En ordre dispersé, le Parlement bruxellois adopte une résolution contre l’antisémitisme
Le parlement bruxellois a donné son feu vert, vendredi, en ordre dispersé -46 oui et 35 abstentions-, à une résolution initialement censée marquer la pleine l’adhésion de la Région bruxelloise à la Stratégie européenne de lutte contre l’antisémitisme et de soutien à la vie juive.
Le débat de vendredi s’est toutefois révélé moins tendu que lors de la séance de commission qui avait eu lieu trois jours après l’attaque terroriste du Hamas en Israël, sur ce thème très sensible dans une ville aux 184 nationalités.
a résolution déposée par Viviane Teitelbaum et co-signée par des élus de l’opposition Les Engagés, mais aussi de la majorité (DéFI et Open Vld). invitait à marquer l’adhésion de la Région bruxelloise à la Stratégie européenne de lutte contre l’antisémitisme et de soutien à la vie juive.
Cette stratégie se fonde sur la définition de l’antisémitisme de l’International Holocaust Remembrance Alliance, que certains ont souhaité écarter du texte de la résolution, craignant que cela ne permette d’assimiler les critiques qui peuvent être faites à l’encontre de l’État d’Israël à de l’antisémitisme.
Le texte a donc été amendé dans ce sens, à l’initiative d’élus PS et Ecolo, au grand dam des co-signataires.
Différentes réactions
Viviane Teitelbaum (MR) a considéré la commission “comme un moment de rupture dans ma vie parlementaire” et un dénigrement d’une facette de son identité. “Vous avez dénaturé un texte d’adhésion à la stratégie européenne de lutte contre l’antisémitisme et de soutien à la vie juive“, a-t-elle reproché aux écologistes et aux socialistes. Abondant dans son sens, Marie Nagy (DéFI) a souligné que le texte était pourtant clair: “critiquer l’Etat d’Israël n’est pas de l’antisémitisme“. “Qu’est-ce qui vous pose problème? Ce n’est pas celui-ci, c’est la posture politique“, a-t-elle dit, aux côtés de Marc Loewenstein, pas demeuré en reste dans le débat .
Soulignant que le PS avait “un grand héritage dans la lutte contre l’antisémitisme“, le chef du groupe socialiste, Ridouane Chahid, s’est défendu d’avoir voulu vider le texte de sa substance, mais au contraire d’avoir voulu le renforcer. “Nous n’avons pas cherché à ne pas condamner les actes du Hamas du 7 octobre dernier ni cherché à diminuer certains problèmes bien réels dans certains quartiers“, a-t-il dit au passage.
Pour John Pitseys (Ecolo), “l’antisémitisme doit être condamné mais aussi combattu… C’est une flétrissure morale qui s’inscrit dans notre histoire depuis 2000 ans à travers toutes les strates sociales“. Pour lui, la définition de l’IHRA n’est pas utile dans le texte, voire “contre-productive” si c’est pour lutter contre l’antisémitisme “qui doit toutefois être l’objectif de tous“. A ses yeux, l’accord plus large sur le texte a tenu “à un ou deux mots“.
Ce dernier propos n’a guère plu à Céline Fremault (Les Engagés) pour qui il eût fallu prendre le temps nécessaire, des heures, sinon des jours, pour arriver à un positionnement unanime et non une variante du texte qui ne reflète plus le travail proposé par les co-signataires.
Quelques jours après avoir tenu des propos fortement critiqués au sujet du contexte de l’attaque du Hamas en Israël, Fouad Ahidar (Vooruit) a voulu une nouvelle fois remettre les pendules à l’heure en condamnant le racisme et l’antisémitisme dont il reconnaît l’existence à Bruxelles. Non sans déplorer le départ de l’hémicycle du MR lorsqu’il a pris la parole, il a plaidé pour des actes concrets, au-delà de la condamnation. “Mme Teitelbaum se plaint que les Juifs de Bruxelles se sentent abandonnés. Mais où est la police ? Où est le système judiciaire? Ces leviers sont entre les mains du gouvernement fédéral“, a-t-il dit à l’attention des libéraux.
Belga