Les organisateurs d’une exposition assignés par des policiers de la zone Bruxelles-Ixelles

Quatre policiers et la zone de police de Bruxelles-Capitale-Ixelles ont assigné en justice les organisateurs de l’exposition “Don’t shoot”, présentée au Pianofabriek en novembre 2018. Celle-ci mettait notamment en évidence des interventions policières musclées menées dans l’espace public. Des policiers reconnaissables sur les clichés dénoncent une atteinte à leur vie privée. Ils sont soutenus par leur zone. L’audience devant la 4e chambre civile s’est tenue jeudi matin à Bruxelles.

Les photos incriminées concernent des interventions menées lors d’un meeting du Vlaams Belang en avril 2014 et lors d’une action du collectif “La voix des sans papiers” en novembre 2017. L’une d’entre elles montre un policier faire usage d’une arme dite “à létalité réduite”. Les policiers réclament la somme de 20.000 euros et des astreintes de 5.000 euros par jour aux auteurs des photos et aux organisateurs de l’exposition que sont la Ligue des Droits Humains (LDH), le média collaboratif Zin TV, le collectif de photographes Krasnyi et le photographe Frédéric Moreau de Bellaing. Ces derniers contestent le caractère privé des photos. “Ces photos de fonctionnaires dans l’exercice de leur fonction ont été prises sur la voie publique“, a fait valoir l’avocate Caroline Carpentier, lors d’une conférence de presse organisée dans l’après-midi dans les locaux de l’Association des journalistes professionnels (AJP). “Les policiers ont demandé que leur visage soit flouté. Nous répondons ‘non’, car les photos n’ont pas été prises dans le cadre de leur sphère privée et personnelle.

Au-delà de cette affaire, dont le jugement est attendu d’ici le 3 novembre, la LDH et l’AJP ont dénoncé la difficulté croissante de se documenter et de filmer des interventions policières. “Documenter par des images et des textes est fondamental en démocratie, et ce n’est pas réservé aux journalistes“, a relevé Pierre-Arnaud Perrouty, directeur de la LDH, qui dit craindre “l’effet dissuasif de telles procédures“.

La Ligue dit constater une augmentation du nombre d’intimidations en ce sens. “Prendre des photos et filmer la police est un droit et doit le rester.” Le secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes Ricardo Gutierrez a pour sa part rappelé que la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme allait dans le sens du droit à prendre des photos des fonctionnaires de police dans l’exercice de leur fonction.

Belga