Molenbeek : Mahacine B. condamnée à 20 ans de prison pour infanticide

Le tribunal correctionnel de Bruxelles a condamné, lundi, Mahacine B., âgée de 36 ans, à 20 ans de prison pour avoir tué deux de ses quatre enfants et pour avoir tenté de tuer les deux autres.

Cette mère de famille molenbeekoise était accusée d’avoir tué deux de ses enfants par étouffement en mars et décembre 2009. Elle avait également tenté de tuer deux de ses autres enfants entre 2007 et 2012.

L’avocat général Stéphane Lempereur avait requis 25 ans de prison. Le tribunal a tenu compte de la gravité des faits, mais aussi de l’absence d’antécédents judiciaires de Mahacine B. dans son chef.

La prévenue avait été inculpée après que son fils Mohamed, âgés de quelques semaines, avait été admis aux urgences de l’Hôpital Universitaire Des Enfants Reine Fabiola (Huderf), le 31 octobre 2012, pour insuffisance respiratoire. Le pédiatre qui avait examiné le jeune patient, admis pour la huitième fois aux urgences, s’était alors rendu compte que Mahacine B. avait perdu deux enfants ayant souffert du même mal.

Le 11 mars 2009, la petite Romaïssae, âgée de 10 mois, était décédée des suites d’un traumatisme respiratoire et cardiaque. Et, le 12 décembre 2009, son petit frère, Waed, âgé de 2 ans, était également décédé pour les mêmes raisons, dans un autre hôpital. L’enquête avait également permis de constater que la fille aînée de Mahacine B., Aya, âgée de 15 ans, avait dû se faire poser un défibrillateur à l’âge de 7 ans.

“Je ne me rendais pas compte de ce que je leur faisais”

La prévenue avait, devant le juge, expliqué les faits par une situation conjugale compliquée, émaillée de violences. “Je ne me rendais pas compte de ce que je leur faisais”, avait-elle notamment dit à l’audience. “L’hospitalisation était un moyen de fuir l’horreur de la maison. Il [mari de la prévenue] me frappait puis partait, et moi je m’en prenais aux enfants”, avait-elle expliqué.

Les experts, eux, avaient évoqué un syndrome de Münchhausen par procuration dans le chef de la prévenue, termes qui renvoient au fait qu’elle aurait maltraité volontairement ses enfants pour obtenir de l’attention sur sa propre personne. “Ce syndrome trouverait ici son origine dans un sentiment généralisé d’impuissance, amplifié par son statut de femme battue. Les hôpitaux étaient pour elle un lieu rassurant”, avaient dit les experts, parlant d’actes “pulsionnels et non-maîtrisés”.

Avec Belga – Photo : Belga