“La situation dans nos rues n’a fait qu’empirer” : quarante comités de quartier en appellent à nouveau à plus de sécurité

Le collectif qui regroupe depuis plus d’un an quarante comités de quartier et associations tire à nouveau la sonnette d’alarme : “force est de constater que la situation dans nos rues n’a fait qu’empirer : fusillades, violences, agressions, vols, bris de vitres de voiture“, écrivent-ils dans une déclaration commune.

Il était né d’une volonté commune, l’an dernier, d’alerter les autorités de la situation sécuritaire à travers plusieurs quartiers de la Région : un peu plus d’un an après leur association, les quarante comités de quartier et associations regroupés (issus de Schaerbeek, Saint-Josse, Molenbeek, Bruxelles-Ville, Anderlecht, Forest et Ixelles) tirent à nouveau la sonnette d’alarme, dans une nouvelle déclaration.

▶ Quarante comités de quartier alertent sur l’insécurité et les nuisances dans la capitale (15/12/2023)

Aujourd’hui, selon ces comités, “forcer est de constater que la situation dans nos rues n’a fait qu’empirer. Depuis août 2023, les fusillades se sont multipliées, atteignant un niveau alarmant : plus de 40 cette année seulement. Aux violences ultimes par arme à feu se sont aoutées les agressions au couteau, les vols à l’étalage toujours plus fréquents, et les bris de vitres de voitures qui font désormais partie du quotidien de la capitale. Les chiffres sont accablants : selon les données de 2022, plus de 3.500 délits sont commis chaque année dans la seule zone de Bruxelles-Midi, un chiffre équivalent à celui des 13 plus grandes villes flamandes réunies !“. Et de pointer aussi le “terrain de désolation où l’insécurité règne en maître” à la Gare du Nord, bien que “ce sentiment d’insécurité est palpable dans de nombreux quartiers, paralysant des milliers d’habitants, les empêchant de vivre une vie quotidienne sereine“, expliquent-ils.

Quelles causes ? Et des solutions ?

D’après ces différents comités de quartier et associations, la cause à cette situation est à trouver dans “la population invisible, abandonnée et désespérée : nos communes abritent une masse silencieuse de personnes sans papiers, sans perspectives, sans revenu, et surtout sans espoir (…) Ils forment une vingtième commune invisible, une population entière que les autorités préfèrent ignorer” ainsi que “l’arrivée massive des drogues dures dans nos rues et la guerre impitoyable que se livrent les dealers“.

Dans sa déclaration, l’association des comités de quartier propose différentes solutions, adressées aux autorités : “nous demandons une approche coordonnée de la part de nos autorités : un volet policier et judiciaire pour lutter fermement contre les dealers et le trafic de drogue, et un volet social pour venir en aide aux sans-papiers, toxicomanes et sans-abri. Malheureusement, à ce jour, nos demandes restent sans résultats concrets“. Ils en appellent donc aux trois niveaux de pouvoir (fédéral, Région et bourgmestres) pour “travailler ensemble de manière étroite et concertée pour enfin s’attaquer au problème“.

Le fédéral très discret et peu présent

Au gouvernement fédéral, ces comités demandent des solutions concrètes, bien qu’il ait été selon eux “très discret et peu présent jusqu’à présent, alors même que l’asile et la migration relèvent de ses compétences. Le grand nombre de sans-papiers à Bruxelles, ainsi que les demandeurs d’asile qui ne reçoivent pas l’hébergement auquel ils ont droit selon la loi, sont les conséquences d’une gestion inefficace de la politique d’asile et de migration“.

Ainsi, “nous attendons un effort beaucoup plus signification de la part du gouvernement fédéral. A l’instar du Plan Canal déployé il y a dix ans pour faire face au retour des combattants syriens et au terrorisme, nous pensons qu’une nouvelle version de ce plan pourrait être le début d’une solution (…) Pour restaurer la cohésion sociale dans nos quartiers, il est nécessaire d’adopter une série de mesures : réparation des centres d’enregistrement des demandeurs d’asile avec un centre par région, répartition équitable des demandeurs d’asile et sans-papiers sur l’ensemble du pays, et action coordonnée sur l’offre et la demande de drogue“.

La Région “aurait dû placer nos préoccupations parmi les priorités du fédéral

Les comités de quartier expriment aussi leur rancoeur envers le niveau régional qui “aurait dû placer nos préoccupation parmi les priorités du gouvernement fédéral. Malheureusement, cela n’a pas été fait. Nous estimons que la Région n’a pas suffisamment défendu les intérêts de ses citoyens dans ce contexte“. S’ils saluent la création des quinze hotspots, “cette initiative n’a pas été accompagnée des ressources nécessaires sur le terrain pour assurer son efficacité“.

Quant aux bourgmestres des communes bruxelloises, “directement responsables de la sécurité locale, ont-ils réellement pris la pleine mesure de leurs responsabilités ? Ont-ils suffisamment fait pression sur le fédéral et la Région ?“, s’interrogent les comités. “La réponse est incertaine et semble varier d’une commune à l’autre“.

 

ArBr – Photo : Belga (illustration)

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04 octobre 2024 - 11h17
Modifié le 04 octobre 2024 - 15h50