L’Eurostar fête ses 25 ans et veut s’imposer comme le transport vert par excellence

2 millions de passagers se rendent chaque année en gare de Bruxelles-Midi à destination de Londres St Pancras. En 25 ans, l’Eurostar a modifié notre façon de voyager vers le Royaume-Uni. À l’occasion de cet anniversaire, le service ferroviaire à grande vitesse veut s’imposer comme le transport écologique par excellence.

Dans le haut-parleur du terminal de l’Eurostar à Bruxelles-Midi, une voix familière résonne. Les passagers sont invités à monter à bord du train reliant l’Europe continentale au Royaume-Uni. La danse des valises-cabine débute. Femmes et hommes d’affaires, étudiants et vacanciers empruntent chaque jour ce mode de transport rapide pour traverser la Manche. Ils étaient plus de 11 millions à emprunter l’Eurostar entre la Belgique, les Pays-Bas, la France et la Grande-Bretagne en 2018, selon le service ferroviaire. « Les clients apprécient la connexion centre-ville à centre-ville qu’offre Eurostar », explique Mike Cooper, le directeur général. « Ils sont de plus en plus à chercher une option de voyage durable et Eurostar répond à ces attentes ».

Il faut dire que depuis sa création en 1994, Eurostar n’a eu de cesse de faciliter le voyage des passagers, en commençant par le point essentiel : la vitesse. Il fallait compter 3H15 de trajet il y a 25 ans pour relier Londres, une durée réduite à 1H56 aujourd’hui. Le défi est de taille pour le service ferroviaire qui doit rivaliser avec l’offre des compagnies aériennes. « Notre but est de prendre des clients à l’avion et le passage au contrôle d’identité est la clé », précise Philippe Mouly, le directeur des opérations d’Eurostar. Les passagers voyageant en classe business sont invités à se présenter 10 minutes avant le départ, 30 minutes pour les clients standards – un délai imbattable face aux près de deux heures requises à l’aéroport.

Bientôt un espace duty free à Bruxelles-Midi

Mais l’ombre du Brexit ne va-t-elle pas changer la donne ? Non, répondent en chœur les directeurs d’Eurostar qui se veulent rassurants. « Nous sommes bien préparés, nous avons anticipé les changements quant aux contrôles de sécurité et à la douane », commente Mike Cooper. Pour Philippe Mouly, l’objectif est d’augmenter le débit de voyageurs empruntant l’Eurostar, malgré la menace de sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. « Chaque heure, 700 clients passent le contrôle de sécurité. Pour augmenter ce volume, nous avons déjà installé des e-gates britanniques (ndrl : contrôle de passeports biométriques), ce qui permet de fluidifier le trafic des passagers. Nous espérons installer le même système pour le contrôle belge, mais tout ça est en discussions avec la police fédérale ».

Si le Brexit menace la rapidité d’embarquement des voyageurs, il pourrait créer en parallèle une occasion économique supplémentaire. Dans les aéroports, les espaces duty free cartonnent, alors pourquoi pas à Bruxelles-Midi ? La zone commerciale destinée aux voyageurs du terminal Eurostar est attendue pour juin 2020.

L’Eurostar de demain sans plastique à bord

Si la vitesse de transport est la pierre angulaire de l’Eurostar, l’environnement pourrait en être la clé de voute. Selon les chiffres communiqués, le train à grande vitesse peut se targuer d’émettre pour un voyage, jusqu’à 90% de moins de gaz à effet de serre qu’un vol court courrier. À une époque charnière pour l’environnement, Eurostar devait se mettre en ordre de marche.

D’aucuns pourraient regretter qu’il ait fallu attendre un sursaut de conscience venant des citoyen.ne.s pour que de grands noms du transport se réveillent. À défaut d’être la locomotive de ce changement, Eurostar monte dans le train en marche. C’est ainsi que pour son 25e anniversaire, l’entreprise a fait rouler son tout premier train sans plastique entre Londres et Paris. Un « voyage éco-responsable » où bouteilles en verre, canettes recyclables, tasses à café et emballages pour restauration rapide évincent le plastique – avec une mention spéciale pour la cuillère mangeable. Une transition écologique qui a nécessité une année de travail afin de choisir les produits plus durables, les contenants les plus pratiques pour les voyageurs et passer les tests sanitaires, le tout en assurant un recyclage efficace à bord – cela va de soi. Dans les 12 prochains mois, Eurostar espère ainsi pouvoir supprimer 3 millions de pièces en plastique de ses trains.

Tout comme il est de coutume dans certaines villes de planter un arbre à la naissance d’un bébé (une idée inscrite notamment dans le Plan Climat de la Ville de Bruxelles), Eurostar plantera un arbre pour chaque train exploité sur ses lignes, dès le 1er janvier 2020. Dans cette démarche, le service ferroviaire est épaulé par Reforest’Action, une entreprise à vocation sociale qui a pour mission « de sensibiliser et d’agir pour les forêts ». Si le coup de com’ fait son effet, il n’en reste pas moins que quelque 20.000 arbres pourront ainsi être plantés l’an prochain en Belgique, en France, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Quant à savoir où exactement, la question reste pour l’instant en suspens.

Marine Guiet, envoyée spéciale à Londres