Des initiatives s’organisent pour inciter les femmes à se lancer dans les métiers de l’informatique
Dès la primaire, des formations aux codages existent en activité parascolaire. D’autres sont données pour les chercheuses d’emploi ou les réorientations professionnelles. Il reste à franchir la porte de ces formations IT qui ont un taux d’insertion qui se situe entre 75 et 100%.
L’un des défis de notre société est de casser les clichés. Directrice d’Interface 3, un centre de formation pour femmes en recherche d’emploi en informatique, Laure Lemaire y accorde une vive importance. “Notre spécialité est de travailler avec des femmes adultes. Nous identifions des freins très clairs sur lesquels nous travaillons comme la féminisation des noms des métiers. Nous sommes aussi très attentifs au fait que dans les formations, elles ne se retrouvent pas trop en minorité parce qu’il s’agit d’un frein aussi. Elles n’ont pas envie d’être seule dans un auditoire de 150 garçons.”
Le bât blesse aussi ailleurs : “Souvent les femmes, quand elles veulent se réorienter, n’ont pas de prérequis en codage par rapport à certains garçons. Elles sont alors recalées soit parce qu’elles n’y connaissent rien, soit parce qu’elles n’ont pas confiance en elles.”
Primaire : les parents doivent oser
Justement, Dimitri Krings, co-directeur de CodeNPlay, veut que les filles dès leur plus jeune âge s’y intéressent : “On donne cours aux enfants jusqu’à 12 ans voire 13-14 ans. Malgré des campagnes ciblées sur le sujet, il est difficile d’arriver à la parité filles/garçons. En général, nous sommes heureux quand nous avons un tiers des filles dans la classe ». Pour lui, la plus grande barrière aux inscriptions en primaire ne vient pas des enfants “mais plutôt des parents”. Voilà 4 ans qu’il a lancé CodeNPlay : “L’année passée, nous avons touché presque 2.000 personnes que cela soit pour des initiations ponctuelles, dans le parascolaire et la formation des enseignants. Nous donnons ces formations à des femmes-enseignantes et elles deviennent des exemples alors pour les jeunes filles. ”
Laure Lemaire, directrice d’Interface 3, abonde: “Il est important qu’il y ait de plus en plus de femmes qui fassent les animations. Les ateliers que l’on mène depuis 2018 nous montrent que cela fonctionne bien. Ces ateliers sont donnés par des femmes qui ont été formées chez nous”. Pour elle, “à l’adolescence, l’informatique est encore trop associé à un métier de Geek avec son sandwich devant son écran. Un métier et un apprentissage qui ne seraient pas sociables. Dans les Hautes Ecoles du coup, il y a moins de 10% de jeunes filles. C’est pour cela que nous mettons sur pied des formations non-mixtes. Cela leur permet de reprendre confiance”. Elles peuvent toucher à tous les métiers de la programmation (front-end et back-end developer, Game developer) et aux métiers de l’infrastructure IT (administration systèmes et réseaux, sécurité et support IT). “Le taux d’insertion sur le marché de l’emploi suite à nos formations IT se situe entre 75 et 100%“.
Pour tous les âges
Une situation sur le terrain qui est confirmée par Charlene Crespel, COO de BeCentral: “C’est une véritable source de création d’emplois. Le fait que l’on fasse des événements workshop “féminin” permet à certaines femmes de franchir le pas. Une des filles que j’ai récemment rencontré me disaient que, même quand une fille est motivée de travailler dans une équipe TECH, il est difficile de la garder dans cet emploi parce qu’il y a peu de femmes dans les équipes notamment. C’est vraiment dommage. Nous devons donc encore sensibiliser le monde du travail à l’importance de la place des femmes dans les carrières technologiques.”
Elle voit un autre frein : “Certaines femmes ont parfois peur d’entrer sur le marché du travail du codage parce qu’elles ont plus de 40 ans. Il ne faut pas. Il y a des opportunités pour chacune suivant leurs profils et ce qu’elles veulent accomplir comme tâche dans le secteur technologique. Il faut changer les états d’esprit.”
Il ne reste plus qu’à franchir la porte pour trouver un emploi ou une initiation scolaire, qui représentera plus tard un attrait pour le secteur… Peut-être au travers des trente ateliers d’une journée réunissant chacun entre 20 et 30 élèves qui sont programmés pour ce dernier trimestre 2021 au sein d’Interface 3 par exemple!
Vincent Liévin – Photo: DR