Journée de la fille : une expo pour l’abandon des mutilations génitales féminines

Une exposition de photos pour sensibiliser aux mutilations génitales féminines (MGF) a été inaugurée, mercredi, au siège du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en présence de la ministre des Droits des femmes, Isabelle Simonis. A l’initiative du réseau européen End FGM, “Building the bridges” veut “construire des ponts” pour l’abandon de cette pratique.

L’excision touche 200 millions de filles et femmes dans le monde, a rappelé la ministre. De plus, “4.000 filles sont considérées comme à risque en Belgique”. “Cette pratique culturelle a des répercussions sur la santé physique et mentale des femmes à tous les stades de leur vie. Au-delà des conséquences sur la santé, c’est aussi un problème d’égalité des sexes qu’il y a lieu de dénoncer.” A l’aide de photos poétiques, l’exposition “Building de bridges” permet “d’approcher en douceur cette thématique tellement brutale, sans éluder les réelles difficultés” pour les femmes et filles qui y sont soumises, a souligné Isabelle Simonis. “Il est nécessaire de créer des ponts à différents niveaux”, estime Fabienne Richard, directrice du GAMS (Groupement pour l’abolition des mutilations sexuelles féminines) Belgique. “Entre les continents, mais aussi entre professionnels et communautés concernées et entre les générations.”
Le GAMS plaide également pour l’intégration de cette thématique dans les formations d’enseignement supérieur, pour les sages-femmes notamment. Un groupe de travail a à ce sujet été mis sur pied par la ministre des Droits des femmes, en collaboration avec le ministre de l’Enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt. A partir de décembre, des référents en médecine scolaire seront également formés. Par ailleurs, dans le budget 2018 de la FWB, 150.000 euros supplémentaires seront dégagés pour soutenir les actions de terrain luttant contre les violences faites aux femmes. L’exposition a été développée par le réseau européen End FGM, co-fondé par le GAMS et l’asbl Intact. A Bruxelles jusqu’au 20 octobre, “Building the bridges” prendra la direction du Royaume-Uni, avant de tourner aux Pays-Bas, à Chypre et en France.

Témoignage 

“On ne peut pas oublier la douleur. Il était hors de question de faire subir ça à mes enfants”, témoigne A., une Guinéenne ayant fui son pays pour protéger ses filles de l’excision. Bénévole pour l’asbl GAMS (Groupement pour l’abolition des mutilations sexuelles féminines – MGF), elle a pris la parole mercredi à l’occasion de l’inauguration de l’exposition “Building the bridges” pour l’abandon de ces pratiques, installée au siège du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
“Je veux parler au nom de toutes les mères. Le chemin a été très long”, a-t-elle raconté. A. est arrivée en Belgique il y a dix ans, accompagnée de ses filles de dix et six ans. “J’avais peur qu’on vienne me les voler. J’ai engagé quelqu’un devant leur école, je les gardais à la maison. (…) Je ne voulais pas qu’elles passent à l’abattoir comme moi je l’ai été”, a poursuivi cette mère fière que ses deux filles, aujourd’hui jeunes adultes, aient pu échapper à l’excision. “J’ai été excisée à 14 ans. A cet âge-là, on ne peut pas oublier la douleur. Si c’était arrivé plus tôt, je n’aurais certainement pas été aussi battante pour mes filles. Il était hors de question de faire subir ça à mes enfants.” Elle a donc préféré s’enfuir et demander l’asile en Belgique, qu’elle a obtenu. “Savoir que j’ai sauvé deux filles et qu’elles sauveront à leur tour leurs enfants, c’est un vrai réconfort pour moi.” Samia Youssouf, originaire du Djibouti et responsable de l’antenne liégeoise de GAMS, s’est elle aussi battue pour protéger sa fille, née en Belgique, d’une infibulation (suture des petites ou grandes lèvres, ndlr). Lorsque sa fille avait deux ans, Samia et son mari se sont rendus au Djibouti pour la première fois. “J’ai du mentir à ma mère, en lui disant que si ma fille était excisée, je serais arrêtée et jetée en prison à mon retour en Belgique.”

Belga