La voiture, toujours le moyen de transport préférés du public des salles de concerts bruxelloises

La commune de Forest souhaite mettre en place une zone “événement” les soirs de concerts à Forest national afin de décourager le public de venir en voiture. Au prix de 5 euros de l’heure entre 18h et minuit, la mesure peut en effet être dissuasive mais elle l’est aussi pour les personnes fréquentant les restaurants ou le club de tennis de Forest Domaine. Les salles de spectacle bruxelloises sont conscientes des nuisances qu’elles génèrent et ont mis en place des plans de mobilité plus ou moins efficaces.

A Forest, la salle de concert de 8.000 places a toujours provoqué la colère des riverains. Pendant des années, se garer dans les rues du quartier un soir de concert relevait du parcours du combattant à moins d’aimer la marche. Les plaintes des riverains arrivent régulièrement à la commune. “Cela fait des années qu’on tente de régler ce problème, explique le bourgmestre Stéphane Roberti (Ecolo). Ce n’est pas simple. Si cela l’était, nous aurions une solution depuis longtemps. C’est pour cette raison que nous avons décidé de reporter la mise en place de la zone “d’événement” au 1er janvier 2020 afin de trouver un compromis avec les riverains qui auraient des visiteurs les soirs de concert et avec les commerçants.”

La salle de Forest National n’a cependant pas attendu la commune pour mettre sur pied un plan de mobilité qui change d’un concert à l’autre. “Le public varie fortement, explique Coralie Berael, responsable de la communication de la salle. Je dirais qu’en moyenne 20% des gens viennent en transports en commun. Nous avons 2% de cyclistes et le reste vient en voiture. Nous devons aussi adapter les moyens alternatifs de mobilité en fonction de l’artiste que nous recevons. Pas besoin de sortir un bazooka pour tuer une mouche.”

Forest National organise entre 75 et 80 spectacles par an dont une petite dizaine seulement remplissent les 8.000 places. Ainsi, lors d’un spectacle d’un artiste qui attire un public très jeune, la salle de concert met en place un système de kiss and ride. Lorsque la salle est en configuration club (3.000 personnes), elle ne propose pas la possibilité de se garer dans le parking de l’usine Audi avec qui elle a un partenariat.

“48 heures avant le spectacle, nous envoyons un mail aux personnes munies d’un ticket afin qu’elles sachent quelles sont les alternatives à la voiture. Notre but est d’avoir le moins de voiture possible. Ainsi, nous proposons un système de covoiturage par exemple. Si d’autres personnes vont au même concert que vous et ont le même code postal, nous proposons de vous mettre en relation pour venir. Nous pensons que cela supprime entre 40 et 200 voitures. C’est très difficile à mesurer.”

Selon la salle, le système de l’Event Pass, à savoir un billet de transports en commun gratuit couplé avec votre ticket de concert, est un système qui fonctionne très bien tout comme le Bravo! Ticket qui lui propose un billet de train à tarif réduit. Par contre, les cyclistes se font plus rares même si un parking vélos d’une centaine de places et surveillés se situe juste à l’entrée de la salle.

Pour décourager les automobilistes de se garer juste à côté de Forest National, le groupe propose aussi un partenariat avec les restaurateurs de l’Altitude 100. “Les gens peuvent bénéficier d’un menu concert dans les établissements participants, laissent leur voiture là et font le dernier kilomètre à pied. Cela est une bonne opération pour les habitants du quartier et pour les restaurateurs qui font souvent une centaine de couverts en plus.”

Pour Forest National, la mise en place d’une zone où le stationnement serait à un tarif de 5 euros de l’heure les soirs de concert est plutôt une bonne nouvelle mais elle comprend qu’il faille trouver un compromis avec les riverains. “Peut-être peut-on réduire les heures ou tout du moins le périmètre. Cela nous arrangerait également dans le cadre de nos partenariats avec les restaurateurs.”

Des politiques différentes selon les salles

Au Palais 12, la mobilité pose moins de problèmes puisque la salle se situe en périphérie de la ville sur le plateau du Heysel et bénéficie d’un grand parking. Par contre, pour l’Ancienne Belgique, en plein piétonnier, la mobilité est évidemment un sujet de préoccupation. Environ 50% des visiteurs viennent en voiture puisque 75% habitent en dehors de Bruxelles. “Nous effectuons des enquêtes de mobilité tous les deux ans, précise Dirk  De Clippeleir, directeur générale de l’AB. La part de la voiture a diminué puisque nous étions à 67% voici 5 ans. Le piétonnier n’a pas eu d’influence. Je crois qu’il s’agit d’un changement d’habitude et puis nous incitons vraiment les gens à venir en train.”

L’AB avait mis en place un système de covoiturage sur leur site mais a préféré l’arrêter vu le peu de résultat. Par contre, elle est en discussion avec TEC et De Lijn pour mettre en place des systèmes équivalents à l’Event pass de la Stib. Elle espère aussi que le nouveau parking pour vélos de la station Bourse augmentera la part modale du vélo. “Actuellement, nous sommes à 2% car les gens ont peur de laisser leur vélo près de la salle. Ils peuvent rentrer les pliables à l’accueil mais cela ne dépasse jamais les 4 vélos pour une soirée.”

Du côté du Cirque royal, situé rue de l’Enseignement, la mobilité est également un sujet de préoccupation. La salle qui a rouvert voici bientôt un an n’a pas encore réalisé d’étude de mobilité mais est en train d’analyser la provenance des spectateurs. “Les gens viennent principalement de province, commente le gestionnaire Denis Gérardy. Nous demandons aux artistes de finir au plus tard à 22h30 pour que les spectateurs puissent encore prendre le train puisque nous sommes très proches de la gare centrale.” Par contre, la salle n’a pas conclu d’accord avec la Stib mais elle y pense, surtout que la saison 2019-2020 s’annonce assez chargée.

Vanessa LhuillierPhoto:BX1