La mobilité partagée doit couvrir toute la Région bruxelloise
Dans un mois, l’opérateur de carsharing en free floating, DriveNow, disparaîtra des voiries bruxelloises. Le modèle économique n’est toujours pas rentable. Pourtant, la ministre de la Mobilité, Elke Van den Brandt (Groen), souhaite développer et encourager la mobilité partagée. Pour elle, c’est la solution d’avenir si tous les Bruxellois peuvent y avoir accès. Pour cela, elle souhaite travailler avec les opérateurs privés de location de vélos, trottinettes, scooters et voitures en free floating afin que l’ensemble du territoire de la Région bruxelloise soit couverte.
La mobilité est l’une des priorités du gouvernement bruxellois. Et la mobilité partagée est au centre des éléments qui peuvent permettre aux habitants de la capitale de se passer d’une voiture individuelle. Aujourd’hui, déjà, la moitié des Bruxellois ne dispose pas d’une voiture particulière. Ils empruntent les transports en commun ou des moyens alternatifs comme le vélo, la trottinette, la voiture partagée.
Du côté des vélos, seul Villo offre une couverture de l’ensemble du territoire régional. Les autres sociétés ne proposent leur service que dans des zones restreintes. Elles invoquent notamment des problèmes de vandalisme. “Je veux mettre autour de la table tous les acteurs de la mobilité ainsi que les communes et les zones de police”, précise la ministre. “Nous devons leur expliquer qu’il faut des offres dans les 19 communes et qu’ils peuvent aussi mettre du matériel plus robuste. Cela s’améliore mais le parcours est long.”
Zones couvertes par Villo, Bily bike et Jump
Autre problème à régler: le stationnement de ces deux roues en free floating. “Pas mal de communes souhaitent installer des arceaux à vélos à chaque carrefour. Nous mettons aussi en place des drop zones où il est possible de laisser sa trottinette. Et puis nous avons 14 agents ‘sanctionnateurs’ qui verbalisent en cas de mauvais stationnement.”
Les voitures partagées, un système pas rentable
“Pour les voitures, nous devons favoriser la voiture partagée plutôt qu’individuelle. Une voiture partagée est utilisée en moyenne par 16 familles, explique Elke Van den Brandt. Cela veut dire que nous pouvons libérer 15 places de stationnement et construire une ville plus conviviale.”
Chez Cambio, l’opérateur historique, les affaires roulent. Les demandes augmentent. Un véhicule enregistre une rotation de 1,7 en semaine et de 3 le week-end avec une moyenne de 80km parcourus. L’usager peut aussi louer différents types de véhicules et bientôt, il pourra rouler en vélo cargo. “Nous allons aussi encourager Cambio à électrifier sa flotte, complète la ministre. Nous allons installer des bornes de recharge qui pourront aussi servir aux particuliers.”
Zone couverte par Cambio
Par contre, pour les voitures partagées en free floating, la rentabilité n’est toujours pas assurée. Avec le départ de DriveNow, Poppy a décidé de tripler sa flotte. De 100 véhicules disponibles, elle passera à 300 mais ils resteront concentrés dans la même zone de Bruxelles. Un autre opérateur a demandé une licence d’exploitation et devrait arriver prochainement sur le marché.
Zone couverte par Poppy (scooters et voitures électriques)
Pour les communes du Nord, la mobilité en free floating reste inaccessible. Les échevins de la Mobilité de Jette, Molenbeek, Anderlecht et même Woluwe-St-Pierre, regrettent fortement l’absence de ce service. Lors des enquêtes de mobilité, les citoyens le réclament très régulièrement, contrairement à ce que prétendent les sociétés privées.
Alors pour les forcer à desservir les 19 communes, la ministre envisage de conditionner l’octroi de la licence d’exploitation à la mise en service des véhicules sur toute la Région. “Nous pouvons conditionner les autorisations mais il ne faut pas les forcer trop rapidement. C’est un trajet qu’il faut avoir en respectant la rentabilité du service.”
La Région pourrait ainsi imaginer un plan sur trois ans pour laisser le temps à l’opérateur de grandir et de trouver sa vitesse de croisière. En tout cas, chez Poppy, on n’est pas opposé à cette idée mais il faut d’abord que le client soit satisfait. Pour cela, il doit trouver rapidement un véhicule sinon il ne fera plus appel au service.
Lorsque les opérateurs auront conquis toute la Région, l’administration Bruxelles Mobilité mettra en place des campagnes de communication afin d’encourager les catégories de population qui n’utilisent pas encore ces dispositifs à les louer pour leurs déplacements quotidiens.
■ Reportage de Marine Guiet, Elodie Fournot et S. Rondeau.
Vanessa Lhuillier