Une victime des attentats du 22 mars fait une grève de la faim à l’aéroport

Philippe Vandenberghe, victime des attentats de Bruxelles, a entamé mercredi une grève de la faim dans l’aile de l’aéroport de Zaventem où il a sauvé des vies, le 22 mars 2016, avant que les services de secours n’interviennent. Par ce geste, il proteste contre les blocages administratifs qu’il subit avec d’autres victimes, presque trois ans après les attentats.

“Ici a explosé la première bombe”, explique Philippe Vandenberghe à La Libre Belgique, assis sur un lit de camp au coin de la rangée 11 du hall des départs. “Là une Libérienne est morte au premier poteau dans mes bras. Il y avait là près des chaises un Anglais qui a survécu. Le corps du terroriste fumait encore.

Informaticien à Brussels Airport, l’homme était donc très vite sur les lieux et a pu donner les premiers soins aux victimes qu’il pouvait aider, grâce à sa formation de secouriste.

“Mercredi matin, j’ai planté ma tente près du Mémorial, puis je suis venu ici”, explique-t-il. Il ne boit plus que du jus d’orange et des bouillons. Les policiers le saluent quand ils passent. Ils sont au courant.

Le combat qu’il mène est celui d’un homme dont le handicap n’a pas été reconnu, à ses yeux, à sa juste valeur par un médecin généraliste de l’Office médico-légal (OML). Ce médecin lui a attribué le taux le plus bas d’invalidité (20 %) sans consulter sérieusement les rapports de son médecin et de son psychologue, affirme-t-il. Un autre médecin a paraphé rapidement la décision.

Le problème est qu’il n’y a pas de recours possible car les autorités belges n’ont pas encore mis au point le règlement qui permet de contester une telle solution. Interpellé par courrier, le Premier ministre Charles Michel lui a confirmé la chose “dans une gentille lettre”.

Or l’expertise de l’OML qui dépend du SPF Santé, a “une importance toute particulière car elle conditionne l’accès des victimes au statut de solidarité nationale, à une pension en réparation de l’État mais également aux soins futurs”, a écrit l’intéressé dans une plainte au Conseil de l’Ordre des médecins.

Philippe Vandenberghe a suivi une psychothérapie et a commencé à prendre des antidépresseurs un an après les attentats.

Interrogée par VTM, la ministre de la Santé Maggie De Block a promis de réexaminer son dossier.

  • Un reportage de Jean-Michel Herbint et Morgane Van Hoobrouck.