Communales 2024 : Seulement 28% des têtes de liste sont des femmes

Les listes de candidats pour les communales du 13 octobre sont aujourd’hui toutes connues et validées. Sur les 124, seules 35 sont emmenées par des femmes. Un chiffre qui n’a pas évolué par rapport à 2018.

Où sont les femmes en politique? C’est la question que nous pouvons nous poser en regardant les débats commune par commune diffusés sur notre antenne depuis le 16 septembre. Souvent, il n’y a qu’une seule femme tête de liste qui vient débattre. Ce fut le cas pour Watermael-Boitsfort, Ixelles ou encore Saint-Gilles. Pire, à Saint-Josse, aucune femme n’est tête de liste. A l’inverse, à Auderghem, les quatre listes présentes sont emmenées par des femmes. 

Sur l’ensemble des 124 listes, seules 35 ont des femmes à la première place, soit 28%. En 2018, la proportion était la même. Or, depuis les dernières élections, le système dit de la tirette, à savoir une alternance entre les genres, est obligatoire. Cependant, les sections locales confient souvent le leadership à un homme. 

Des écarts entre les partis

Lorsque l’on regarde parti par parti, des différences apparaissent. Ainsi, les listes de la Team Fouad Ahidar ne comptent aucune femme à la première place. La N-VA et le Vlaams Belang ont tous les deux 33% de femmes. Vooruit ne présente qu’une seule liste qui est emmenée par une femme.

Pour les partis francophones qui font liste commune (par exemple les Engagés et le MR à Woluwe-Saint-Pierre), nous avons regardé le parti de la tête de liste pour déterminer le nombre de femmes.

DéFi et Ecolo, les bons élèves

Dans les partis traditionnels, les femmes sont peu présentes. Les Engagés n’a placé que 3 femmes tête de liste sur 14. Le MR est à 23% et le PS, 26%. On s’aperçoit qu’historiquement, les socialistes ont du mal à placer des femmes en haut de liste. 

►Communales 2024: les listes complètes dans votre commune

Chez Ecolo, on veille à une parité sur la Région bruxelloise. Ainsi, les verts ont 47% de femmes tête de liste. Chez DéFi, la même règle n’existe pas, mais les amarantes sont presque à la parité avec 45%. Un peu par hasard.

“Il faut aussi se rappeler que les élections communales sont des élections très personnelles”, explique la politologue de l’ULB, Emilie Van Haute. “Il est donc compliqué de se faire connaître et bien souvent, la première place n’est prise que lorsque la tête de liste historique arrête la politique.”

Quelles sont leurs chances de devenir bourgmestre?

Si on pousse un peu plus loin l’analyse, on se rend compte que les quelques cheffes de file sont rarement en position de devenir bourgmestre. En étant optimiste, nous pouvons estimer que six communes pourraient être techniquement dirigées par des femmes en décembre prochain. Il s’agit de Nadia Kammachi (Ecolo) pour Anderlecht, Valérie Glatigny (MR) ou Sophie de Vos (DéFi) à Auderghem, Séverine de Laveleye (Ecolo) à Forest, Claire Vandevivere (Les Engagés) à Jette, Catherine Moureaux (PS) ou Gloria Garcia Fernandez (MR) à Molenbeek et enfin, Catherine Morenville (Ecolo) à Saint-Gilles.

Si on affine au regard des résultats des élections de juin dernier, nous pourrions même ne retenir que les communes d’Auderghem, Jette et Molenbeek, soit des communes qui sont déjà gouvernées par des femmes. Les bourgmestres sortantes pourraient être reconduites, mais aucune nouvelle figure ne semble pouvoir émerger, sauf surprise à la sortie des urnes ou dans les alliances.

Rappelons tout de même qu’au lendemain du scrutin d’octobre 2018, seule Catherine Moureaux a été désignée comme bourgmestre. Sophie de Vos, Mariam El Hamidine (Ecolo) pour Forest ou encore Claire Vandevivere ont pu ceindre l’écharpe maïorale qu’après le départ des bourgmestres historiques, à savoir Didier Gosuin et Hervé Doyen qui les ont désignées comme leur successeuse. 

“Le système de la tirette est efficace pour composer ensuite les conseils communaux et surtout les collèges dans lesquels un tiers des membres minimum doivent être de l’autre sexe, mais cela ne vaut pas pour la place de bourgmestre”, ajoute Emilie Van Haute. De là à dire que les hommes n’arrivent pas à lâcher les postes de pouvoir, il n’y a qu’une écharpe. 

Vanessa Lhuillier – Photo: BX1

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26 septembre 2024 - 15h30
Modifié le 26 septembre 2024 - 19h26