Émeutes à Bruxelles : dix jugements à l’encontre de suspects seront rendus ce vendredi

Le tribunal correctionnel de Bruxelles rendra vendredi ses jugements à l’encontre de huit personnes poursuivies pour leur implication dans les émeutes à la Bourse à Bruxelles le 11 novembre dernier. Il rendra aussi sa décision à l’encontre de deux autres individus, poursuivis eux pour les émeutes survenues dans les quartiers Louise et Matonge à Ixelles le 25 novembre dernier.

Les dix jugement concernant les émeutiers, initialement attendus en février dernier, seront prononcés ce vendredi devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. En février, le tribunal avait pris la décision de rouvrir les débats et de joindre tous les dossiers. Il considérait en effet que des éléments qui apportent un éclairage global sur les faits devaient être accessibles à l’ensemble des défenses.

2 ans de prison requis pour Benlabel

Le parquet, lui, avait confirmé ses réquisitions de peines de 24 à 40 mois de prison à l’encontre des prévenus, dont plusieurs mineurs, qui doivent répondre de rébellion, dégradations de biens mobiliers, jets de projectiles, vols ainsi que coups et blessures envers des policiers. Parmi ceux-ci se trouve Jilani D., alias Benlabel, prévenu de menace et contre lequel 2 ans de prison sont requis pour son rôle présumé d’instigateur. Il lui est reproché d’avoir posté un message sur Facebook la veille des émeutes, appelant à “tout cramer à Lemonnier“. L’artiste de 32 ans a contesté et a plaidé l’acquittement, appelant le président du tribunal à “ne pas céder à la pression médiatique“. “C’est incompréhensible, on me met dans le même sac (que les jeunes qui ont commis des dégradations) alors que mon message ne comportait aucune intention (de violence) et que je n’étais pas sur place. C’était purement footballistique“, avait-il déclaré à la sortie de l’audience.

Des images contestées

Parmi les autres prévenus, certains ont contesté les images de vidéo-surveillance sur la base desquelles ils ont été arrêtés, un prévenu allant jusqu’à montrer au président sur son GSM des images issues du réseau social Snapchat pour démontrer que les vêtements qu’il portait le jour des faits ne correspondaient pas aux éléments du dossier.

Mais la majorité des suspects a reconnu une partie des faits reprochés et sollicité une suspension du prononcé ou une peine de travail. Ils disent s’être laissés entraîner par la foule et ont fait part de leurs regrets. Du côté de la partie civile, la zone de police de Bruxelles-Capitale/Ixelles, l’Etat belge, la ville de Bruxelles, des entreprises victimes de dégradations, la STIB et des ASBL représentant les commerçants du centre-ville, ont réclamé des dommages de dizaines de milliers d’euros.

Effet de groupe

Les avocats de ces associations ont souligné la “motivation des assaillants exacerbée” par le fait qu’ils ont agi en groupe. Ils ont insisté sur les dommages matériels très importants ainsi que sur le préjudice en terme d’image pour le centre de la capitale et ses commerçants. Selon le conseil de la STIB, le “chaos généralisé” qui a prévalu le soir des faits a entraîné des perturbations très importantes du service. Le président du tribunal s’est néanmoins montré sceptique quant à l’argumentaire selon lequel le préjudice de la société de transport devait être imputé solidairement aux prévenus, soulignant que certaines personnes n’étaient pas poursuivies pour rébellion mais uniquement pour un vol spécifique ou une dégradation de panneau de signalisation. L’effet de groupe n’est pas une infraction pénale, a-t-il résumé. Les avocats de la défense ont aussi rappelé les erreurs en matière de gestion commises par la hiérarchie de la police et la Ville, ce qui avait été reconnu publiquement et dénoncé par plusieurs agents eux-mêmes lors de leur audition.

Belga 

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20 avril 2018 - 06h53
Modifié le 20 avril 2018 - 06h56