Démission du gouvernement Michel : les réactions politiques s’enchaînent dans la majorité comme dans l’opposition

L’annonce par le Premier ministre Charles Michel (MR) de la démission de son gouvernement fait grand bruit sur les bancs de la Chambre. Les partis représentés dans ce gouvernement affirment que leurs opposants ont “refusé la main tendue du gouvernement” alors que l’opposition estime que la majorité “a éclaté à cause de la N-VA puis de l’Open Vld”.

Du côté du MR, on se plaint du comportement des partis de l’opposition. “L’opposition socialiste et écologiste voulait un trophée et l’a eu”, a estimé le chef de groupe MR David Clarinval. “Il y a eu un refus de la main tendue alors que le Premier ministre avait été très loin dans des propositions concrètes” de coopération avec le parlement, notamment sur la baisse de TVA sur l’électricité, le pouvoir d’achat, l’accord interprofessionnel, a ajouté David Clarinval. “On a bien compris durant l’interruption de séance que l’opposition voulait la tête du Premier ministre, cela a été confirmé avec l’annonce du dépôt d’une motion de méfiance”. À présent, le MR n’est pas demandeur d’élections anticipées, a indiqué David Clarinval. Il appartient au Roi de s’exprimer. Il existe plusieurs pistes dont les affaires courantes, a-t-il ajouté.

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Jean-Marc Nollet : “La situation est clarifiée”

Le Premier ministre Charles Michel “tournait autour du pot depuis deux ou trois semaines, la situation est clarifiée, il n’avait plus la confiance”, a réagi de son côté le co-président d’Ecolo Jean-Marc Nollet. “À présent, le gouvernement sera en affaires courantes et on pourra avancer sur une série de textes comme on l’a fait mardi matin sur le climat”, s’est réjoui M. Nollet. D’autres propositions suivront sur le social, pour augmenter les salaires et les allocations”, a-t-il ajouté.

Elio Di Rupo : “Sous la pression de la N-VA, puis de l’Open Vld”

Le gouvernement a éclaté sous la pression de la N-VA, puis ce soir, de l’Open Vld, a indiqué le président du PS Elio Di Rupo après le tweet envoyée par la présidente des libéraux flamands disant son attachement au budget et au jobsdeal, que le Premier ministre venait de soumettre à la concertation parlementaire. “À partir de là, la démission devenait inévitable”, a réagi Elio Di Rupo selon qui, en dépit de l’annonce du dépôt d’une motion de méfiance, l’opposition n’est “en rien responsable” de la démission. “Le Premier ministre est le responsable. Ce n’est pas l’opposition qui a gouverné pendant quatre ans et demi et créé tant de déchirure sociale, surtout dans la partie francophone du pays”, a précisé le président du PS.  Elio Di Rupo n’est pas partisan du tout d’élections anticipées. Le scrutin devrait idéalement se dérouler le 26 mai. “J’imagine que le Roi va consulter”, a-t-il conclu.

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Benoît Lutgen : “Travailler à partir du Parlement”

Du côté du cdH, la motion de méfiance n’était pas une option préconisée, affirme le président du parti humaniste Benoît Lutgen. “Après l’aveu d’échec de la politique du gouvernement, nous attendions du Premier des actes. Nous avons toujours été constructifs. Nous étions prêts à attendre 48 heures pour qu’il regarde les propositions du cdH pour répondre aux attentes des Belges en matière de santé, de climat, de pensions. On se retrouve maintenant dans un chaos politique à cause des choix de certains partis d’aller avec la N-VA”, clame le président du cdH. “Ce que nous proposons, c’est de travailler à partir du Parlement. Il y a des propositions sur la table qui répondent aux attentes des citoyens. Le Parlement peut répondre aux urgences des Belges”.

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Olivier Maingain : “Une situation intenable”

Pour sa part, le président de DéFI Olivier Maingain estime que la démission du gouvernement était “inéluctable”. “Le Premier ministre s’était mis dans une situation intenable”, estime-t-il. “On a bien vu dans les rangs de l’Open Vld, cela rechignait face aux mesures proposées. Charles Michel a compris qu’il n’avait même plus le soutien de ses partenaires actuels”. Le député-bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert ajoute qu’à ses yeux, qu’on pouvait “peut-être trouver une majorité nouvelle sur certains dossiers”, notamment sur la TVA sur l’électricité. “Les élections anticipées seraient un mauvais signal pour les citoyens”, conclut Olivier Maingain, qui préfère “un gouvernement en affaires courantes” vu la situation actuelle.

Gwendolyn Rutten : “Jamais été question de former un nouveau gouvernement”

Selon la présidente de l’Open Vld Gwendolyn Rutten, il avait été convenu avec les partenaires du gouvernement minoritaire de ne pas poursuivre l’aventure si une motion de méfiance était annoncée. “Le PS et le sp.a ont déposé cette motion, un signe que vous ne voulez plus discuter”, a-t-elle dit.

Elle a également loué l’action du Premier ministre “parce qu’il a essayé jusqu’au dernier moment de maintenir son gouvernement sur pied”. La présidente de l’Open Vld avait envoyé un tweet disant l’attachement des libéraux flamands au budget et au jobsdeal que le Premier ministre venait de soumettre à la concertation parlementaire. L’opposition de centre-gauche y a vu une forme de brouillard jeté sur l’ouverture du Premier ministre. “Il n’a jamais été question de former un nouveau gouvernement”, a réagi Gwendolyn Rutten. La présidente de l’Open Vld a répété mardi soir qu’elle tenait au budget. Selon elle, il y avait un accord au sein du gouvernement pour le faire voter, et ne recourir aux douzièmes provisoires qu’après avoir constaté qu’il n’y avait, le cas échéant, pas de majorité pour le soutenir.

La présidente de l’Open Vld regrette que l’agenda socio-économique du gouvernement Michel n’a pas pu être achevé. Elle en veut à la N-VA d’avoir poussé à des élections anticipées. “Lorsque vous mettez le confédéralisme sur la table, vous savez que le MR et l’Open Vld ne peuvent pas suivre”.

Kris Peeters : “Pas peur des élections”

Le Vice-premier ministre Kris Peeters (CD&V) a regretté l’annonce du dépôt d’une motion de méfiance à l’égard du gouvernement après “l’ouverture très importante” dont venait de faire preuve le Premier ministre Charles Michel dans son ambition d’organiser une coopération avec le parlement. “À présent, il faut que cesse le jeu consistant à se refiler le valet du pique”, a ajouté Kris Peeters, évoquant les enjeux auxquels il allait falloir s’attaquer dont le Brexit. “J’imagine que le Roi tiendra la demande de démission en délibéré. Soit il y aura des élections anticipées, soit les affaires courantes. Le CD&V n’a pas peur des élections mais il faut veiller à l’intérêt du citoyen”, a conclu M. Peeters.

Wouter Beke : “Personne ne gagne”

Le président du CD&V Wouter Beke s’est pour sa part contenté d’un message sibyllin sur les réseaux sociaux. “La main tendue au Parlement a été refusée”, explique-t-il. “Espérons que certaines personnes réfléchiront sérieusement durant ces sombres jours de Noël. Personne ne gagne ici”.

Peter De Roover : “Ne pas avoir peur du jugement de l’électeur”

La N-VA espère qu’on ne se retrouvera pas avec “cinq mois de chaos”, a indiqué le chef de groupe à la Chambre Peter De Roover selon qui “il ne faut pas avoir peur du jugement de l’électeur”. “Il n’y avait visiblement pas de plan B”, a constaté le chef de groupe N-VA Peter De Roover dont le parti a quitté il y a dix jours le gouvernement Michel devenu minoritaire. “Tenter un petit virage à gauche n’a visiblement pas convaincu”, a-t-il ajouté, assurant ne pas verser dans l’euphorie.

Peter De Roover a répété avoir été prêt à soutenir les accords de la coalition suédoise moyennant certaines garanties qui ne sont pas venues. “Si j’entends ce que le Premier ministre a annoncé dans son catalogue, on peut comprendre à quel point nous étions méfiants”, a-t-il ajouté. “Nous n’aurions absolument pas pu nous retrouver dans une ouverture à gauche”.

Gr.I. avec Belga – Photo : Belga/James Arthur Gekiere