La culture, la grande oubliée du plan de déconfinement

Ce vendredi soir, aucun mot n’a été adressé au secteur culturel. Seuls les musées pourront peut-être rouvrir leurs portes le 18 mai mais sous certaines conditions. Pour les théâtres, les cinémas, les salles de concert et donc par conséquent les artistes, les régisseurs, le personnel des salles, les ingénieurs du son, les chorégraphes… aucune date de reprise n’a été évoquée. Une chose est certaine, cela ne sera pas avant le 8 juin.

Au théâtre le Public, on se dit ne pas être les moins bien lotis. “Les artistes sont plus à plaindre que nous, explique Michel Kacenelenbogen, directeur du Public. Pour nous, c’est au jour le jour. Nous avons lancé notre prochaine saison et nous espérons que nous pourrons redémarrer en septembre. Heureusement, nous sommes suivis par le public.”

Le secteur culturel représente 5% du PIB de la Belgique. De nombreux emplois dépendent des créateurs et de ce secteur. “Difficile de se positionner. Un monde sans culture, c’est comme un monde sans oiseau. Je n’ai pas envie de cela. Moi je dépends de la Fédération Wallonie Bruxelles et au bout de 30 jours, je n’ai pas reçu un courrier. Personne n’a reçu d’aide concrète et ne sait quand il va les recevoir. je comprends que cela ne soit pas simple mais beaucoup de secteurs ont reçu de l’information. Là, nous n’avons rien. Le fait que les subsides soient maintenus n’est pas extraordinaire. Nous avons dû mettre tout le monde en chômage technique. Nous sommes dans une difficulté financière extrême. Nous n’avons plus aucune recette et sans aide, cela sera difficile de tenir jusqu’en septembre.”

“Quand va-t-on être aidé?”

Pour le directeur, il faut savoir dans quelle société on veut vivre. “Je voudrais qu’on oppose pas la nécessité de s’exprimer et la notion économique. Quand va-t-on être aidé? Quand va-t-on avoir une information de l’ONEM? Les artistes n’ont plus aucune rentrée. Et moi, comment je fais si je ne peux rouvrir qu’avec un tiers du public? Je ne suis pas rentable alors sinon cela voudrait dire que je suis trop subventionné d’habitude. Or, personne, je dis bien personne, n’est trop subventionné dans le métier.”

Il faudrait consulter les professionnels du secteur pour Michel Kacenelenbogen. “Nous devons être pris en considération et pas que comme des gens en quête de narcissisme.”

Au Public, les gens se réabonnent pour le moment. Pour les places qui étaient déjà réservées pour la fin de la saison, les détenteurs d’un abonnement pouvaient soit faire un don soit demander un report pour les spectacles de la saison prochaine soit demander le remboursement. Pour le moment, les dons sont assez important. “Comment toute une société d’artistes participe à une stratégie qui ramène les gens face a une culture qui est indispensable pour un bien-être collectif. Il y a des solutions mais on doit nous écouter. On veut des réponses à nos propositions. On n’a même pas droit à un accusé de réception.”  

Vanessa Lhuillier – Photo: BX1