La Ligue des Familles dénonce le coût de la scolarité pour les parents : les frais sont encore plus élevés dans le secondaire

À dix jours de la rentrée des classes, la Ligue des familles a dénoncé mercredi le coût pour les parents de la scolarité de leurs enfants en Fédération Wallonie-Bruxelles, alors que la Constitution consacre en principe la gratuité d’accès à l’enseignement.

Sur base d’une étude auprès d’un millier de parents (pour quelque 2.000 enfants) au cours de l’année écoulée, la Ligue pointe une nouvelle fois les frais liés à la rentrée scolaire qui n’est gratuite que pour 18% seulement des enfants du maternel, et 7% dans le primaire. Dans le secondaire, les frais sont encore plus élevés, en particulier pour l’enseignement qualifiant où un tiers des élèves doivent débourser entre 100 et 299 euros pour s’équiper en matériel. Vingt pour cent des enfants en Fédération doivent aussi payer pour la garderie durant le temps de repas de midi, une pratique beaucoup plus courante à Bruxelles qu’en Wallonie, selon l’étude.

L’association épingle en outre les frais liés aux classes de dépaysement et les voyages scolaires, dont le prix élevé (jusqu’à plusieurs centaines d’euros parfois) place certains parents en difficultés. Quatorze pour cent des enfants ont ainsi renoncé à un voyage ou à une sortie de classe pour des questions de coût l’année dernière.

“22% des parents ont demandé de l’aide à leur entourage”

“L’étude pose d’ailleurs le constat généralisé de la paupérisation des familles. Vingt-deux pour cent des parents ont aussi dû se tourner vers leur entourage familial pour demander une aide financière pour payer des frais liés à la scolarité”, avertit François Bertrand qui a piloté l’étude pour la Ligue.

Celle-ci met néanmoins en lumière quelques évolutions positives, notamment un recul généralisé des paiements en liquide des enfants vers leurs professeurs (au profit de virements bancaires), ainsi que la satisfaction des parents liée à l’introduction récente du décompte des frais que les directions sont désormais tenues de fournir aux parents de manière périodique.  “Il y a des choses positives. On est sur un bon ‘trend’, mais il y a encore beaucoup de choses à améliorer”, juge toutefois Delphine Chabbert, secrétaire politique de la Ligue des Familles. Mais vu l’incertitude politique actuelle en Fédération, l’association s’inquiète particulièrement de la bonne mise en œuvre du Pacte d’excellence, lequel inclut entre autres une stratégie pour parvenir à une gratuité pleine et entière de la scolarité.

Une participation financière pour les garderies ?

Nouveauté toutefois dans le discours de la Ligue: par réalisme budgétaire, celle-ci ne revendique plus la gratuité pour les garderies du matin ou du soir, ni les repas chauds et autres activités extra-scolaires. Pour ces frais qui pèsent aussi sur le budget des familles, l’association préconise dorénavant l’instauration d’une participation financière proportionnelle aux revenus des parents. “Cela se fait déjà en France. C’est aussi ce qui est pratiqué dans les crèches subventionnées en Fédération”, défend Delphine Chabbert. “Et c’est le seul moyen qu’on ait trouvé pour parvenir à une école pleinement démocratique. Car grâce à cela, les familles en difficultés bénéficieraient de la gratuité pour ces frais”.

Présente mercredi lors de la divulgation de l’étude, la ministre de l’Éducation, Marie-Martine Schyns (cdH), a dit trouver la piste “intéressante”. Face aux craintes de la Ligue, la ministre s’est aussi voulu rassurante sur la mise en œuvre de la stratégie de gratuité tracée par le Pacte d’excellence. Le principe sera bien introduit de manière progressive dès la rentrée 2018 dans le maternel, a-t-elle assuré. Deux millions et demi d’euros seront mobilisés à cet effet l’an prochain. Un montant qui passera à 5 millions en 2019, 7,5 millions en 2020 et 10 millions ensuite en vitesse de croisière, et ce juste pour le maternel. Pour le primaire et le secondaire, les besoins budgétaires doivent, eux, encore être affinés, a-t-elle précisé.

Belga, photo Belga/Anthony Dehez

  • Reportage de Julie Martin et Anna Lawan.