Votre commune vous fournira-t-elle un masque pour le déconfinement ?

Masques de protection en tissu - Capture BX1

Devrons-nous porter un masque lors du déconfinement ? Le port du masque sera-t-il obligatoire, ou (fortement conseillé) pour tous les citoyens ? Le Conseil National de Sécurité ne s’est pas encore prononcé sur la question, mais le fédéral a déjà fait savoir qu’il n’organiserait pas lui-même une distribution de masques pour tous les Belges. Le gouvernement régional lui, discutera jeudi d’une éventuelle commande centralisée de masques pour que tous les Bruxellois puissent y avoir accès. Mais en attendant, de nombreuses communes prennent déjà les devants et s’organisent pour fournir des masques à leurs habitants. Est-ce le cas de votre commune ? Tour d’horizon des différentes stratégies adoptées jusqu’ici.

À Saint-Josse, la distribution de masques a déjà débuté. L’objectif est de distribuer plus de 30 000 masques en tissus réutilisables en 15 jours. Pour cela, les équipes font du porte-à-porte.

Pour le chef de cabinet de la bourgmestre de Schaerbeek, Marc Weber, si le Conseil national de sécurité décidait de rendre le port du masque obligatoire, ce serait alors au fédéral d’assumer la distribution de ces masques, et certainement pas aux communes. « Nous avons plus de 140 000 habitants. Il faudrait 2 masques par habitant, c’est juste impossible ! » dit Marc Weber. « On trouve des petites quantités de masques via des petits fournisseurs, mais ça ne suffirait pas. On travaille donc à toutes autres solutions et si la Région peut faire une commande groupée, ce serait plus intéressant ». La commune compte se focaliser sur les plus démunis, en ajoutant par exemple des masques aux colis alimentaires qui leur sont déjà livrés. Pour le reste, les autorités communales entendent jouer le rôle de relais d’information pour que ses habitants puissent se procurer par eux-mêmes des masques.

À Auderghem, l’objectif annoncé est que chaque habitant de la commune possède au moins un masque avant le 3 mai, date du début du déconfinement. Pour ce faire, les autorités comptent sur la solidarité des habitants. La commune a constitué des stocks de tissus et fait désormais appel à des bénévoles pour la confection de masques. Pour l’instant, elle peut compter sur le travail de 125 couturiers et couturières. Si cela ne devait pas suffire, un achat serait alors envisagé nous dit-on. En ce qui concerne la distribution de ces masques, priorité sera donnée aux personnes âgées et aux personnes qui doivent se déplacer en transports en commun notamment.

Interrogé par La Capitale, le bourgmestre d’Anderlecht, Fabrice Cumps (PS) partageait son intention de se focaliser sur les groupes à risque. « On attend que le fédéral donne des filtres, si cela se confirme, on imagine donner les filtres aux structures paracommunales pour fabriquer des masques pour les personnes plus fragilisées » peut-on lire dans les colonnes du journal.

Du côté de Berchem-Sainte-Agathe, on favorise également en premier lieu les initiatives citoyennes. La commune s’engage à fournir des « kits de coutures » contenant notamment du tissu aux bénévoles. Pour compléter, le service prévention prévoit aussi l’achat de masques auprès d’entreprises privées. « Une commande devrait partir prochainement pour 25 000 masques» assure la responsable communication du bourgmestre.  Chaque habitant devrait pouvoir bénéficier d’au moins un masque, et éventuellement d’un deuxième pour les personnes considérées comme prioritaires.

À la Ville de Bruxelles, des milliers de masques ont été commandés la semaine dernière. Mais comme la production risque de prendre du temps, la distribution se fera dans un premier temps par catégories : les agents communaux seront ainsi les premiers à recevoir 3 masques par personne. Ensuite, ce seront les élèves et professeurs des écoles qui pourront obtenir au moins un masque en tissu lavable et enfin les personnes de plus de 65 ans.

À Etterbeek l’objectif est que chaque habitant puisse avoir 2 masques réutilisables. Pourquoi 2 ? Pour que lorsque le premier est porté, le second puisse être lavé et ainsi de suite. Résultat, la commune tente de mettre la main sur 80 000 masques en tissu lavables, dont 30 000 avant le 4 mai. À la différence d’autres communes, Etterbeek compte sur ses habitants pour payer en partie ses achats imprévus. « L’idée c’est que chacun nous donne ce qu’il estime être le prix juste, comme ça nous récupérons une partie de l’argent investi, sans pour autant créer d’inégalités entre les habitants qui pourraient se permettre d’acheter des masques et ceux qui ne le pourraient pas » justifie le bourgmestre Vincent De Wolf (MR). La distribution des masques pourrait se faire quartier par quartier.

« C’est une dépense imprévue, mais nécessaire ». Le bourgmestre d’Evere, Ridouane Chahid (PS) annonce lui que la procédure d’achat de masque est en cours de finalisation. Là aussi la commune compte donner 2 masques par habitant. Mais le bourgmestre déplore la situation : « Si le gouvernement fédéral avait pris ses responsabilités, on en serait pas là. D’autres pays y arrivent alors pourquoi pas nous ? » demande-t-il. Pour ces masques, la commune prévoit un budget de 230 000 euros mais elle espère bien que la Région bruxelloise va aider à financer si pas totalement, au moins en partie ces achats. Ce mercredi, la commune annonce l’achat de 100 000 masques auprès de l’association Think Pink, alors que 1 000 masques ont déjà été acquis et donnés aux membres du personnel de l’administration communale.

À Forest aussi on espère que la Région bruxelloise va agir, surtout pour permettre un achat groupé pour toutes les communes. Un achat commun qui serait plus efficace selon Estelle Toscanucci, la porte-parole du bourgmestre. Tant que le Conseil national de sécurité, la Première ministre et la Région ne se sont pas exprimés sur le sujet, c’est difficile de se positionner, nous dit la porte-parole du bourgmestre. « Jusqu’ici nous reposons sur le bénévolat et la solidarité des citoyens qui confectionnent des masques. Ces masques ont été distribués en priorité aux agents communaux et aux personnes âgées » explique Estelle Toscanucci.

« La stratégie à ce stade n’est pas d’acheter des masques pour tout le monde, mais on le fera pour le public qui en a vraiment besoin. Aux autres on propose d’autres pistes pour pouvoir s’en procurer un » explique le bourgmestre d’Ixelles Christos Doulkeridis (Ecolo). La commune a rapidement acheté du tissu pour commencer la confection de masques via des bénévoles, explique le bourgmestre. L’objectif est la confection de 20 000 masques à destination des personnes les plus isolées, fragilisées. Pour les autres, la commune propose des plateformes et réseaux d’entre-aide pour se procurer un masque.

Le Bourgmestre de Jette, Hervé Doyen (cdH), veut surtout inciter ses habitants à se fabriquer eux-mêmes un masque ou à s’en procurer via la générosité d’autres citoyens en attendant de savoir si le port du masque sera obligatoire ou non. Une opération de production va aussi être lancée au sein de l’administration communale mais là aussi, on parle de bénévolat. Aucun achat n’a été fait à ce stade pour des masques à destination des citoyens. Le bourgmestre espère surtout que la Région va se charger de fournir ces masques, mais dans le cas contraire, la commune prendre le relais dit-il.

« Le Fédéral n’assurera pas la distribution de masques aux citoyens, alors je vais assumer ma part » déclare Ahmed Laaouej (PS), le bourgmestre de Koekelberg. Les choses sont en train d’être planifiées. Là aussi on compte en partie sur les citoyens bénévoles pour fabriquer des masques, et l’achat viendra en complément de cette production.  L’objectif est qu’en début de déconfinement, 2 masques soient distribués aux habitants de Koekelberg qui sont dans la nécessité de se déplacer.

À Ganshoren, on attend les mesures du Conseil national de sécurité mais espère que le 3 mai, tous les habitants de la commune disposeront au moins d’un masque réutilisable. Pour y arriver, on compte surtout sur l’entre-aide entre citoyens. « La solidarité permet des choses extraordinaires » insiste le bourgmestre, Pierre Kompany (cdH). Il n’est pas question d’achat communal pour l’instant. « Vous savez où acheter ? À combien ? Et pour quelle qualité ? Mieux vaut passer par un achat groupé via la Région. Cela évite de se faire avoir, et diminue les coûts » explique le bourgmestre.

À Molenbeek, on évalue les différentes options, mais il n’est pas question pour l’instant d’assumer au niveau communal cet achat de masques. « Il faut que la Région coordonne l’achat de masques quitte à ce que ce soit les communes qui payent » déclare Rachid Barghouti, le porte-parole de la bourgmestre. « Cela permettra de diminuer les coûts et d’éviter la concurrence entre les communes » dit-il.

« On attend les directives du Conseil National de Sécurité, mais on se prépare à tout » indique Charles Picqué (PS), le bourgmestre de Saint-Gilles. À terme, chaque habitant devrait avoir au moins un masque, mais la priorité sera mise sur les personnes âgées de plus de 65 ans, les agents communaux et de CPAS et les acteurs de terrain (membres d’associations par exemple).

À Uccle, toutes les possibilités sont pour l’instant envisagées. « Pour pouvoir donner un masque à chaque habitant, il faut d’abord en avoir. Avec 84 000 habitants à Uccle, le bénévolat ne pourra être suffisant » indique le bourgmestre Boris Dilliès (MR). Là aussi le bourgmestre attend les décisions du Conseil National de Sécurité et de la Région avant de se prononcer.

Pas d’achat à ce stade non plus à Watermael-Boitsfort. La commune organise cependant bien la distribution de masques produits par des bénévoles aux habitants qui en font la demande. « Idéalement, il faudrait deux masques lavables par personne » indique la porte-parole du bourgmestre, Samantha Crunelle.

«  À Woluwe-Saint-Lambert, le Collège a décidé d’acheter 60 000 masques en tissu, lavable, réutilisable, à destination des habitants de la commune et du personnel communal. Cet achat vient compléter l’action solidaire de confection de masque que soutient déjà la commune. Cela devrait permettre à chaque habitant d’obtenir au moins un masque. « Dans l’idéal, le premier masque serait fourni par la commune, et le deuxième par la Région » estime le bourgmestre, Olivier Maingain (DéFI). »

Enfin du côté de Woluwe-Saint-Pierre, l’objectif est que le 3 mai, chaque habitant possède au moins un masque. « Mais il est illusoire de croire que le bénévolat suffira » indique le bourgmestre, Benoit Cerexhe (cdH). Une première commande extérieure de 25 000 masques a déjà été passée. La stratégie de distribution est en train d’être mise sur pieds. Là aussi, le bourgmestre déplore le manque de coordination au niveau fédéral et régional.

► Votre commune n’est pas reprise dans les éléments ci-dessus ? Sachez que l’article sera mis à jour dès que nous aurons de plus amples informations.

Emilie Eickhoff