Crise des migrants: l’opposition s’insurge contre Francken qui veut contourner l’article 3 des droits de l’homme

Plusieurs partis francophones d’opposition se sont insurgés mardi contre la volonté du secrétaire d’État Theo Francken de contourner l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme afin d’autoriser à nouveau le refoulement des bateaux de migrants.

Dans des interviews en marge d’une réunion à Luxembourg des ministres européens en charge des questions migratoires, M. Francken (N-VA) a plaidé une nouvelle fois pour la réinstauration des refoulements des bateaux chargés de migrants. “Les ‘push-backs’ étaient pratiqués en Europe avant leur interdiction par la Cour européenne des Droits de l’homme en 2012“, a-t-il indiqué. La Cour les avait interdits sur base notamment de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui interdit la torture et les traitements inhumains et dégradants.

Theo Francken évoque la possibilité de nouer un traité avec la Tunisie pour y renvoyer les migrants fuyant de Libye. “Il faut pouvoir renvoyer les bateaux, trouver une manière de contourner l’article 3 de la Convention européenne des Droits de l’homme, et la jurisprudence doit s’y adapter”, a-t-il ajouté. Cette phrase a suscité des réactions indignées au PS, chez Ecolo et chez DéFI. “Ces propos dépassent l’entendement. Le secrétaire d’État appelle désormais à ne plus respecter le fondement essentiel de toute démocratie”, a commenté le président du PS Elio Di Rupo dans un communiqué. Il demande un débat urgent à la Chambre en présence du Premier ministre, et met en question la démission de M. Francken. Il ajoute que la question de savoir si la N-VA répond encore aux critères légaux pour être considérée comme un parti démocratique doit être débattue dans les plus brefs délais.

Le ton est similaire chez le président de DéFI Olivier Maingain, pour qui “il est temps que les démocrates démasquent cette extrême droite ‘décomplexée'”. “Renoncer, en tout ou en partie, à la Convention européenne des droits de l’homme, c’est renoncer à l’UE et revenir à l’avant Seconde Guerre mondiale“, a-t-il tweeté.

Chez Ecolo, le député Benoît Hellings interpelle aussi le Premier ministre Charles Michel, en lui rappelant que le 21 décembre dernier, dans le débat sur la collaboration des autorités belges avec des officiels soudanais pour identifier des migrants en Belgique, le chef du gouvernement avait qualifié l’article 3 de “principe sacré”.

Pour le PS, Rudy Demotte, ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le secrétaire d’Etat “s’enfonce un peu plus chaque jour dans l’infâme“.

Même son de cloche pour l’échevine bruxelloise et députée fédérale Karine Lalieux (PS); elle dénonce un MR “à plat ventre devant le NVA et son secrétaire d’état Francken“.

 

Avec Belga

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05 juin 2018 - 16h52
Modifié le 06 juin 2018 - 08h20