Les migrants, des personnes à reconnaître dans leur dignité, souligne le cardinal De Kesel

Le cardinal Jozef De Kesel a, dans la nuit de dimanche à lundi, livré une homélie de Noël axée sur la question de l’ouverture à l’autre, à la lumière notamment de la problématique très actuelle des migrants, qui tentent par milliers de rejoindre l’Europe, et entre autres la Belgique, depuis les pays en proie à la guerre. Il a ainsi mis l’accent sur la “dignité” des personnes, qui ne leur est pas octroyée par des “papiers” mais leur appartient de par leur condition humaine.

Lors de la messe de minuit célébrée à la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule, à Bruxelles, l’archevêque de Malines-Bruxelles a appelé à ne pas “laisser entrer la haine ni la vengeance dans nos cœurs” et à “s’opposer à la globalisation de l’indifférence”.

“Ce n’est pas ce que quelqu’un peut acquérir pour lui-même mais ce qu’il peut signifier pour un autre qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue”, a-t-il lancé aux fidèles en conclusion de son homélie bilingue. Le cardinal a évoqué dans son texte, comme le pape François au même moment à Rome, les populations migrantes, qui “fuient la violence ou la pauvreté”.

Jésus, l’enfant dans l’étable dont la naissance est célébrée par les chrétiens à Noël, “renvoie à tous ceux pour lesquels il n’y a ‘pas de place’, et qui frappent à notre porte avec désespoir”, a-t-il estimé, soulignant que la scène biblique de la naissance à Bethléem “se passe dans l’obscurité de la nuit, dans la solitude, dans la précarité”. “Tout est vécu dans l’insécurité de ceux qui ne trouvent pas d’asile”.

“C’est de tout temps: la misère et la pauvreté n’attirent pas (…). Les pauvres et les étrangers ne sont pas les bienvenus. Parce qu’ils ne sont pas comme nous, parce qu’ils interrogent nos évidences, nos acquis, notre monde. Ils sont différents”, a expliqué le prélat, faisant un parallèle entre les populations migrantes et Joseph et Marie, relégués dans une étable car il n’y avait “pas de place pour eux” dans une salle plus hospitalière de Bethléem, après pourtant un long voyage. Face aux problématiques migratoires, il “n’y a pas de solutions simples”, admet le cardinal.

“Bien sûr, tout ne peut pas se faire de manière incontrôlée et il faut travailler à des solutions à long terme dans les pays d’origine. Mais entre-temps, ces personnes sont en fuite. Certaines sont ici. Certaines depuis très longtemps. Il faut qu’elles soient reconnues dans leur dignité. Et ce ne sont pas des papiers qui, en premier lieu, leur octroient cette dignité. Elle leur est indissociable. Car ce sont des personnes. N’oublions pas qu’il s’agit de gens concrets, de femmes, d’hommes, d’enfants, de personnes âgées à la recherche d’un asile”.

Belga