Les hôpitaux bruxellois ne sont pas encore prêts à déléguer les actes de soin à des personnes non qualifiées
En pleine deuxième vague de Covid-19, les hôpitaux font face à un manque important de personnel infirmier. Pour les soulager, la Chambre a voté en urgence, la semaine dernière, la possibilité de déléguer, de manière exceptionnelle et temporaire, des actes infirmiers à des personnes non qualifiées. Une mesure rapidement dénoncée par l’ensemble du personnel soignant. Les hôpitaux envisagent-ils de recruter du personnel non formé? Tour d’horizon des cliniques bruxelloises.
Du côté de la faîtière Iris, les hôpitaux publics bruxellois – CHU Brugmann, CHU Saint-Pierre, Hôpitaux Iris Sud (Baron Lambert, Etterbeek-Ixelles, Joseph Bracops, Molière Longchamps), l’Hôpital des enfants HUDERF et l’Institut Jules Bordet – une réunion aura lieu la semaine prochaine avec les directions d’abord, puis les syndicats. Un préavis de grève a d’ores et déjà été déposé. Délégations et personnel soignant se positionnent contre la mesure.
“A titre personnel, je suis pour. Pour les tâches peu qualifiées” affirme Etienne Wéry, administrateur délégué du réseau hospitalier Iris “On n’est pas dans un fonctionnement normal. J’entends le personnel infirmier qui estime qu’il y a dévalorisation de leur fonction, mais à la guerre comme à la guerre!”
Pour l’instant, les hôpitaux Iris font face à un manque criant de personnel infirmier. Principalement dans les plus petites structures : Brugmann, Bordet et l’HUDERF. Et la question se pose aujourd’hui de fermer certaines consultations pour récupérer du personnel soignant. “Nous verrons comment évoluent les chiffres la semaine prochaine” ajoute Etienne Wéry. “Nous sommes aussi confrontés au problème des heures supplémentaires. Il faudra revenir aux niveaux légaux d’ici la fin de l’année. “
Pas une solution pour les hôpitaux universitaires
Le personnel soignant de l’hôpital Erasme s’est mobilisé durant 24h mardi dernier pour dénoncer la mesure. Pas question pourtant de l’appliquer à Erasme. “On considère que l’expertise des soins infirmiers est une expertise qu’il faut conserver” confiait mardi sur notre antenne Jean-Michel Hougardy, directeur médical de l’hôpital Erasme. “Dans une certaine mesure, quand il est nécessaire de confier certains actes, on les limite à des étudiants en médecine qui sont déjà très avancés dans leur parcours.”
Les cliniques universitaires Saint-Luc n’envisagent pas non plus cette possibilité. “Nous n’avons pas fait appel à des personnes extérieures lors de la première vague, et ce n’est pas le cas non plus pour la deuxième vague” explique Sylvain Bayet, chargé de communication. “Nous avons besoin de personnes formées pour poser des actes de soin.” Comme en mars et avril derniers, certaines unités ont été fermées pour permettre à des infirmiers et infirmières de venir en renfort dans des unités Covid. “Ça a fonctionné lors de la première vague et ça fonctionne toujours comme ça aujourd’hui” conclut-il.
Même façon de procéder à l’UZ Brussel. “ Nous ne faisons pas appel à cette nouvelle loi” explique Karolien De Prez, porte-parole de l’UZ, “le personnel des unités où il y a moins de travail vient prêter main forte aux unités Covid.”
“Si on veut garantir une qualité de soins, il faut du personnel qualifié!”
Pas de volontaire, ni de personnel non qualifié non plus pour renforcer les équipes de la Clinique Saint-Jean, dans le centre-ville. “Depuis le passage des hôpitaux en phase 2B, il y a des tas de choses qu’on ne fait plus” explique Florence Feys porte-parole. “Tant qu’on réduit considérablement l’activité, on peut continuer comme ça. On se débrouille. On a toujours trouvé des solutions. Et si on veut garantir une qualité de soins, il faut du personnel qualifié!”
Même son de cloche du côté du personnel infirmier de l’Hôpital Delta, du Centre Hospitalier Interrégional Edith Cavell (CHIREC). Plusieurs dizaines de soignants se sont mobilisés ce jeudi midi pour protester contre la loi votée à la chambre la semaine dernière et pour demander au gouvernement fédéral la revalorisation de leurs conditions de travail et de leur salaire. Le CHIREC qui nous signale que pour l’instant, ses hôpitaux ne font pas appel à du personnel extérieur non qualifié.
Valérie Leclercq – Photo: BX1