Versus : Où en est-on en Belgique avec le coronavirus ?

Est-ce que la Belgique en fait-elle trop face au Covid-19 ? Sommes-nous en train de perdre des libertés fondamentales et d’hypothéquer l’avenir ? A quoi s’attendre ces prochains mois ? Michel Geyer et ses invités répondent à ces questions dans Versus.

Le débat commence avec un chiffre : 39% d’excès de mortalité en Belgique. “L’aspect de la canicule n’a pas été intégré, tout comme la pollution atmosphérique“, tempère Yves Coppieters, épidémiologiste et professeur de Santé publique à l’ULB. “On voit effectivement une surmortalité, propre au Covid-19. C’est une réalité. Mais on voit aussi que comparé aux autres pays européens, on n’est pas les pires“. Pour Pierre-François Laterre, Chef de service Soins Intensifs Cliniques universitaires St Luc, un élément est oublié : “Le fait que beaucoup de patients ne se sont plus présentés aux hôpitaux“. Un argument qui peut s’expliquer par la peur, détaille Sandy Tubeuf, Professeur d’économie de la santé à l’UCLouvain : “Certains ont eu peur, ce qui sont donc des raisons personnelles, mais de l’autre côté, on a décidé d’annuler tous les soins non-essentiels dans les hôpitaux, sans se poser la question de gérer l’aspect régional“.

Cette période de confinement a aussi lancé plusieurs débats, notamment celui des libertés individuelles. Pour Arnaud Jansen, avocat au barreau de Bruxelles, “Le confinement et la crise sanitaire ont dérogé de manière massive à nos droits et libertés fondamentales. Ce n’est pas une accusation, c’est une réalité (…) Pour le droit de travailler, nous n’avons pas vu cela depuis la Seconde Guerre Mondiale. Ça a été totalement hors cadre. Mon propos est de rappeler qu’il y a un cadre“. Pour Yves Coppieters, “On a eu peur au mois de mars et c’est vrai qu’on est tombé dans le piège du confinement mais c’était la seule stratégie de santé publique à disposition à ce moment-là. On avait aucune stratégie anticipative. On a pris l’image de ce qui s’est fait en Chine, à savoir le principe de précaution maximale“. Sandy Tubeuf poursuit : “Je pense qu’on était dans une situation incertaine et que l’on avait jamais vécue (…) On a aujourd’hui une meilleure connaissance du virus et on sait aussi qu’il y a des tas de dommages collatéraux liés à la situation qui fait qu’on voudra les éviter“.

A la question, quelle mesure autoriseriez-vous si vous faisiez partie du gouvernement, chaque invité répond :

  • Arnaud Jansen : “J’autorise tout le monde à circuler sans masque dans l’espace public ouvert, car je pense que le masque a un impact social sur l’humeur, le tempérament, etc.
  • Pierre-François Laterre : “Nous pensons qu’il faut tout rouvrir. A partir du moment où l’on respecte les précautions usuelles, tout comme dans le milieu médical, tout type d’activité doit pouvoir reprendre à partir du moment ou les gestes barrières peuvent être respectés”.
  • Sandy Tubeuf : “Je pense que le secteur culturel est aussi une relance économique. La culture a vraiment besoin de repartir. Je pense qu’on peut aller au théâtre pendant trois heures avec un masque sans se mettre forcément en danger“.
  • Yves Coppieters : “Je préconise de relancer toutes les activités dans lesquelles les gestes barrières peuvent être assurés : activités culturelles, événementiel et autres choses bloquées actuellement“.

Sandy Tubeuf rappelle que la perte pour la société, due au coronavirus, est estimée à 50 milliards d’euros, “et ça pourrait être rallongé car on n’est pas vraiment sorti de la situation actuelle”. “Une crise économique est associée dans les années qui suivent à une surmortalité“, prévient lui Laterre. Pour Jansen le port du masque ne résoudra pas tout : “Il est très important de responsabiliser les gens. Responsabiliser les gens est une des alternatives essentielles à l’imposition du masque“. Enfin, pour Coppieters, le vaccin n’est pas une fin en soi : “Le bout du tunnel, ce n’est pas le vaccin mais le thérapeutique. Vivre avec ce virus comme on vit avec d’autres micro-organismes“.

T.Dest.