Comment devient-on terroriste ? Une docteure de l’ULB a étudié les facteurs humains derrière ces recrutements

Le 5 décembre prochain débutera le procès des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles. Comment des jeunes qui ont grandi en Belgique ont-ils pu devenir terroristes ? Aicha Bacha, docteure en sciences politiques et sociales à l’ULB, a tenté d’y répondre. Elle était l’invitée du 12h30 ce lundi.

Comment des jeunes qui ont grandi en Belgique ont-ils pu devenir terroristes ? Cette question, Aicha Bacha, docteure en sciences politiques et sociales à l’Université Libre de Bruxelles, a tenté d’y répondre dans un livre, “Le djihad en héritage sur le territoire belge”.

“Nous savons que le terrorisme a plusieurs facteurs, sociaux et économiques, qui font que ces jeunes partent faire le djihad en Syrie. Il y a également les conflits internationaux, sans parler des idéologies qui se propagent de plus en plus. Mais le terrorisme a besoin, à mon sens, d’un vivier de recrutement. Je me suis donc dit que si je travaillais sur l’aspect humain, cela pourrait sensibiliser notre société sur le fait qu’il est urgent d’agir contre ce phénomène”, indique l’autrice.

Son travail axé sur les familles et plus particulièrement sur les mères des terroristes est en ce sens inédit. La docteure en a ainsi interrogé 52. “C’était un gentil garçon”, ressort-il en premier lieu des entretiens réalisés avec les mères.

Durant six ans, elle a suivi le quotidien de ces mères, a analysé leurs parcours, leurs relations intra-familiales et leurs situations socio-économique et culturelle. “Ce qui me préoccupait, ce sont les dysfonctionnements au sein même de la famille qui ont amené des jeunes Belges issus de la diversité marocaine à être embrigadés”, indique Aicha Bacha. “Parmi les raisons, on note notamment l’absence du père”. “D’ailleurs, à chaque fois que j’ai mené les entretiens au domicile des familles, le père n’était pas là.”

Le livre d’Aicha Bacha, “Le djihad en héritage sur le territoire belge”, est paru aux éditions L’Harmattan. Selon son autrice, cette “thèse n’est pas un devoir de mémoire mais un travail de citoyenne”.

■ Interview de Aicha Bacha, docteure en sciences politiques et sociales à l’ULB, dans le 12h30