“ASSEZ! Bruxelles ne peut plus attendre!”: les 40 Comités de quartier publient une lettre ouverte
Les 40 Comités tirent la sonnette d’alarme et demandent des mesures fortes.
“Chaque semaine, de nouveaux tirs rappellent une réalité insoutenable : nos quartiers se délitent, et une violence inacceptable tend à s’y banaliser. Face à cela, nous, citoyens des 40 comités, lançons un cri d’alarme et de ralliement : Bruxelles mérite mieux !“: les associations de quartier bruxelloises réclament des “mesures immédiates et concrètes pour restaurer l’ordre et le respect (…) face à une situation intenable“. “Nous ne voulons plus de discours creux ni de promesses sans lendemain. La population bruxelloise se sent abandonnée, laissée seule face à l’insécurité, l’insalubrité et une pauvreté croissante.”
“L’indifférence des dirigeants, piégés dans leurs querelles futiles – voire pire, heureux du blocage actuel – met en péril la sécurité de chacun et la confiance des citoyens. Sans gouvernement et sans actions urgentes des autorités, c’est une population entière qui risque de basculer dans la colère et l’extrémisme“, dénoncent les associations. “C’est choquant de voir ainsi des individus lourdement armés se balader dans le métro à côté des gens se rendant à leur travail“, disaient déjà hier les comités de quartier après la fusillade devant la station Clemenceau. “Il n’y a pas que les édiles locaux à devoir se retrousser les manches. Les autorités régionales ont aussi, selon lui, du pain sur la planche. “Elles ont fait bien peu de choses depuis que nous avons attiré son attention à cet égard en 2023“.
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La lettre ouverte des 40 Comités de Quartiers aux responsables politiques régionaux et nationaux
ASSEZ ! Bruxelles ne peut plus attendre !
Depuis deux jours, trois fusillades ont éclaté à Bruxelles, dont certaines avec des armes de guerre, faisant plusieurs blessés. Trois fusillades de plus…
Il y a des chiffres qui résonnent comme des coups de feu. En 2024, notre capitale a connu 89 fusillades, 9 morts et 48 blessés, dus pour la plupart à des règlements de comptes entre bandes rivales. Cette violence galopante accroît drastiquement le ressenti d’insécurité de nos concitoyens.
Chaque détonation fragilise un peu plus le lien social et creuse le désarroi d’une population bruxelloise qui ne demande qu’une chose : vivre en paix ! Pourtant, cette paix semble hors de portée. Chaque semaine, de nouveaux tirs rappellent une réalité insoutenable : nos quartiers se délitent, et une violence inacceptable tend à s’y banaliser.
Face à cela, nous, citoyens des 40 comités, lançons un cri d’alarme et de ralliement :
Bruxelles mérite mieux !
Nous ne voulons plus de discours creux ni de promesses sans lendemain. La population bruxelloise se sent abandonnée, laissée seule face à l’insécurité, l’insalubrité et une pauvreté croissante.
Ces trois maux, bien que distincts, s’entrelacent pour nourrir un sentiment général de malaise et d’abandon.
La propreté publique défaillante reflète une gestion apathique, qui ne fait qu’aggraver le sentiment d’insécurité ambiant.
La nouvelle équipe gouvernementale, qui se fait trop attendre, paralysée par des marchandages politiques bien éloignés de l’intérêt des citoyens, devra immédiatement prendre ses responsabilités.
La sécurité et la propreté ne sont pas des options : elles sont les fondements d’un cadre de vie digne !
L’Europe mérite mieux !
L’insécurité et l’insalubrité ont un corollaire non moins inacceptable : la honte ! Bruxelles est la capitale européenne, un symbole et un honneur.
Mais aujourd’hui, elle souffre d’une image ternie par la violence, l’inaction et l’impuissance, dues à de multiples strates décisionnelles aussi inefficaces que paralysantes.
Nous ne pouvons accepter que cette situation devienne la norme.
Une partie de la population quitte Bruxelles. En sera-t-il bientôt de même pour les entreprises internationales, lassées d’accueillir leurs visiteurs dans des conditions dégradées en termes de sécurité, de propreté et de mobilité, dans un espace public laissé à l’abandon ?
En décembre dernier, les CEO d’AXA, ING et Deutsche Bank ont envoyé un message très clair. Le comprendrez-vous ?
Nous exigeons des mesures immédiates et concrètes pour restaurer l’ordre et le respect dans notre ville :
1. Une réponse ferme et rapide à la criminalité
- Renforcement des moyens pour les forces de l’ordre, à la fois pour les polices communales et fédérales.
- Refinancement et modernisation de la justice bruxelloise pour qu’elle soit plus efficace, plus rapide et informatisée.
- Suppression des blocages absurdes liés aux règles linguistiques, qui ralentissent considérablement l’action judiciaire.
2. Une amélioration visible de l’espace public
- Un véritable plan d’embellissement et d’entretien des quartiers.
- Une simplification drastique des organes en charge de la propreté publique, aujourd’hui trop bureaucratiques et inefficaces.
3. Une véritable politique sociale pour les sans-abris et les sans-papiers
- Une coordination à l’échelle nationale et régionale pour éviter la concentration des sans-abris et sans-papiers dans certaines zones.
- Un meilleur accompagnement social et des perspectives de réinsertion pour les plus vulnérables, afin d’éviter qu’ils ne tombent dans les réseaux criminels.
4. Une répartition régionale des demandeurs d’asile et sans-papiers
Il est singulier de constater que la Belgique, championne de la régionalisation, continue à faire de Bruxelles le point d’enregistrement unique et central des demandes d’asile.
- Cette configuration injuste entraîne une concentration ingérable de demandeurs d’asile (plusieurs milliers) et de sans-papiers (entre 80 000 et 150 000) que Bruxelles ne peut plus assumer seule.
- L’asile est une matière fédérale : les deux autres régions doivent prendre leurs responsabilités et soulager Bruxelles en accueillant une part équitable des demandeurs d’asile, en fonction de leurs capacités d’accueil.
Bruxelles ne peut plus attendre.
Vous connaissez la situation : elle est intenable !
Nous ne pouvons plus attendre davantage un nouveau gouvernement.
L’indifférence des dirigeants, piégés dans leurs querelles futiles – voire pire, heureux du blocage actuel – met en péril la sécurité de chacun et la confiance des citoyens.
Sans gouvernement et sans actions urgentes des autorités, c’est une population entière qui risque de basculer dans la colère et l’extrémisme.
Si vous restez immobiles, souvenez-vous de cet avertissement prémonitoire de feu Paul Van Den Boeynants : ‘’Quand tous les dégoûtés seront partis, il ne restera que les dégoûtants’’
Le temps presse, et la responsabilité est entre vos mains !