Aide alimentaire : des associations dénoncent la monétisation des invendus par les start-ups
Loco a organisé ce matin une action symbolique devant une boutique de la start-up bruxelloise “Happy Hours Market“.
■ Reportage Jim Moskovics, Yannick Vangansbeek et Laurence Paciarelli
Dès 10h00, une vingtaine de personnes, membres d’associations d’aide alimentaire notamment, ont déposé des cageots vides devant le magasin situé place Bethléem, à Saint-Gilles. “Aide alimentaire: le hold-up des start-ups?“, interrogeait ainsi une banderole étendue sur la montagne de caisses vides.
Qu’il s’agisse de Happy Hours Market, Too Good to Go ou encore Phenix, les organisateurs dénoncent la monétisation des invendus par ces start-ups, qui mettraient en danger “la stabilité financière des institutions du secteur associatif“.
“Depuis l’arrivée de ces sociétés commerciales, nos associations ne bénéficient quasiment plus des dons d’invendus des supermarchés, étant donné que ces start-ups les rachètent directement à la source“, explique ainsi Dominique Watteyne, membre du “Collectif récup” d’Ixelles. “La charité n’est pas commercialisable“, insiste-t-elle.
Concurrence “sur le dos des pauvres”
Cette concurrence “perdue d’avance” avec ce “nouveau marché lucratif sur le dos des plus pauvres“, conjuguée à la franchisation croissante des grandes surfaces, amènent les associations à devoir mettre en place des collectes alimentaires pour pouvoir proposer des produits de qualité à leurs bénéficiaires.
“Nous demandons donc à la moyenne et grande distribution de renforcer les liens de collaboration avec les associations d’aide alimentaire, et aux autorités bruxelloises de mettre en place des dispositions pour la récupération systématique d’invendus par l’aide alimentaire“, déclare le réseau Loco.
Celui-ci réclame en outre un cadre législatif sur la politique de dons, en vue de favoriser celui-ci vers le réseau d’aide alimentaire et éviter sa marchandisation.
“Il y a de la place pour tout type d’initiatives, privées aussi”,
La start-up bruxelloise Happy Hours Market argue qu’il “y a de la place et de la marge pour tout type d’initiatives” afin de lutter contre le gaspillage alimentaire, en réponse à l’action menée jeudi matin.
Happy Hours Market soutient qu’il est “important d’avoir des initiatives privées, l’aide publique et les associations – qui fournissent un travail incroyable – ne pouvant pas être sur tous les fronts”. La start-up rappelle son objectif de lutte contre le gaspillage alimentaire, et sa volonté d’agir complémentairement aux associations. Elle reconnaît en outre monétiser son activité, et passer par un stade de vente d’une partie des produits récupérés “pour couvrir les frais de l’entreprise, comme toute entreprise qui se veut pérenne”.
Depuis sa création, elle se félicite par ailleurs d’avoir créé plus de 30 emplois fixes, en plus de faire travailler “beaucoup d’étudiants motivés et enthousiastes”. “Nous livrons tous les jours des denrées saines à divers organismes caritatifs et tous les produits ne correspondant pas aux normes de consommation sont écartés”, répond également l’application au réseau Loco. Celui-ci déclarait notamment jeudi matin que plus d’une trentaine de structures associatives, travaillant auparavant avec ce type d’applications, avaient cessé leur partenariat à cause de l’état particulièrement déplorable des invendus reçus par ces dernières.
La start-up assure “ne rien imposer” et compte “continuer à travailler et à se développer avec ceux qui le veulent et qui portent des valeurs et objectifs communs aux nôtres”.
Avec Belga