Rue de la Loi : la bulle qui espère le rebond

Fabrice Grosfilley - Photo Couverture

On s’attendait à ce que les deux préformateurs aient ce jeudi de nouveaux contacts avec les verts ou les bleus. Il n’en fut rien. A la place, Bart De Wever et Paul Magnette ont préféré rencontrer les 3 présidents de parti qui ont accepté d’entrer en discussion avec eux (le SP-A, le CD&V et le CDH). Une rencontre d’une heure environ, à Bruxelles. Pas une durée suffisante pour entrer dans le vif des sujets, mais un moment symboliquement fort puisque la réunion a permis de se dire les yeux dans les yeux qu’on était prêt à continuer à discuter. Ho, attention, ce n’est pas encore vraiment une négociation. D’abord parce que la note d’une dizaine de pages dont on parle tant dans les journaux n’est toujours pas distribuée, qu’elle semble précise sur certains points mais floue sur d’autres, et surtout parce qu’elle est loin d’être avalisée. Pour la plupart des protagonistes autour de la table, elle ne peut pas être acceptée en l’état. Certains chapitres (comme le communautaire dont je parlais hier) devraient donc pouvoir être renégociés, rien n’est à prendre ou à laisser, mais on semble s’écouter et c’est déjà pas mal. La bulle des cinq comme on l’appelle reste fragile, mais pour l’instant elle tient.

Evidemment, ce club des 5 n’est pas suffisant pour faire une majorité. Introduire un 6e partenaire reste une obligation si on souhaite se présenter  un jour au parlement. Dans l’entourage des préformateurs, on affirmait que les portes n’étaient pas fermées, en particulier celle qui mène vers la famille écologiste. Pourtant, en fin d’après-midi, ni Ecolo ni Groen ne semblaient avoir été contactés. Alors qu’ils doivent de nouveau faire rapport au Roi Philippe ce samedi, Paul Magnette et Bart De Wever semblent avoir choisi une autre stratégie. Avancer d’abord à 5, quitte à envisager un gouvernement minoritaire. C’est une manière de garder les libéraux sous pression. C’est aussi une manière de ne pas complètement fermer la porte à un soutien écologiste, qu’il soit de l’intérieur ou de l’extérieur. C’est aussi et surtout une manière de présenter un bilan qui n’est pas complètement vierge au souverain. Il y a moins d’un mois, Joachim Coens était tout sourire sur un trottoir de la rue de la loi aux cotés d’Egbert Lachaert et Georges-Louis Bouchez. On les croyait indissociables et il semblait acquis que le gouvernement suédois résiduel était un socle sur lequel on bâtirait la future majorité. Les rois mages se posaient en faiseur de roi. Non seulement le CD&V a tourné le dos à ses cousins libéraux du nord et du sud, mais l’idée que la suédoise était l’embryon d’un futur gouvernement  n’est plus du tout d’actualité. Il y a un mois, puisqu’on parle d’embryon, PS et CD&V s’agonisaient de reproches mutuels sur le dossier IVG. Ils sont aujourd’hui à la même table. Il y a un peu plus d’un mois le CDH était une petite formation destinée à ronronner dans l’opposition où elle espérait se refaire une santé.  Aujourd’hui Maxime Prévot est dans le club des cinq. Il y a un mois PS et NVA se parlaient déjà, bien sûr. Mais ils étaient loin de mener la danse d’un commun accord comme ils semblent le faire aujourd’hui. Car tous les témoins l’affirment : Magnette et De Wever ont bien pris le lead et travaillent de concert. Autant de changements qui sont des arguments en béton pour pouvoir dire “Sire, nous n’avons pas encore de majorité, mais voyez comme les choses bougent… “ et obtenir une prolongation.