des personnes incarcérées soit effectivement organisé, soit via le vote par correspondance, soit par l’installation de bureaux de vote dans les établissements pénitentiaires, soit par l’octroi de permissions de sortie spécifiques supplémentaires le jour des élections”.
D’ici aux élections du 26 mai, elle mènera des ateliers sur le droit de vote dans toutes les prisons francophones du pays et interpellera le monde politique sur la question. Des activités de sensibilisation “tous publics” sur les droits des détenus seront également organisées. L’agenda peut être consulté sur le site www.votedesdetenus.be.
Avec Belga – Photo : Belga/Dirk Waem