“Pas d’expulsion vers le Soudan tant qu’une enquête n’aura pas fait la lumière” dit Michel
Il n’y aura pas d’expulsion de Soudanais tant qu’une enquête indépendante n’aura pas éclairci les informations relatives à leur mauvais traitement lors de leur retour au Soudan, a indiqué le Premier ministre, Charles Michel, devant la Chambre. Il espère en obtenir les résultats au mois de janvier. En attendant hier soir, une opération de police a eu lieu à la gare du Nord et au parc Maximilien.
Les nationalistes flamands n’ont pas paru sur la même longueur d’ondes que le Premier ministre. Ils ne veulent pas entendre parler de suspension des expulsions vers le Soudan. Le désaccord est apparu en séance plénière. “Il n’y pas de suspension, et c’est une bonne chose”, s’est félicitée jeudi Sarah Smeyers (N-VA).
Mercredi, M. Michel avait annoncé que ces expulsions étaient suspendues jusqu’à la fin janvier tandis que le secrétaire d’Etat à l’Asile, Theo Francken (N-VA), expliquait qu’il n’y avait de toute façon pas d’expulsion programmée vers le Soudan prévue avant cette échéance.
Le Premier ministre s’est gardé de se prononcer sur les informations parues mercredi, qu’il a apprises par la presse. “C’est peut-être vrai. Dans ce cas, c’est très grave et nous devrons réagir. Mais nous devons d’abord mener une enquête indépendante”, a-t-il souligné. Le gouvernement arrêtera les modalités de cette enquête vendredi.
M. Michel a insisté sur l’importance de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui prohibe la torture et les mauvais traitements, “un principe sacré”. Il n’a toutefois pas n’a pas remis en cause l’action de son gouvernement dans ce dossier. Il s’agit d’empêcher que ne se constitue à Bruxelles un “Calais bis”, a-t-il rappelé, peuplé de “transmigrants” qui pour leur grande majorité ne souhaitent pas demander l’asile en Belgique mais se rendre en Grande-Bretagne. “La Belgique a agi, dans ce cadre, comme d’autres pays européens”, a-t-il dit.
“On avait prévenu” dit l’opposition
L’opposition n’a pas manqué de rappeler au gouvernement les mises en gardes qui lui avait adressées à propos de sa “coopération technique” avec le Soudan, l’une des dictatures les plus répressives de la planète. “Les pires craintes se sont vérifiées”, a fait remarquer Georges Dallemagne (cdH). “Êtes-vous parvenu à dormir hier soir?”, a demandé Julie Fernandez-Fernandez (PS), alors que Benoît Hellings (Ecolo) fustigeait la “honte” de la Belgique, prix à payer pour avoir coopéré avec une police politique. La politique menée par la majorité traduit une “idéologie de fond”, selon Raoul Hedebouw (PTB): “tous les étrangers sont des profiteurs, alors, dehors”. DéFI s’est attiré les foudres du Premier ministre en utilisant les mots de “rafles” et de “déportation”: un “amalgame scandaleux” avec une autre période de l’histoire, d’après M. Michel.
Sur les bancs de la majorité, le climat n’était pas au beau fixe. La N-VA n’a pas applaudi la réponse de M. Michel. Le CD&V a fustigé les nationalistes. “Bien sûr, il faut une politique de retour mais toujours dans le respect des droits de l’homme, et sans risque que les personnes soient maltraitées. Si on ne peut le garantir, on ne peut les renvoyer. Il s’agit d’êtres humains”, a lancé Nahima Lanjri à la N-VA et à M. Francken. Après la réponse du Premier ministre, M. Francken a quitté l’hémicycle.
►Revoir : une opération de police ciblant les migrants mène à 14 interpellations
- Reportage de Camille Tang Quynh et Thierry Dubocquet