Modernisation de la jonction Nord-Midi : 58 trains de et vers Bruxelles devraient être supprimés entre mi-octobre et mi-novembre

Infrabel a demandé à la SNCB de supprimer chaque jour, de la mi-octobre à la mi-novembre, une centaine de trains qui traversent Bruxelles, rapporte L’Écho ce mardi. La SNCB craint des répercussions pour 68.000 navetteurs en automne.

Le gestionnaire de l’infrastructure propose de ne pas faire rouler tous les trains circulant aux heures de pointe (les “trains P”) au départ et à destination de Bruxelles. Infrabel doit moderniser cet automne les équipements au sud de la gare Bruxelles-Midi. Ces travaux “indispensables” selon Infrabel nécessiteront la fermeture complète de la jonction Nord-Midi durant les longs week-ends des 1er et 11 novembre.

Mais, au grand étonnement de la SNCB, des perturbations importantes sont attendues également du 14 octobre au 8 novembre. Infrabel doit en effet verrouiller pas moins de 30% des aiguillages avant la gare de Bruxelles-Midi, ce qui réduira sensiblement le trafic sur l’axe ferroviaire le plus fréquenté du pays.

La suppression de tous les trains P bruxellois aurait des répercussions considérables, déplore la SNCB qui estime avoir été prise de court. Les trains concernés transportent en moyenne 68.000 voyageurs par jour et comptent 91.000 places assises. La mesure toucherait ainsi 1 navetteur sur 4 qui vient à Bruxelles durant les heures de pointe du matin.

Infrabel : “Pas le but de paralyser le trafic”

Le gestionnaire de l’infrastructure Infrabel a précisé mardi que “le but des travaux effectués n’est pas de paralyser le trafic à Bruxelles”. Du fait que les consultations sont toujours en cours, il est actuellement impossible de déterminer le nombre définitif de trains supprimés, selon Infrabel. Infrabel regrette par ailleurs les “fuites” qui vont “à l’encontre de l’intérêt du client qui s’inquiète maintenant de savoir quelles seront les conséquences précises de ces travaux”.

Infrabel indique avoir été pris de court par ces révélations, car les groupes de travail poursuivent encore leurs échanges concernant les travaux sur la jonction Nord-Midi. “Le travail est en cours de finalisation. Les décisions concernant l’organisation du trafic ferroviaire devraient tomber dans les prochaines semaines. Le but est de limiter un maximum l’impact sur les voyageurs”, selon le gestionnaire de réseau.

58 trains seront finalement supprimés

“Nous regrettons donc de ne pas pouvoir apporter de réponse précise aux voyageurs à ce stade”, explique Infrabel. “Environ 1200 trains circulent chaque jour sur l’axe Nord-Midi de Bruxelles très fréquenté. Cela signifie qu’il faudra trancher pour certains trains (L, IC ou P-trains). L’offre doit être adaptée à la capacité disponible”, selon Infrabel.

Le gestionnaire de l’infrastructure pointe également que ces travaux de modernisation sont indispensables. D’une part, il est nécessaire de moderniser la signalisation sur l’axe Nord-Midi qui a plus de 50 ans, faute de quoi des problèmes de fiabilité pourraient subvenir. D’autre part, il est nécessaire de procéder à l’informatisation de la signalisation afin d’installer le système de freinage des trains ETCS, qui fait partie du plan élaboré après la catastrophe ferroviaire de Buizingen pour garantir davantage de sécurité sur le rail. “Les travaux sont considérables. Il s’agit de la digitalisation de tous les outils de gestion de trafic sur les 22 voies de la gare du Midi”, pointe Infrabel.

Infrabel insiste sur le fait que le calendrier des travaux a été mûrement réfléchi. “Cette période a été choisie pour les deux longs week-ends à venir, ceux du 1er novembre et du 11 novembre. Mais aussi parce que les conditions météorologiques, comme la neige par exemple, ne poussent pas les voyageurs à prendre le train”, indique encore le gestionnaire de l’infrastructure.

Finalement suite à une réunion entre Infrabel et la SNCB, il a été décidé que seuls 58 trains seraient supprimés.

Navetteurs.be : “En dépit du bon sens”

“Nous regrettons une fois de plus d’apprendre par la presse qu’Infrabel prend une décision en dépit du bon sens et sans tenir compte de l’impact sur les voyageurs”, estime le porte-parole de l’association de voyageurs Navetteurs.be, Gianni Tabbone. “Après les menaces de fermetures de lignes, Infrabel impose à la SNCB d’adapter son offre durant un mois pour réaliser ses travaux sans tenir compte de l’impact sur 68.000 voyageurs qui subissent déjà de nombreux désagréments au quotidien. Alors que certains trains aux heures de pointe sont déjà bondés, la mesure imposée réduirait de 91.000 l’offre de places assises”.

“Cette mesure démontre une fois de plus les problèmes de collaboration entre la SNCB et Infrabel. Nous ne pouvons accepter ces suppressions de trains et demandons à Infrabel de revoir sa copie de toute urgence !”, réagit encore Gianni Tabbone.

Un avis partagé par l’association flamande de navetteurs TreinTramBus. “Le voyageur ne se soucie guère des problèmes de communication entre la SNCB et Infrabel et en est à nouveau victime”, regrette l’association. L’organisation de voyageurs espère qu’un bon plan pourra encore être mis en place. Un groupe de travail étudie actuellement toutes les alternatives. La décision tombera au milieu du mois prochain.

ACOD Spoor : “Revenir à une seule entreprise”

Le pendant flamand de la CGSP Cheminots, l’ACOD Spoor, plaide pour sa part pour le retour à une seule et même entreprise, avec un seul CEO. “La communication entre les deux compagnies de chemin de fer est devenue un problème structurel au niveau de la direction depuis la scission du chemin de fer en 2005. Cela est particulièrement visible dans les résultats au niveau de la ponctualité des trains et dans le manque de communication opérationnelle avec les voyageurs”, selon le syndicat.

L’ACOD pointe également les économies qui pourraient être faites et l’amélioration de la communication interne. “Ces économies ne profiteraient qu’au personnel et aux voyageurs : un PDG, un conseil d’administration, un comité de direction … et une ligne de communication interne avec une prise de décision uniforme. En particulier, en ce qui concerne les travaux ferroviaires nécessaires sur la connexion nord-sud.”

Avec Belga – Photo : Belga/Paul-Henri Verlooy

►Reportage de Thomas Destreille et Yannick Vangasbeek