Agression policière : la Ligue des Droits de l’homme accuse Jan Jambon d’avoir lu un rapport erroné devant le Parlement

Diego Dumont - Ligue des Droits de l'homme

Diego Dumont, victime d’une agression policière à la gare de Landen pour avoir filmé une arrestation de migrants, a confirmé sa plainte. Alors que devant la Chambre, le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) a lu un rapport sur ces incidents qui est “fallacieux et erroné”, selon la Ligue des Droits de l’homme, qui soutient la plainte de Diego Dumont.

Les images ont fait le tour de la toile : le 1er octobre dernier, alors qu’il est à la gare de Landen, attendant sa fille sur le quai, Diego Dumont découvre des policiers en train d’arrêter une trentaine de migrants. Ces arrestations sont en fait une opération encadrée, en la présence du secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Theo Francken (N-VA). Devant cette scène, M. Dumont décide de sortir son téléphone et de filmer les arrestations. Les policiers lui ordonnent alors d’arrêter de filmer, ce qu’il refuse. Il est alors victime de coups de la part de la police et est arrêté, avant d’être relâché quelques heures plus tard.

Selon la Ligue des Droits de l’homme, les images filmées par M. Dumont “montrent clairement qu’il se bornait à exercer son droit citoyen de collecter des images d’une opération policière en cours et qu’il a fait l’objet d’une intervention abusive par les forces de l’ordre”. L’association souhaite donc s’associer à la plainte de Diego Dumont pour violences policières. “Cette affaire pose la question du droit de filmer les interventions policières dans l’espace public, droit essentiel en démocratie”, estime la Ligue des Droits de l’homme, qui affirme que le cas de l’homme de Landen n’est pas un cas isolé. “Ce comportement illégal touche parfois même les journalistes professionnels”, ajoute la LDH.

La vidéo comme preuve

L’association dénonce également le rapport que le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) a lu devant la Chambre, en octobre dernier. Selon le rapport lu par le ministre, Diego Dumont aurait “hurlé qu’il a le droit de filmer. (…) L’intéressé crie très fort, de même que le deuxième homme qui l’accompagne. Il avait clairement bu. L’équipe sur place l’a établi”, raconte le rapport dévoilé par nos confrères du Vif.

La vidéo de Diego Dumont, dévoilée par la LDH sur YouTube, montre pourtant que l’homme ne crie pas et n’élève pas la voix. En outre, l’homme n’avait que 0,20 g d’alcool dans le sang, bien moins que la limite légale pour conduire un véhicule (0,50 g/l).

La LDH demande donc qu’une enquête “sérieuse et indépendante soit menée” ainsi qu’au ministre “de rappeler aux forces de l’ordre qu’elles ne peuvent interdire aux personnes de les filmer pendant leurs interventions”.

Gr.I. – Photo : LDH/Diego Dumont

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16 novembre 2018 - 16h43
Modifié le 16 novembre 2018 - 16h45