Jugement ce lundi sur la culpabilité de Salah Abdeslam dans la fusillade rue du Dries à Forest

La 90e chambre du tribunal correctionnel de Bruxelles rendra ce lundi matin à 8h45 son jugement concernant la fusillade de la rue Dries. Dans ce dossier, Salah Abdeslam et Sofien Ayari sont prévenus pour tentative d’assassinat sur des policiers, commis dans un contexte terroriste, et de possession illégale d’armes, alors qu’ils étaient retranchés dans un appartement rue du Dries à Forest le 15 mars 2016.

Le tribunal rendra sa décision lundi matin, en l’absence du principal prévenu, Salah Abdeslam. L’avocat de ce dernier, Me Sven Mary, a en effet affirmé que son client ne sera pas présent pour écouter le verdict du tribunal. Lors de son interrogatoire par les juges, le 5 février dernier, Salah Abdeslam avait déjà déclaré qu’il ne reconnaissait pas l’autorité du tribunal et qu’il ne plaçait sa confiance qu’en Allah. Il n’avait d’ailleurs pas assisté à la seconde audience trois jours plus tard.

Le 5 février 2018, Salah Abdeslam avait été acheminé sous très haute sécurité d’une prison du nord de la France, où il avait été momentanément transféré, vers le palais de justice de Bruxelles. Mais le prévenu ne s’était que brièvement exprimé. Il avait pris la parole uniquement pour dire qu’il ne reconnaissait pas la légitimité du tribunal. Il n’avait, par la suite, plus souhaité être présent et avait été représenté par ses avocats, Me Sven Mary et Me Romain Delcoigne. Sofien Ayari, lui, sera vraisemblablement bien là lundi matin devant le tribunal, selon son conseil. Durant les débats en février dernier, la procureure fédérale Kathleen Grosjean avait réclamé, au terme de son réquisitoire, des peines de 20 ans de prison à l’encontre des deux prévenus, pour tentative d’assassinat terroriste sur des policiers le 15 mars 2016 à Forest. Elle avait soutenu que, selon elle, Salah Abdeslam et Sofien Ayari étaient co-auteurs des faits, même s’il n’était pas possible de dire avec certitude lequel avait tiré.

Les conseils de Sofien Ayari, Me Laura Séverin et Me Isa Gultaslar, avaient quant à eux soutenu que la circonstance aggravante de terrorisme n’était pas fondée car leur client et son comparse avaient uniquement utilisé des armes pour fuir la police. Les avocats de Salah Abdeslam, eux, avaient plaidé en premier lieu l’irrecevabilité des poursuites pour violation de l’article 12 de la loi sur l’emploi des langues en matière judiciaire. Ils avaient ensuite soutenu que la seule personne à avoir tiré sur les policiers à Forest le 15 mars 2016 était Mohamed Belkaïd, tué par les unités spéciales, et que rien ne prouvait que Salah Abdeslam savait que ce dernier allait tenter d’assassiner des policiers. “Ce n’est pas par le fait d’avoir vu une arme et dormi sous le même toit qu’une autre personne qu’on cautionne qu’un meurtre soit commis par elle“, avait expliqué Me Mary. Le pénaliste avait conclu qu’il n’y avait donc ni preuve que son client ait coopéré directement à une tentative d’assassinat ni preuve qu’il ait fourni une aide indispensable à ce crime ou se soit abstenu de manière coupable.

Pour rappel, le 15 mars 2016, des policiers belges et français avaient entrepris de perquisitionner une habitation de la rue du Dries à Forest, dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Paris. Dès leur arrivée, ils avaient essuyé des tirs de la part des occupants de l’appartement, alors qu’ils pensaient le lieu inoccupé. La cellule d’enquête avait suivi une piste, concernant des suspects des attentats de Paris, qui remontait jusqu’à cette habitation. Au cours de la fusillade, plusieurs policiers avaient été blessés et un des occupants de l’appartement, Mohamed Belkaid, un Algérien de 36 ans, avait été tué par les forces d’intervention. Connu sous le pseudonyme de Samir Bouzid, cet homme était soupçonné d’avoir joué un rôle de coordination et de préparation dans les attentats de Paris du 13 novembre 2015. Les deux autres occupants, Sofien Ayari et Salah Abdeslam, seul membre des commandos terroristes de Paris encore en vie et activement recherché, étaient parvenus à s’échapper. Quatre jours plus tard, le 22 mars 2016, d’autres membres de cette cellule terroriste, les frères El Bakraoui et Najim Laachraoui, avaient commis des attentats à Bruxelles, dans le métro et à l’aéroport, faisant 32 morts et des centaines de blessés.

Une association de victimes des attentats de Bruxelles, V-Europe, a d’ailleurs demandé, en mars dernier, à se constituer partie civile dans ce procès de la fusillade rue du Dries. Elle estime que c’est précisément le fait que Salah Abdeslam et Sofien Ayari aient été débusqués puis arrêtés qui a précipité les attentats. “Cela a poussé leurs complices à agir plus tôt et plus près, avant d’être repérés à leur tour“, avait exposé l’avocat de V-Europe, Me Guillaume Lys. Il avait précisé que, selon l’enquête, la cellule à laquelle appartenaient tous ces hommes avait au départ prévu de commettre un attentat dans le métro parisien en juillet 2016, pendant la coupe du monde de football organisée en France, et à l’aéroport de Schiphol à Amsterdam aux Pays-Bas, mais pas à Bruxelles. Le tribunal devra également répondre à cette demande lundi dans son jugement.

Belga

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22 avril 2018 - 13h00
Modifié le 22 avril 2018 - 18h58