Des équipes spécialisées en santé mentale pour aider la police bruxelloise

Les équipes mobiles de crise spécialisées en santé mentale, qui aidaient déjà la police bruxelloise à prendre en charge les personnes souffrant de problèmes psychologiques, seront considérablement renforcées, a annoncé la Ville de Bruxelles. Un projet pilote de 1,7 millions d’euros par an a été présenté mercredi à la police de Bruxelles, en présence du bourgmestre bruxellois Philippe Close et du ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, Frank Vandenbroucke.

“En 2022, nous avons eu plus de 1.600 appels pour des personnes atteintes de troubles psychologiques, soit une augmentation de 24% par rapport à 2020. Ce chiffre ne cesse d’augmenter au fur et à mesure des années”, a déploré le chef de corps de la zone Bruxelles Capitale et Ixelles, Michel Goovaerts.  Lorsque la police est confrontée à des personnes sans abri, elle peut faire appel au Samusocial, au CPVS quand il s’agit de victimes de violences sexuelles et à l’ASBL “Transit” pour les personnes souffrant d’addictions aux drogues, a rappelé M. Goovaerts.

“Cependant, la police bruxelloise n’avait pas encore de partenaire conséquent sur lequel s’appuyer pour prendre correctement en charge les personnes souffrant de problèmes psychologiques”.  La zone de police de Bruxelles-Capitale a ainsi salué l’initiative du bourgmestre Philippe Close (PS), “qui permettra aux inspecteurs de police de faire appel à des experts lorsque c’est nécessaire”, a conclu Michel Goovaerts. Concrètement, 1,7 millions d’euros seront annuellement alloués au projet, a annoncé Frank Vandenbroucke (Vooruit). Le staff des équipes médicales mobiles sera plus que doublé (passant de 32 ETP à 70 ETP) et leur disponibilité sera bien plus immédiate et effective qu’auparavant pour instaurer une notion de “réaction dans l’urgence”, a précisé Vandenbroucke.

Trois grands plans d’action

Des lits supplémentaires en soins intensifs d’urgence seront également dans les deux hôpitaux concernés par la collaboration, à savoir les CHU Saint-Pierre et Brugmann ainsi que les cliniques de Saint-Luc. “Nous sommes confrontés à des phénomènes de santé mentale jamais atteints, en tout cas au niveau de leur visibilité dans l’espace public. Face à ces enjeux, nous avons cherché une réponse qui ne soit pas uniquement une réponse policière, mais qui relève surtout d’une approche de santé publique”, a déclaré Philippe Close. L’ambition du projet est ainsi de “désengager la police de compétences qui ne sont pas directement les siennes”, a ajouté Close. Celui-ci a par ailleurs annoncé la mise en place d’une journée de formation (à hauteur d’un budget de 150.000 euros) pour les policiers des trois zones de police, afin de mener à bien cette coopération.

Trois grands plans d’action sont prévus dans ce travail collaboratif. En premier recours, les policiers bénéficieront d’une ligne téléphonique directe (de 9h00 à 15h00 dans un premier temps, avec un objectif de 24h/24) avec les équipes médicales. Celles-ci, en fonction de la situation, décideront de la marche à suivre (besoin d’ambulance, identification de la personne, etc.), qu’elles communiqueront à la police. Si la situation l’exige, l’équipe pourra également se rendre sur place dans un délai de 30 minutes, afin de désamorcer la situation.

Enfin, si besoin est, elle procédera à la prise en charge et au travail d’accompagnement nécessaire auprès de la personne concernée. “Avec ce dispositif d’appui psycho-social urgent à la police, nous espérons contribuer à faire diminuer la pression sur les hospitalisations sous contrainte, en agissant en amont de celle-ci. Une permanence téléphonique et des équipes mobiles d’intervention urgente devraient permettre de réorienter au mieux les patients dans le réseau de soin, en évitant des escalades inutiles”, s’est enthousiasmé le chef de service psychiatrie et psychologie médicale au CHU Brugmann, Charles Korneich. Les zones de police Ouest, Nord et Bruxelles-Capitale/Ixelles sont concernées par l’initiative, qui débutera le 15 décembre prochain.

Belga 

■ Une interview de Charles Kornreich, par Camille Paillaud

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23 novembre 2023 - 13h30
Modifié le 23 novembre 2023 - 13h37