Procès Abdeslam : “chacun à sa place”, scande le Conseil supérieur de la justice

Et si, au lieu de créer la cacophonie à tous les étages, chaque pouvoir restait dans son rôle et pratiquait le respect mutuel? “, suggère lundi le Conseil supérieur de la justice (CSJ).

Une place pour chacun et chacun à sa place”. Le CSJ a envoyé lundi un communiqué pour, d’après les précisions de sa présidente Magali Clavie, “siffler la fin de la récréation, au terme d’une semaine particulièrement chargée en déclarations peu nuancées“.

“Ministres, parlementaires et magistrats ont le devoir d’exercer leurs pouvoirs respectifs. Ils ont aussi celui de l’honorer, chacun, avec dignité et l’interdiction de l’outrepasser ou d’empiéter de quelque façon que ce soit sur ceux qui ne lui appartiennent pas”, déclare dans ce communiqué le bureau du CSJ, qui “déplore de devoir rappeler de telles évidences”.

L’instance ne souhaite pointer du doigt aucune personne en particulier. Mais sa communication fait évidemment suite aux critiques adressées par le ministre de l’Intérieur Jan Jambon à l’avocat de Salah Abdeslam, Sven Mary.

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Dimanche sur la VRT, Jan Jambon (N-VA) avait regretté que Sven Mary ait plaidé l’acquittement de son client pour un problème de procédure, suscitant l’ire de l’avocat en question mais aussi des barreaux et de plusieurs personnalités politiques.

Récemment, différents magistrats ont par ailleurs critiqué ouvertement le pouvoir politique. Citons le président du tribunal de première instance de Bruxelles Luc Hennart, la présidente de l’Association syndicale des magistrats Manuela Cadelli ou encore le premier président de la cour de cassation Jean de Codt.

“On a l’impression d’assister à une escalade”, analyse en tout cas Mme Clavie. “Chacun a le droit de s’exprimer mais il faut faire attention à ne pas mettre en cause la crédibilité d’un autre pouvoir. On ne peut pas revendiquer la séparation des pouvoirs et en même temps revendiquer le pouvoir de l’autre.” Le CSJ craint notamment que certaines déclarations donnent l’image d’une justice politisée.

Composée de 44 membres, magistrats ou non, cette institution est chargée de sélectionner les magistrats en vue d’une nomination et d’exercer une contrôle externe sur la justice.

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Belga