Rue de la Loi : quand le PTB met faussement un pied dans la porte (J+9)

Le PTB est il un parti susceptible de participer au pouvoir ? Tant que le parti de Raoul Hedebouw faisait des scores anecdotiques la question était folklorique, presque incongrue. Maintenant que le PTB a multiplié son nombre de députés par 3 sur l’ensemble du royaume, qu’il pèse numériquement plus que le CDH, elle se pose vraiment.

Ces derniers jours on observe un changement de tonalité vis à vis du parti marxiste. Les discussions à la Région Wallonne avec d’un coté de la table Elio Di Rupo et Paul Magnette, et de l’autre Peter Mertens (président du PTB) Raoul Heddebouw et Germain Mugemangango (les deux porte-paroles)  ont duré deux heures, elles ont été qualifiées de “franches et constructives” par les deux partis. C’est le jour et la nuit avec ce qui s’était passé après les communales d’octobre dernier. A l’époque socialistes et ptbistes avaient lancé des discussions à Molenbeek, mais aussi à Charleroi où à Liège, à chaque fois en pure perte. Le constat de désaccord avait été flagrant. La conclusion des socialistes sans appel : l’extrême gauche n’était pas prête à faire des compromis, et  donc pas prête à participer au pouvoir.

Cette fois ci le PTB a donc pris soin de laisser quelques ouvertures et de se dire prêt à négocier. Il a mis en avant des priorités sur le logement ou les transports qui n’hérissent pas ses partenaires potentiels. Surtout l’idée qu’il  pourrait être associée aux majorités régionales a reçu un soutien appuyé du syndicat socialiste. PS-Ecolo-PTB  c’est la coalition que prône la FGTB. C’est aussi  une hypothèse de coalition qui rencontre un certain succès auprès des militants des 3 partis. Un coup de barre à gauche qui flatterait leur électorat. Du coup ni le Parti Socialiste ni le PTB ne peuvent se permettre de torpiller cette hypothèse. Ils doivent discuter, et ces discussions doivent paraître aussi sérique qu’avec tous les autres partenaires pour ne pas désespérer l’électorat de la gauche.

Au final une participation de l’extrême gauche à une majorité régionale est-elle envisageable ? La réponse vient finalement du PTB  lui-même. Quand le parti de Raul Hedebouw demande par exemple à associer le PVDA (son pendant flamand) au gouvernement bruxellois alors qu’il n’a obtenu que 4,27% et un élu dans le collège néerlandophone. Ou qu’il préconise que les régions s’affranchissent des règles européennes et s’autorisent un dérapage budgétaire. Dans les deux cas il rend les choses plus compliquées pour ses éventuels partenaires, même si une certaine créativité est toujours possible.  C’est vrai pour la Wallonie ou l’idée d’être un mauvais élève européen ne soulève pas l’enthousiasme. C’est encore plus  vrai à Bruxelles, ou il faut compter avec des partis flamands (on pense en particulier à l’Open VLD de Guy Vangenhel, ministre du budget des dernières législatures)  qui ne seront probablement pas enthousiastes à l’idée que la région qui accueille sur son territoire  les institutions européennes leur fasse une tel pied de nez.